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VIVRE D'AMOUR

  • PAROISSE DE MARTIGUES
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sainte-Therese-de-Lisieux

 

Lisieux cette semaine, très belle scène lors d’une veillée de prière : deux ou trois lycéens, se soutenant les uns les autres pour porter, devant une petite statue de l’Enfant Jésus les intentions de prières des uns et des autres. Très beau moment spirituel, mais aussi humain, une fraternité ; être là pour les autres qui portent quelque chose, être amour pour mon frère qui dit sa prière, sa confiance, son amour à Dieu… une belle image de notre Evangile.

 

Amour des autres, amour de Dieu. C’est la dimension verticale et horizontale de l’amour humain (« si quelqu’un dit « j’aime Dieu » alors qu’il a de la haine contre son frère c’est un menteur ») : il y a aussi dimension de vérité profonde dans l’amour, comme la troisième dimension de l’amour.

 

Difficulté aujourd’hui de vivre et de dire la vérité (sur soi-même (cf. sacrement de réconciliation), sur les autres (comment aider l’autre ? comment le corriger fraternellement, dans la vérité, mais aussi dans l’amour ?), sur Dieu (est-ce que je crois en ce Dieu que je dis dans le Credo ou bien s’agit-il de fausses images ?).

 

Le récent synode sur la famille a brassé des questions sur la loi de l’Eglise, sur la reconnaissance de telles ou telles personnes, sur le lien ou l’absence de lien entre les situations familiales actuelles et l’Eglise. Beaucoup de choses ont été dites sur ce sujet. Que ressort-il vraiment de ce synode, alors que la réflexion va se poursuivre encore une année ?

 

Le pape François a énuméré des grandes tentations qui pouvaient menacer les Pères synodaux dans leurs travaux. J’en retiens trois, ce sont les mêmes qui peuvent nous menacer lorsque nous analysons les conclusions du synode.

 

Première tentation: « La tentation du raidissement hostile, c’est-à-dire de vouloir s’enfermer dans la lettre (…), à l’intérieur de la loi. C’est la tentation des zélotes, des « traditionalistes » ». Absence de miséricorde, justice aveuglée par la Loi au lieu d’être éclairée par l’Esprit.

 

Deuxième tentation: « La tentation d’un angélisme destructeur, qui met un pansement sur les blessures sans d’abord les soigner, qui traite les symptômes et non les causes et les racines, au nom d’une  miséricorde traîtresse C’est la tentation des progressistes. » La miséricorde sans la justice, or sans la justice, nous manquons d’amour, de ce que je dois à l’autre, en vérité.

 

Troisième tentation: « La tentation de transformer la pierre en pain et aussi de transformer le pain en pierre et la jeter contre les pécheurs, les faibles, les malades, c’est-à-dire de les transformer en un fardeau insupportable » = Mensonge. Tromper les hommes par de beaux discours, qui flattent les sentiments au détriment de la réflexion.

 

Différence entre vérité et sincérité : « Nous baignons dans le règne de la sincérité, elle est souvent le seul et unique critère pour déclarer que ce que nous faisons est bien : « si c’est sincère »… je ne peux me satisfaire du seul critère : « moi, je » » (Père Pierre-Hervé Grosjean). Par exemple en disant « L’Eglise dit que, mais moi je pense que… » Bien sûr, on est libre de penser, mais pour autant, notre foi chrétienne nous invite d’abord à écouter « Ecoute Israël ». Ecouter la voix du Christ qui nous dit « si tu savais le don de Dieu », et la voix de l’Eglise qui est comme le porte parole du Christ aujourd’hui. Là encore, cela n’empêche pas les débats, bien au contraire, mais il y a aussi, dans la vie chrétienne, une invitation à faire confiance à d’autres. Là où nous aimerions tout faire par nous-mêmes, Dieu nous rappelle que nous sommes invités à l’Amour, et donc à la relation à l’autre, l’autre humain comme l’Autre divin et cette relation puise sa force dans la confiance (dans la foi quand il s’agit de l’amour envers Dieu).

 

Sainte Thérèse, apôtre de la confiance en Dieu et de l’amour. Elle parle de vivre d’amour. Elle disait : « j’ai choisi l’amour du Seigneur dans chaque chose ordinaire, alors je mettrai tant de cœur à les rendre extraordinaires ».  

Que chaque chose qui se passe dans ma vie soit l’occasion pour moi de mieux aimer, y compris dans la contrariété, dans la souffrance, dans les difficultés. Faire en sorte que ce qui m’apparaît comme une contrainte devienne l’occasion d’une grâce (exemple du bus à Colleville-sur-mer pendant le pèlerinage). Vais-je ruminer cela toute la soirée ou profiter de cette situation pour vivre autre chose ? Trouver dans nos vies non pas des occasions de grâce, de faire des imprévus le lieu d’un amour. Transformer aussi les difficultés que je rencontre avec telle ou telle personne pour aller au-delà de ces difficultés : par exemple exercer ma patience, être plus attentif à ce que l’autre vit.

 

Une autre dimension de ce que Sainte Thérèse de Lisieux appelle « vivre d’amour » de vivre d’amour avec mon histoire, avec mes cicatrices, ne pas faire comme si rien ne s’était passé. Comme le Christ ressuscité portait les cicatrices de la Croix, vivre d’amour pour Dieu et pour les hommes avec ce que je suis.

 

Par exemple, pour Thérèse, ce furent les blessures de la mort de sa mère à 4 ans, sa grave maladie nerveuse dans l’enfance, ses contrariétés de petite fille, ses souffrances dans la prière, etc.

 

Lutter contre la tentation de dire « ce n’est pas grave, ce n’est rien » ; ne pas se rêver sans blessures. Au contraire, demander à Dieu de les cicatriser et ainsi d’en faire des lieux de guérisons et non plus de souffrance.

 

La promesse d’amour de Dieu, elle n’est pas pour demain, mais pour aujourd’hui. Nous avons en nous un immense désir d’amour, mais sans la force de Dieu, nous n’arriverons pas à aimer comme il faut. Je le redis encore et encore : appuyons nous sur la force de Dieu, dans sa Parole, dans son Eucharistie, appuyons-nous les uns sur les autres car nous pouvons être des signes efficaces d’amour les uns pour les autres. Appuyons nous sur la force des saints. Demandons, demandez la force d’aimer à Sainte Thérèse de Lisieux. Elle a dit : « Aimer c’est tout donner, et se donner soi-même. »
 
Qu’elle nous aide à vivre d’amour.
 
Père Thomas Poussier

 

J'ai choisi l'Amour du Seigneur dans chaque chose ordinaire,
Alors je mettrai tant de cœur à les rendre extraordinaires.

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