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MESSAGE DE MGR DUFOUR AUX MARTEGAUX

  • PAROISSE DE MARTIGUES

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Je me permets de vous adresser le texte de mon homélie de dimanche dernier.

 

Un grand merci à tous les paroissiens pour leur accueil et leur ferveur.

 

J’ai vécu un merveilleux dimanche.

 

Bien uni à vous dans la prière à Notre Dame de l’Assomption.

 

Mgr Dufour

 


Homélie de Mgr Christophe DUFOUR

Paroisse de Martigues les 9 et 10 août 2014

19ème dimanche ordinaire année A

 

Frères et sœurs, vous arrive-t-il d’avoir peur ? Oui, avouons-le, nous sommes habités par des peurs. Peur pour ses enfants, son conjoint, sa famille. Peur pour sa santé, peur à l’approche d’une grave opération. Peur de perdre son travail… Toutes ces peurs qui marquent notre vie quotidienne. Mais je voudrais vous parler aujourd’hui d’une peur qui monte et que beaucoup me confient ces jours-ci : la peur de l’islam.

 

Comme vous tous j’ai été bouleversé par les évènements qui touchent les chrétiens du nord de l’Irak à Mossoul et à Qaraqosh, deux villes que j’ai eu l’occasion de visiter jadis à deux reprises. Mossoul vidée de sa population chrétienne : 100 000 chrétiens y vivaient en paix il y a 20 ans. Qaraqosh, jadis un village, aujourd’hui une ville ayant accueilli des dizaines de milliers de réfugiés chrétiens, fuyant les violences. Le mercredi 6 août, jour de la fête de la Transfiguration, grande fête en Orient, nous étions invités à une journée de prière pour les chrétiens d’Irak ; et dans la nuit du 6 au 7 août, les djihadistes entraient à Qaraqosh et en chassaient les habitants, tous chrétiens. Notre prière aura-t-elle été vaine ? Dieu est-il sourd à nos appels ? Comme vous, j’avais été marqué aussi par la prière du pape François qui avait rassemblé autour de lui les présidents de Palestine et d’Israël, Mahmoud Abbas et Simon Pérés ; c’était le dimanche 8 juin, jour de la Pentecôte, dans les jardins du Vatican. Et peu de temps après, des extrémistes mettaient le feu aux poudres et réveillaient la guerre en Terre Sainte. Oui, voilà bien des raisons d’avoir peur.

 

Pourtant la peur n’est pas chrétienne. Comment la Parole de Dieu pourra-t-elle nous guérir de la peur ? Celle que nous avons proclamée en ce dimanche  nous dit comment elle a guéri de leur peur le prophète Elie, les apôtres, et plus particulièrement l’apôtre Pierre.

 

Le prophète Elie a peur. Le roi Achab et la reine Jézabel cherchent à le tuer. Elie s’est réfugié dans une caverne, il appelle Dieu.

La barque des apôtres est prise dans la tempête - la barque de la jeune Eglise en butte aux oppositions et aux persécutions ! Mais ce n’est pas de la tempête que les apôtres ont peur, c’est leur métier, ils en ont vu d’autres ! Ils ont peur d’un fantôme, dit le récit. Dans la tempête, Jésus n’est plus reconnu, c’est la foi qui chavire, dans une totale confusion ; n’est-ce pas l’ultime ruse du démon de transformer en méfiance ce qui devrait être le roc de la confiance. Les apôtres ont peur, et la peur se fait prière : ils crient.

 

L’apôtre Pierre a peur. Le Maître s’est fait reconnaître. Pierre fonce vers lui en marchant sur la mer. Pris par la peur, il coule. Il crie. Nous nous reconnaissons bien dans ce cri de Pierre pris par la peur, et nous faisons nôtre sa prière : « Seigneur, sauve-moi ».

 

Comment la peur sera-t-elle guérie ?

 

Elie est guéri de sa peur par la douce présence de Dieu qui se manifeste, non par des manifestations extraordinaire, mais dans le fin silence d’une brise légère. Et Elie repart, confiant en la présence de Dieu à ses côtés.

 

Les apôtres sont guéris de la peur par la parole du Christ qui vient à eux et leur dit : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ».Pierre est guéri de la peur par la main du Christ Jésus. Il a ce privilège que le Christ vient à lui et lui prend la main pour le relever.

 

Aujourd’hui encore, le Christ vivant a le pouvoir de nous guérir de la peur. Par sa douce présence de ressuscité à nos côtés. Par sa Parole qui se fait entendre, toujours actuelle : « Confiance, n’ayez pas peur ». Et par la main qu’il nous tend à tout instant pour nous relever, nous ressusciter.

Revenons à nos peurs. Oui, nous avons aujourd’hui des raisons d’avoir peur. Mais la peur est mauvaise conseillère. Elle pourrait nous entraîner à la violence et à la colère. Mais la violence n’est pas plus chrétienne que la peur. Je me rappelle les confidences de cet évêque africain dont les grands-parents paternels étaient musulmans. Il s’efforçait d’entretenir l’amitié avec les imams et favoriser la paix avec les musulmans. Et pourtant il sait que la violence n’est pas incompatible avec l’islam alors qu’elle l’est totalement avec la foi chrétienne. « Que ferais-je si les chrétiens attaqués prenaient les armes contre les musulmans ? » Il prêcherait la non-violence que lui enseigne le Christ dans l’Evangile.

 

A quoi nous invite aujourd’hui le Christ qui nous guérit de la peur ?

 

1-      Le Christ nous invite à fortifier et nourrir notre foi en lui. La peur pourrait nous faire douter. Mais en mettant notre foi à l’épreuve, Dieu veut au contraire la raviver. N’est-ce pas le plan de Dieu ! Comme Elie, par une prière plus intense et plus fervente, nous remplir de la présence amoureuse et miséricordieuse de Dieu. En ouvrant le livre des Ecritures, nous mettre chaque jour à l’écoute de la Parole de Dieu. Comment voulez-vous que votre foi soit forte si vous ne la nourrissez pas ? Et devant l’islam, nous devons apprendre à témoigner de ce qui fait la beauté et la force de notre foi, apprendre les mots pour dire la foi.

 

2-      Mais l’ultime témoignage auprès des musulmans est celui de l’amour. Le Christ nous appelle à raviver l’amour, en nous et entre nous. Raviver l’amour au sein de nos communautés chrétiennes. Pourrons-nous dire des catholiques de Martigues : « Voyez comme ils s’aiment ». Seul l’amour peut toucher les cœurs. Le Christ nous appelle à aimer. C’est par l’amour qu’il s’est manifesté et donné aux hommes. C’est par l’amour qu’il se donnera aujourd’hui encore aux musulmans. Oui, le Christ nous appelle à aimer. A aimer les musulmans qui vivent à nos côtés. C’est ainsi que le Christ se donnera aujourd’hui à eux.

 

N’ayez pas peur. Soyez fiers d’être des chrétiens. En cette eucharistie, nous demandons pour nous-mêmes la grâce d’être fortifiés dans la foi en Jésus et la grâce de savoir aimer comme lui. « La prière n’est pas vaine, dit le pape François, elle nous aide à ne pas nous laisser vaincre par le mal, ni à nous résigner à ce que la violence et la haine ne prennent le dessus sur le dialogue et la réconciliation » (Angelus du 13 juillet 2014).

 

Je fais le vœu que ce vendredi, en la fête de l’Assomption, autour de la Vierge Marie qui prie dans le ciel et en communion avec les chrétiens d’Irak, nos églises débordent de fidèles remplis d’une immense ferveur dans la prière et fiers de leur foi chrétienne. Ceci serait une grande consolation, et la meilleure des armes contre la peur. AMEN. 

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