>

ILS EPROUVERENT UNE TRES GRANDE JOIE

  • PAROISSE DE MARTIGUES
  • HOMELIES

Joie de l'Evangile

 

Epiphanie 2014

Lorsque l’étoile qui précédait les mages s’arrêta au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant, ceux-ci éprouvèrent une très grande joie. La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ, la joie naît et renaît toujours. (1) Voilà comment commence le pape François dans son exhortation, la joie de l’Evangile.

 

Les mages sont étrangers au peuple juif. Ils n’ont pas les Ecritures, une étoile les conduit. Ils viennent s’informer à Jérusalem du lieu de la naissance du Messie. Les mages dans l’Evangile selon Matthieu sont, dès la naissance de Jésus, tous les étrangers qui viennent adorer l’enfant, reconnaître le Roi des Rois, se remettre à lui. La tradition des trois rois de couleur différente n’est pas dans l’Evangile, mais est cohérente avec lui. Car cette joie de l’Evangile est pour tous, pour toutes les nations. Le pape François écrit : 23. Fidèle au modèle du maître, il est vital qu’aujourd’hui l’Église sorte pour annoncer l’Évangile à tous, en tous lieux, en toutes occasions, sans hésitation, sans répulsion et sans peur. La joie de l’Évangile est pour tout le peuple, personne ne peut en être exclu. C’est ainsi que l’ange l’annonce aux pasteurs de Bethléem : « Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie qui sera celle de tout le peuple » (Lc 2, 10).

 

Je vais vous parler de cette exhortation du pape François Evangelii Gaudium. Ce pape vient du nouveau monde, avec un catholicisme confronté à un mouvement évangélique très fort, et peut-être moins que chez nous, au sécularisme et à l’athéisme. Il n’a pas honte d’être chrétien, catholique, et nous invite à la même attitude : annoncer l’Évangile à tous, en tous lieux, en toutes occasions, sans hésitation, sans répulsion et sans peur.

 

Professeur de théologie pastorale, homme pratique, il emploie plusieurs fois des expressions comme : Dans le monde d’aujourd’hui, il convient d’être réalistes. Jean-Paul II était philosophe, a fait une thèse de théologie sur le mystique du Carmel Jean de la Croix. Benoît XVI était théologien, spécialiste des Pères de l’Eglise et de liturgie. Ici, nous avons un professeur de théologie pastorale. Le côté pratique est là, et cela en est étonnant.

 

Cette exhortation est son véritable premier écrit, qu’il annonce, dès le premier paragraphe, programmatique : je désire m’adresser aux fidèles chrétiens, pour les inviter à une nouvelle étape évangélisatrice marquée par cette joie et indiquer des voies pour la marche de l’Église dans les prochaines années.

 

Dans son introduction, le pape François dit le risque de tristesse du monde d’aujourd’hui : 2. Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée. Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus. Même les croyants courent ce risque, certain et permanent. Beaucoup y succombent et se transforment en personnes vexées, mécontentes, sans vie. Ce n’est pas le choix d’une vie digne et pleine, ce n’est pas le désir de Dieu pour nous, ce n’est pas la vie dans l’Esprit qui jaillit du cœur du Christ ressuscité.

 

3. J’invite chaque chrétien, en quelque lieu et situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui, parce que « personne n’est exclus de la joie que nous apporte le Seigneur ». 8. Là se trouve la source de l’action évangélisatrice. Parce que, si quelqu’un a accueilli cet amour qui lui redonne le sens de la vie, comment peut-il retenir le désir de le communiquer aux autres ?

 

Et le pape nous propose de vivre à un niveau supérieur, et pas pour autant avec une intensité moindre 10. « La vie augmente quand elle est donnée et elle s’affaiblit dans l’isolement et l’aisance. De fait, ceux qui tirent le plus de profit de la vie sont ceux qui mettent la sécurité de côté et se passionnent pour la mission de communiquer la vie aux autres ».

 

Sans mettre de côté la pastorale ordinaire orientée « vers la croissance des croyants », ni le domaine des « personnes baptisées qui ne font plus l’expérience de la consolation de la foi », 14. L’évangélisation est essentiellement liée à la proclamation de l’Évangile à ceux qui ne connaissent pas Jésus Christ ou l’ont toujours refusé. Beaucoup d’entre eux cherchent Dieu secrètement, poussés par la nostalgie de son visage, même dans les pays d’ancienne tradition chrétienne. Tous ont le droit de recevoir l’Évangile. Les chrétiens ont le devoir de l’annoncer sans exclure personne, non pas comme quelqu’un qui impose un nouveau devoir, mais bien comme quelqu’un qui partage une joie, qui indique un bel horizon, qui offre un banquet désirable. L’Église ne grandit pas par prosélytisme mais « par attraction ».

 

15. Dans cette ligne, les évêques latino-américains ont affirmé que « nous ne pouvons plus rester impassibles, dans une attente passive, à l’intérieur de nos églises », et qu’il est nécessaire de passer « d’une pastorale de simple conservation à une pastorale vraiment missionnaire ». Cette tâche continue d’être la source des plus grandes joies pour l’Église.

 

Nous venons de fêter Noël, le Fils de Dieu qui sort du sein du Père pour rejoindre les hommes. Au début de sa vie publique, Jésus répond à Pierre qui lui a dit « tout le monde te cherche » : « allons ailleurs dans les bourgs voisins, car c’est pour cela que je suis sorti. » Le pape François demande que l’Eglise soit en sortie : Aujourd’hui, nous sommes tous appelés à cette nouvelle “sortie” missionnaire. Tout chrétien et toute communauté discernera quel est le chemin que le Seigneur demande, mais nous sommes tous invités à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Évangile. (20)

 

Le pape emploie le mot disciple jamais seul, toujours associé à missionnaire avec un trait d’union entre les deux, et demande d’offrir la miséricorde : 24. L’Église “en sortie” est la communauté des disciples-missionnaires qui prennent l’initiative, qui s’impliquent, qui accompagnent, qui fructifient et qui fêtent. (…). Pour avoir expérimenté la miséricorde du Père et sa force de diffusion, elle vit un désir inépuisable d’offrir la miséricorde. Osons un peu plus prendre l’initiative !

 

Le pape François demande une conversion pastorale et missionnaire de tous : 25. Constituons-nous dans toutes les régions de la terre en un « état permanent de mission ». Sont concernés la paroisse (28) ; Les autres institutions ecclésiales, communautés de base, mouvements et autres formes d’associations, (29) ; chaque diocèse (30) ; la papauté (32). 33. J’exhorte chacun à appliquer avec générosité et courage les orientations de ce document, sans interdictions ni peurs. L’important est de ne pas marcher seul, mais de toujours compter sur les frères et spécialement sur la conduite des évêques, dans un sage et réaliste discernement pastoral.

 

Le pape en vient à la façon de communiquer le message. 35. Quand on assume un objectif pastoral et un style missionnaire, qui réellement arrivent à tous sans exceptions ni exclusions, l’annonce se concentre sur l’essentiel, sur ce qui est plus beau, plus grand, plus attirant et en même temps plus nécessaire. La proposition se simplifie, sans perdre pour cela profondeur et vérité, et devient ainsi plus convaincante et plus lumineuse. 39. L’Évangile invite avant tout à répondre au Dieu qui nous aime et qui nous sauve, le reconnaissant dans les autres et sortant de nous-mêmes pour chercher le bien de tous. Cette invitation n’est obscurcie en aucune circonstance !

 

Le pape termine le premier chapitre ainsi : 46. L’Église “en sortie” est une Église aux portes ouvertes. 48. Aujourd’hui et toujours, « les pauvres sont les destinataires privilégiés de l’Évangile », et l’évangélisation, adressée gratuitement à eux, est le signe du Royaume que Jésus est venu apporter. Il faut affirmer sans détour qu’il existe un lien inséparable entre notre foi et les pauvres. Ne les laissons jamais seuls.

 

49. Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. Je répète ici pour toute l’Église ce que j’ai dit de nombreuses fois aux prêtres et laïcs de Buenos Aires : je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures. Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie. Plus que la peur de se tromper j’espère que nous anime la peur de nous renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée, et Jésus qui nous répète sans arrêt : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mc 6, 37).

 

 

Benoît Delabre    

@paroissemartig © 2010 -  Hébergé par Overblog