FETE DE LA SAINTE MARIE-MADELEINE A SAINT MAXIMIN : LES MARTEGAUX ETAIENT PRESENTS
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(Photos : Henriette Bernex)
Le Dimanche 28 juillet, Saint-Maximin a honoré Marie-Madeleine au cours d'une grande journée de fête. Chaque paroisse était invitée à apporter ce jour-là une statue, une bannière ou un reliquaire, portés en procession durant cette journée de pèlerinage.
Les Saints évangélisateurs de la Provence se sont retrouvés autour de l'Apôtre des Apôtres qui était entourée à cette occasion des reliquaires de saint Lazare, sainte Marthe, saint Maximin et des saintes Maries de la Mer.
La grande procession a réuni nos Saints de Provence.
C'est par le salut du Saint Sacrement que s’est terminée cette journée.
La paroisse de Martigues avait apporté un reliquaire du Bienheureux Gérard Tenque.
Frères et sœurs, chers amis, en cette fête de sainte Marie Madeleine, l’Eglise nous invite à revenir au commencement, à l’origine, à nos racines. Nous avons voulu qu’en cette année où la Provence est capitale européenne de la culture soient mises en exergue les trois fêtes qui, en nos trois diocèses de Marseille, Fréjus-Toulon et Aix-Arles, manifestent les racines de notre foi. Depuis 2000 ans, la foi chrétienne a progressivement imprégné la culture en Provence, culture faite de traditions, de rites et de chansons, de gestes et de poésies, de fêtes et de musiques, de couleurs et d’images, mais aussi tout un art de vivre ensemble, une vision du monde et de l’histoire, une manière d’être. Lumineuse foi !
Mais comment est née la foi ? C’est une longue histoire, une très longue histoire dont témoigne la Bible. Revenons au commencement.
A l’origine, la foi naît d’une parole. « La foi naît de ce qu’on entend » écrira l’apôtre Paul. « La foi est écoute d’une parole » écrit le pape François dans une très belle encyclique qu’il vient de publier et qui s’intitule « Lumière de la foi ». Ecoute… Oui, c’est ainsi que tout a commencé : lorsque l’homme a écouté. Lorsque l’homme, oui ce petit homme perdu sur cette petite planète « Terre » dans l’immensité des galaxies, oui, tout a commencé lorsque l’homme a capté une parole, la Parole. Il a capté la Parole qui vient de l’au-delà de l’homme, la Parole du Créateur. Il fallait un cœur, une intelligence, un esprit, créé à l’image du Créateur, pour accueillir l’éternelle Parole, la Parole qui appelle, la Parole qui est promesse. Cet homme, le premier, toute l’humanité en un seul homme, il s’appelait Abraham. On l’appelle le « père des croyants » parce qu’il fut le premier à entendre la Parole éternelle.
L’homme n’était pas perdu puisqu’il était mystérieusement relié au Tout Autre, au Très Haut, l’Eternel, par une Parole, la Parole. C’est ainsi qu’a commencé l’histoire de notre foi. Au commencement était le Verbe. Je vous recommande la lecture et la méditation de la lettre du pape François, pour revenir à l’origine, apprendre à écouter et à mettre votre cœur sur la bonne longueur d’onde. Que de bruits dans ce monde si médiatisé ! Oui, je vous conseille de prendre le temps du silence, à l’écoute de cette mystérieuse parole que Dieu a semée en sa Création.
Nous recueillons aujourd’hui le témoignage de sainte Marie-Madeleine. Mais comment est née sa foi ? Elle est née, pour elle aussi, à l’écoute d’une parole, de la Parole.
Revenons à ce récit que nous avons proclamé en cette fête. Nous contemplons Marie-Madeleine en larmes. C’est après la mort de Jésus, elle pleure. Son Jésus est mort. Mort et enterré. C’est la fin d’une belle histoire.
Toute vie doit-elle s’achever ainsi ? Tous nos amours sont-ils mortels ?
L’histoire de Marie de Magdala était pourtant merveilleuse. Non, ce n’était pas un conte, mais l’histoire d’une rencontre. Elle avait rencontré Jésus, ou plutôt elle s’était laissée rencontrer. Elle avait croisé son regard. Elle, la femme pécheresse. Elle, la femme aux sept démons. « Une de ces femmes libres, belles, attrayantes, aimant le luxe et les plaisirs, fréquentant la cour d’Hérode et ses palais, exorcisant sa solitude dans des rencontres futiles et revêtant d’apparences sa profonde misère intérieure » – je cite ici Mgr Jean-Pierre Ravotti qui imagine ainsi Marie-Madeleine à la suite du père Bruckberger. Elle avait donné son cœur à Jésus de Nazareth, elle s’était mise à son écoute, et le Fils de l’Homme lui avait offert son pardon au nom du Père des miséricordes. Et en lui offrant le pardon, il l’avait relevée, ressuscitée.
Souvenez-vous, elle avait tressailli d’émotions en se jetant à ses pieds. « Qu’ils sont beaux les pieds du messager de la Bonne nouvelle ! » Peut être avait-elle lu ces paroles du prophète qui annonçait le Christ. A Béthanie, elle avait parfumé les pieds du Fils de Dieu. Geste prophétique, elle avait par avance embaumé son corps pour l’ensevelissement. Et la voilà encore en pleurs dans le jardin. Est-ce fini ?
Mais c’est là que tout a commencé. A nouveau par une parole qui l’a fait renaître. Il fait encore sombre. Les yeux de la foi ne sont pas encore tout entier ouverts. Elle pleure et elle cherche. « Qui cherches-tu ? » lui demande la voix. Elle n’est pas encore entrée dans la profondeur du mystère d’amour que Jésus le Christ est venu donner à voir. Elle n’est pas encore entrée dans la vision. Elle n’est restée qu’à la surface et elle a besoin de laisser descendre la parole jusqu’au fond de son âme. Et voilà qu’elle se retourne : la foi est retournement, conversion. Marie-Madeleine reconnaît la voix du bien-aimé, et elle voit. Elle voit avec les yeux de la foi. Jésus n’est pas seulement homme, il est Dieu. Derrière le voile de son humanité, avec les yeux de la foi, elle voit le Fils de Dieu. Il vient de Dieu et il retourne à Dieu. Le Christ ressuscité éclaire désormais tout homme venant en ce monde. La foi éclaire le mystère de l’homme, son origine et sa fin : nous sommes nés de Dieu et nous retournons à lui ; en nous Dieu a mis tout son amour ; comme le dit l’apôtre Paul, nous sommes ressuscités avec le Christ.
Frères et sœurs, c’est en pèlerins que nous sommes venus prier Marie-Madeleine. Quelle joie de nous retrouver avec elle, ici à Saint Maximin où elle est vénérée ! Elle a porté son témoignage jusqu’en Provence, et nous sommes venus auprès d’elle raviver la foi qui illumine notre existence, la foi qui donne à voir la vérité de l’Eternel Amour de Dieu. Mais avouons-le, nous portons une question : ce témoignage de la foi est-il encore entendu par nos contemporains ? Cette question, je la porte avec mes frères évêques, avec les prêtres, avec vous tous : la foi chrétienne ne va plus de soi. Et pourtant l’humanité pleure comme Marie-Madeleine devant le tombeau. Que souffrances, que de larmes ! O homme, ô femme pourquoi pleures-tu, qui cherches-tu ? dit encore aujourd’hui le Ressuscité.
En ce vingt et unième siècle qui ouvre le troisième millénaire, le temps est venu d’une nouvelle évangélisation. Si notre culture ne porte qu’un vernis chrétien, elle sera balayée, et nos belles traditions disparaîtront. Il nous faut suivre le chemin de Marie-Madeleine auprès du tombeau, vivre une nouvelle conversion. Si vous ne vivez pas une vraie rencontre du Christ vivant, une amitié, un compagnonnage avec lui, votre foi sera bientôt morte. Si vous ne prenez pas chaque jour le temps de l’écoute du Christ dans sa Parole, si vous n’ouvrez jamais l’Evangile, votre âme chrétienne se fanera.
Et puis le Christ nous confie une mission : « Va trouver mes frères et dis-leur qu’ils sont aimés de Dieu ». Courrez vers eux, comme Marie-Madeleine, et dites à vos amis qu’ils sont aimés de Dieu.
Nos papes nous appellent avec insistance à cette nouvelle évangélisation. Jean-Paul II disait en l’an 2000 : « On doit considérer comme dépassé dans les pays d’ancienne évangélisation la situation d’une société chrétienne qui se référait explicitement aux valeurs évangéliques. Alors que l’humanité est en recherche et bien souvent malade, notre époque nécessite une impulsion missionnaire nouvelle ». Et Benoît XVI dans son discours d’ouverture du synode pour la nouvelle évangélisation en octobre 2012 : « Il faut raviver en nous l’élan des origines, en nous laissant pénétrer de l’ardeur de la prédication qui a suivi la Pentecôte ». Et le pape François nous stimule déjà dans cette direction, en nous appelant à être présents au cœur de la société – c’était l’appel aux jeunes dans l’avion qui le transportait à Rio pour les JMJ. La lumière de la foi ne peut pas être mise sous le boisseau.
O Marie-Madeleine, toi qui étais auprès de la croix avec la Vierge Marie, heureuse toi qui as cru avec elle, prie pour nous.
O Marie Madeleine, toi qui as porté jusqu’à nous la Parole du Christ Ressuscité, prie pour nous.
O Marie Madeleine, toi l’apôtre des apôtres, prie pour nous.