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MEDITATION SUR LA JOURNEE MONDIALE DES MIGRANTS

  • PAROISSE DE MARTIGUES

 

Migrants 

La réalité migratoire

 

La quasi-totalité des régions du monde est concernée par des flux migratoires. Ce phénomène qui est de tous les temps reste incontournable.

 

Aujourd’hui, il concerne la planète entière qui se présente comme un grand village... On constate que les progrès de la mondialisation (moyens de transport, économie du passage, développement des multimédias et de l’information, généralisation de la détention des passeports, des réseaux transnationaux économiques, culturels, matrimoniaux et religieux) facilitent la mobilité des hommes sur notre planète au point qu’à l’heure actuelle, on estime à plus ou moins 200 millions les migrants toutes catégories confondues, qui représentent 3% de la population mondiale estimée à 6 milliards d’habitants.

 

Le mouvement de population le plus important au monde aujourd’hui est le passage des mexicains vers les Etats-Unis. La migration à l’intérieur de l’Asie et dans l’Amérique latine est aussi en forte croissance. Quant à l’Europe des 27 qui compte 500 millions d’habitants dont plus de 25 millions d’étrangers (soit 5%), elle est devenue, depuis les années 1980, l’une des premières terres d’immigration du monde, la situation étant très contrastée suivant les pays. En France, 8,5% de la population est immigrée.

 

Les migrants aujourd’hui sont au départ touristes, migrants économiques ou demandeurs d’asile. Les autres raisons qui justifient les déplacements de populations sont les crises politiques, les conflits armés, les bouleversements climatiques qui entraînent sécheresse et appauvrissement des sols.

 

Benoît XVI

 

Benoît XVI dans son message pour la journée mondiale des migrants rappelle la pensée de l’Eglise sur ce point : le droit de la personne à émigrer – cf. le concile Vatican II Gaudium et Spes n°65 –inscrit au nombre des droits humains fondamentaux.

 

Dans le contexte sociopolitique actuel, cependant, avant même le droit d’émigrer, il faut réaffirmer le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire d’être en condition de demeurer sur sa propre terre, répétant avec le Bienheureux Jean-Paul II que « le droit primordial de l’homme est de vivre dans sa patrie : droit qui ne devient toutefois effectif que si l’on tient constamment sous contrôle les facteurs qui poussent à l’émigration » (Discours au IVe Congrès mondial des Migrations, 1998).

 

En même temps, chaque Etat a le droit de réguler les flux migratoires et de mettre en œuvre des politiques dictées par les exigences générales du bien commun, mais toujours en garantissant le respect de la dignité de chaque personne humaine.

 

Bible

 

Au lévitique 19, 33-34 : « tu ne maltraiteras pas l’étranger qui est chez toi. Il sera pour vous comme un compatriote et tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers au pays d’Egypte. »

 

Jean-Pierre CAVALLIE, pasteur de la CIMADE, association qui œuvre envers les étrangers, montrait hier l’inversion dans cet extrait de la Parole de Dieu : l’étranger est comme nous, et nous sommes comme un étranger. Et chacun de nous sommes le fruit de migrations plus ou moins anciennes. Ainsi nous avons tous été étrangers.

 

Jésus lui-même, tout petit enfant, est un réfugié politique : ses parents ont fui la colère d’Hérode pour se réfugier en Egypte. Et Jésus sera un condamné politique : « le Roi des juifs ».

 

Théologie

 

Benoît XVI a titré son message pour cette journée ainsi : « migrations, pèlerinage de foi et d’espérance ».

 

La foi et l’espérance nous font sortir de chez nous, de nos somnolences, de nos habitudes, de nos enfermements. Il s’agit de sortir, nous mettre en marche, nous « déplacer » pour découvrir ceux que nous n’attendions pas. Et pour, avec eux, aller à la rencontre du Christ. Cela nous est révélé, en fait, par les migrants. C’est bien cela qu’ils ont vécu et qu’ils vivent. Ils sont partis, ils ont répondu à un appel intérieur, dans l’élan d’une foi et d’une espérance pour eux et leurs familles.

 

Ils nous révèlent quelque chose de fondamental au sujet de l’Eglise : être chrétien, être du Christ, c’est entendre cet appel à sortir de chez soi, à sortir de soi, pour se mettre en marche, en pèlerinage. Comme Abraham. La lettre aux Hébreux (chapitres 11 à 13) nous parle justement d’Abraham : « Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays qui devait lui être donné en héritage. Et il partit sans savoir où il allait.

 

Grâce à la foi, il vint séjourner comme étranger dans la terre promise. C’est dans un campement qu’il vivait. » (Heb 11, 8-9) L’itinéraire d’Abraham est une parabole de celui de beaucoup de migrants ? En entrant en contact avec eux, en les écoutant nous raconter leur pèlerinage, nous pourrons puiser à la source de leur foi et de leur espérance, pour irriguer notre propre foi et notre espérance.

 

Témoignage

 

La déléguée de la pastorale des migrants dans le diocèse de Rennes témoigne en ce sens : « ma mission auprès des migrants a fait voler en éclats toutes mes certitudes, mes préjugés à leur égard, bousculant ma foi de « catholique pratiquante », issue d’un milieu privilégié. Cette « migration spirituelle » soudaine m’a révélé la richesse et l’exigence de l’Evangile : aimer ceux que je n’ai pas choisis spontané- ment, ceux qui me dérangent car très différents de moi, ceux qui me questionnent sur mes choix de vie, sur ma foi, ceux qui m’amènent à être en rupture avec mon milieu d’origine, à m’engager au nom du Christ. (…) Ces découvertes, ces relations, ces partages avec les migrants rendent palpable, la présence aimante et exigeante de Dieu dans ma vie, me révélant que chaque exilé est un lieu sacré dans lequel je peux Le rencontrer.

 

Conclusion

 

Un texte chrétien du IIe siècle, l’épitre à Diognète, décrit ainsi la vie des chrétiens : « Ils résident chacun dans sa propre patrie, mais comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie et toute patrie une terre étrangère. »

 

Nous sommes invités à la même conversion : ce ne sont pas seulement les migrants qui sont en « pèlerinage », mais chaque chrétien ; ceux qui veulent « suivre le Christ » sont invités à « se considérer comme de passage dans ce monde, car «nous n’avons pas ici-bas de cité permanente » (He 13,14). Le croyant est toujours un résident temporaire, un hôte, où qu’il se trouve (cf. 1 P 1,1 ; 2,11 ; Jn 17,14-16).

 

Certains parmi nous vont au contact des étrangers dans les foyers de Martigues et Port-de-Bouc, qui ont une capacité de 120 places, pour personnes seules ou familles.

 

Ayons conscience de cette réalité chez nous, et recevons la comme un appel.

 

Benoît Delabre

 

Sources : le site du service national de la pastorale des migrants : http://migrations.catholique.fr/index.php?ID=1055245

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