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LAUDATO SI' : UNE NOUVELLE INVITATION DU PAPE

  • PAROISSES DE MARTIGUES ET PORT DE BOUC
LAUDATO SI' : UNE NOUVELLE INVITATION DU PAPE

Serge Maucq, chargé de cours en éthique à l’UCL et curé à Louvain-La-Neuve revient sur l’encyclique du pape François Laudato Si' et la poursuite de sa mise en œuvre.

 

Une fresque murale qui représente le pape François nettoyant le ciel, à l'aide d'une raclette, afin d'en faire disparaître de toute pollution. Cette fresque, peinte sur un mur de la ville d'Albano en Italie par l'artiste Mauro Pallotta a été inspirée par l'encyclique du pape Laudato Si'.  

 

 

Depuis sa publication à la Pentecôte 2015, l’encyclique du pape François Laudato Si' a beaucoup inspiré. Consacrée à la Sauvegarde de notre Maison commune, elle s’adresse spontanément à toute l’humanité. Jamais sans doute une encyclique n’aura été aussi populaire, bien au-delà du périmètre catholique, suscitant de l’intérêt, dans la sphère scientifique et universitaire, dans d’autres confessions chrétiennes et dans des milieux non-croyants. Très récemment, à l’occasion du cinquième anniversaire du texte, le Pape François a choisi d’enfoncer le clou, en annonçant une année Laudato Si' en 2020-21 mais aussi un programme de sept ans pour promouvoir sa mise en œuvre concrète.

 

La prise au sérieux de l’encyclique par beaucoup a induit une prise de conscience de ses enjeux, ce changement de regard sur la création voulu par François, impliquant une posture d’accompagnement plutôt que de domination. L’originalité de son approche, c’est le pont construit entre écologies environnementale et sociale. Chacun est invité à devenir davantage gardien de la création mais aussi de prendre soin de ses frères et sœurs en humanité. L’encyclique est certes verte mais elle est habitée par un profond souci de justice sociale.

 

Les événements exceptionnels que vit le monde depuis quelques mois bousculent et inquiètent. Le constat martelé par François que tout est lié, est devenu patent. Un virus inconnu et sévissant dans un coin reculé de Chine a affecté la planète en quelques semaines. Le sentiment latent que l’Europe ne pouvait guère être concernée a été balayé avec une violence à la mesure du déni des premiers temps. La découverte libre du monde, rendue sans cesse plus facile par l’estompement des frontières s’est arrêtée, chaque pays les recréant pour des raisons sanitaires.

 

Voilà donc l’humanité au pied du mur. « Nous avons avancé à toute vitesse, en nous sentant forts et capables en tout, a déclaré le Pape le 27 mars dernier lors du temps de prière Place Saint-Pierre. Avides de profit, nous nous sommes laissés absorber par les choses et étourdir par la hâte. Nous n’avons pas pris conscience des guerres et des injustices planétaires, nous n'avons pas écouté le cri des pauvres, et de notre planète gravement malade. Nous avons continué sans nous décourager, pensant que nous resterions toujours en bonne santé dans un monde malade ».

 

Le réveil est brutal et François choisit de faire du kairos de la crise sanitaire, une opportunité pour transposer Laudato Si' dans la durée. Au moment où la pandémie semble reculer, l’on se demande volontiers ce qui arrivera après. L’année 2020 sera-t-elle une parenthèse avec un retour à la normale ? Ou la crise sanitaire fera-t-elle bouger les lignes en provoquant une prise de conscience durable d’une nécessaire écologie intégrale ?

 

Depuis près de trois mois, le monde scrute les chiffres de la pandémie, parfois jusqu’à l’obsession face à un danger ressenti comme proche. Mais ces chiffres, s’ils peuvent donner froid dans le dos, sont l’arbre qui cache la forêt des causes de mortalité. La malnutrition ou la pollution, les dérèglements climatiques, les inégalités planétaires, tuent chaque jour davantage. Pour contrer ces dérives, les programmes internationaux ambitieux ne suffisent pas. Une conversion écologique globale, de tout un chacun, peut aussi soutenir un développement durable.

 

François ne cesse de rappeler que l’humanité doit repartir du réel tangible, de la nature comme norme valable et refuge vivant. Dans l’esprit de dialogue avec la société, qu’il ne cesse de promouvoir, il veut entraîner une série d’acteurs dans son rêve. La multiplication d’expériences fécondes à travers des projets novateurs et des réseaux solidaires, peut faire bouger les plaques tectoniques. Le Pape annonce une panoplie d’actions soutenues par un site spécialement consacré à ce programme et des partenariats avec le Mouvement catholique international pour le climat ou Renova+

 

Il invite sept groupes d’acteurs spécifiques à se déployer pour remplir sa ligne de route de 7 ans. Les familles, premier maillage de la société, sont citées en premier lieu. Des vecteurs de transmission comme les écoles et les universités, les diocèses et les ordres religieux, et les mondes des hôpitaux ou l’agriculture sont choisis. Globalement, il privilégie le secteur non-marchand, ce domaine-pont entre les pouvoirs publics et les entreprises, dans la ligne de l’enseignement social de l’église et de la subsidiarité.

 

Travaillant ce texte chaque année avec quelques centaines d’étudiants universitaires, nous ne cessons de découvrir sa richesse. Les multiples intuitions qu’il suscite, dessinent des pistes de la solidarité créative, voulues par François. Les acteurs invités par le Pape pourront-ils créer des réseaux innovants pour soutenir la vision prophétique de Laudato Si' ?

Dans La Croix du 11/6.

Dans La Croix du 11/6.

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