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QUE NOTRE JOIE SOIT PROFONDE !

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Joie de l'Evangile

 

Ce troisième dimanche de l’Avent marque le milieu de ce temps qui nous mène à Noël. Nous poursuivons notre cheminement en compagnie  du prophète Isaïe et de Jean-Baptiste. Ce dimanche est celui de « Gaudete », de la joie, et il prend un relief tout particulier alors que notre pape François vient de publier, pour conclure l’année de la foi, sa première exhortation apostolique dont le titre est « Evangelii gaudium » : la joie de l’Evangile.

 

Le contenu de nos textes ne nous porterait pas spontanément à cette joie, le vieux prophète Isaïe parle au peuple d’Israël découragé, en exil à Babylone et Jean-Baptiste est retenu prisonnier par Hérode dans la sinistre forteresse de Macheronte, au pays de Moab. Mais c’est justement  en s’appuyant sur ces cas extrêmes que Jésus va pouvoir montrer jusqu’où va l’amour de Dieu.

 

Jean Baptiste est en prison et ses disciples  lui rapportent les actes de Jésus qui s’est retiré  en Galilée après l’arrestation de Jean Baptiste. Ils lui disent :  Jésus est un prophète vagabond, il a pris des disciples peu recommandables, de simples pécheurs sur le lac de Galilée et même un zelote, il mange, il boit même avec les pêcheurs et les publicains et se laisse approcher par les estropiés, les lépreux, les aveugles…

 

Jean Baptiste, l’ascète du désert, celui qui faisait venir à lui des foules et les ramenait sur le droit chemin par sa prédication musclée, « engeance de vipères … la cognée est déjà au pied de l’arbre », est en proie au doute. Est-ce bien le messie, le descendant de David, celui qui vient remettre toute chose en place,  celui que j’ai désigné comme l’agneau de Dieu ? Mais la beauté du personnage de Jean se trouve dans cette simplicité et cette clairvoyance qui lui font envoyer ses disciples en messagers auprès de Jésus plutôt que d’écouter leurs critiques et leurs élucubrations. La question que les disciples ont à transmettre est simple et sans ambiguïté : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »

 

La réponse de Jésus n’est pas un plaidoyer ni une démonstration, simplement, il invite le prédicateur enflammé, que nous avons entendu dans le texte de dimanche dernier, à se convertir et pour cela à revisiter les écritures (comme il se sert des écritures pour contrer la parole du démon dans le désert). Jésus, pédagogue, renvoie Jean Baptiste à ses propres références ; le questionneur doit trouver lui-même la réponse dans son cœur là où la Parole de Dieu résonne. Pour cela, Jésus  reprend exactement les mots du prophète Isaïe pour redonner courage au peuple déporté mais en utilisant le présent au lieu du futur, « les aveugles voient, les sourds entendent, les boiteux marchent » et il rajoute « les lépreux sont purifiés et les morts ressuscitent : heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ». Jésus invite Jean Baptiste à découvrir le vrai visage de Dieu dont la puissance  ne se trouve pas dans des démonstrations de force mais dans l’amour  pour les frères, les plus blessés, les plus délaissés, dans l’humilité et la faiblesse de son Fils.

 

Cette conversion que Jésus demande à Jean Baptiste, c’est celle qu’il nous adresse aussi aujourd’hui 2000 après,  pour que nous connaissions la joie et que notre joie soit parfaite » comme dit Saint Jean. Car, nous aussi, nous avons tendance  à nous laisser  enfermer dans une certaine défiance vis-à-vis de Dieu et de Jésus. Dieu ne correspond pas à mes souhaits, il n’intervient pas pour rétablir la paix, il laisse mettre ses prophètes en prison, il ne guérit pas les malades,  il  ne répond pas à mes prières.

 

Face à cette suspicion qui conduit à la morosité et à la désespérance, à l’enfermement sur soi, notre pape  invite, dans son exhortation, à une Eglise  qu’il appelle « en sortie » ; il s’appuie pour cela  sur des passages très connus du Nouveau Testament.

 

« La joie de l’Évangile qui remplit la vie de la communauté des disciples est une joie missionnaire. Les soixante-dix disciples en font l’expérience, eux qui reviennent de la mission pleins de joie (cf. Lc 10, 17). Jésus la vit, lui qui exulte de joie dans l’Esprit Saint et loue le Père parce que sa révélation rejoint les pauvres et les plus petits (cf. Lc 10, 21). Les premiers qui se convertissent la ressentent, remplis d’admiration, en écoutant la prédication des Apôtres « chacun dans sa propre langue » (Ac 2, 6) à la Pentecôte. Cette joie est un signe que l’Évangile a été annoncé et donne du fruit. Mais elle a toujours la dynamique de l’exode et du don, du fait de sortir de soi, de marcher et de semer toujours de nouveau, toujours plus loin. Le Seigneur dit : « Allons ailleurs, dans les bourgs voisins, afin que j’y prêche aussi, car c’est pour cela que je suis sorti » (Mc 1, 38). Quand la semence a été semée en un lieu, il ne s’attarde pas là pour expliquer davantage ou pour faire d’autres signes, au contraire l’Esprit le conduit à partir vers d’autres villages… »

 

Cette semaine, un hommage universel a été rendu à Nelson Mandela qui nous a quittés. Comment cet homme de couleur  a-t-il acquis une telle notoriété internationale dans un pays frappé par l’apartheid ? Il a su gardé une foi, une espérance indéfectible dans la conversion possible de tout homme créé l’image de Dieu. Cette lumière, Madiba la traduisait dans ce sourire qui ne le quittait jamais et qui est maintenant passé à la postérité.

 

A sa suite, dans ce temps de l’Avent, ayons le souffle long,  ne précipitons pas la moisson ; que notre foi soit à l’épreuve du temps et que notre joie soit  profonde.

 

Pierre Laurent

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