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MEDITATION : LA PORTE ETROITE EST DEVANT NOUS ET NE SE PASSE QU'AU PRIX D'UNE LUTTE

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AES8360 bis  Basilique de la Nativité à Bethléem: porte d'entrée (1,20m)

Photo : Alain Espinosa

 

Au début de l’été, Jésus disait aux soixante-douze disciples revenant de mission : « ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. ».

 

Puis nous l’avons entendu nous dire : « Moi, je vous dis : Demandez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte. »

 

Au chapitre 12 de l’Evangile de Luc, Jésus a une altercation avec les pharisiens et les docteurs de la loi, que nous n’avions pas le dimanche. Dès lors, on discours se fit plus radical : « Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d'un homme, fût-il dans l'abondance, ne dépend pas de ses richesses. » Puis « Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera à la porte. » et « Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n'a pourtant rien préparé, ni accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n'en recevra qu'un petit nombre. A qui l'on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l'on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »

 

Enfin, dimanche passé, Jésus disait : « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois »

 

Aujourd’hui, la porte qui s’ouvrait lorsque l’on frappait, est celle qui reste fermée, en passant par celle que nous devons ouvrir lorsque le maître frappe à la porte. Nous sommes passés de la joie et la promesse à l’avertissement. Il ne s’agit plus de se réjouir mais de lutter. N’y aura-t’il que peu d’hommes à être sauvés ? Jésus ne donne pas de nombre, mais invite à lutter.

 

En grec le verbe lutter est ici « agônizo » qui a donné en français : agoniser, agonie, angoisse. Lorsque ce mot est employé dans le nouveau testament, - il existe d’autres mots qui disent la lutte en grec, comme celui qui a donné athlète -, il l’est toujours pour le combat de la foi, non pas contre des adversaires extérieurs, mais comme un athlète qui se prive pour obtenir la couronne, comparaison que prend St Paul dans sa  première lettre aux Corinthiens (cf. 1 Co 9, 25).

 

Voici quelques passages de Saint Paul où le verbe « agônizo » traduit par lutter ou combattre, ou le nom « agôn » traduit par combat sont employés : « luttez avec moi dans les prières » (Rm 15,30) ; à Timothèe : « combats le bon combat de la foi » (1 Tm 6,12) ; à la fin de sa vie : « j’ai combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. » (2 Tm 4, 7) ; et voici un passage plus long de la lettre aux Colossiens : « Ce Christ, nous l'annonçons : nous avertissons tout homme, nous instruisons tout homme avec sagesse, afin d'amener tout homme à sa perfection dans le Christ. C'est pour cela que je m'épuise à combattre, avec toute la force du Christ dont la puissance agit en moi. Je veux en effet que vous sachiez quel dur combat je mène pour vous, et aussi pour les fidèles de Laodicée et pour tant d'autres qui ne m'ont jamais rencontré personnellement. Je combats pour que leurs coeurs soient remplis de courage et qu'ils soient rassemblés dans l'amour, afin d'acquérir toute la richesse de l'intelligence parfaite, et la vraie connaissance du mystère de Dieu. » (Ph 1, 28-2, 3) Si la foi est d’abord un don, un cadeau, une grâce, une promesse, elle est aussi un combat. Que pouvons-nous dire sur ce combat de la foi ?

 

Nous en avons un exemple avec Jésus dans ce même évangile de Luc, dans son agonie (agônia) au jardin des oliviers la veille de sa mort : « Père, si cette coupe peut passer loin de moi, mais cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » C’est l’heure du combat pour Jésus.

 

Vous le savez, certaines actions sont l’objet d’une lutte pour nous :

 

ce peut être la prière, qui t’est acquise parfois au prix d’une lutte intérieure pour ne pas partir faire autre chose ;

 

la lutte peut être de persévérer dans la prière alors qu’il te semble qu’elle ne sert à rien ;

 

la lutte peut être d’accueillir quelqu’un, alors que tu as autre chose à faire ; ce peut être de se rendre disponible, alors que tu préfères garder pour toi et ne pas t’engager ;

 

la lutte peut être de poser un acte que, par peur, tu n’oses pas faire ; ce peut être de visiter quelqu’un, ce que tu repousses toujours ;

 

la lutte peut être de croire que tu comptes pour quelqu’un, alors que tu interprètes une action, une parole de cette personne comme un rejet ; de même de croire que tu comptes pour Dieu, alors qu’il te semble qu’il t’a abandonné ;

 

la lutte peut être de compter sur Dieu, alors que la pensée occidentale te pousse à compter uniquement et avant tout sur tes forces, tes moyens quels qu’ils soient, la technique (le pape François sans papamobile blindée) ;

 

la lutte peut être de te satisfaire de ce que tu as, alors que tu as soif de posséder plus ; ce peut être d’attendre ce que la vie promet, alors que tu veux tout de suite ;

 

la lutte peut être d’aimer ce que tu es - car Dieu t’aime -, alors que tes incapacités, tes handicaps, tes limites te sont insupportables ;

 

la lutte peut être de te confesser, et de confesser ta pauvreté alors que tu fais du combat contre ton péché, ou tes défauts un exercice personnel...

 

Je pourrais encore multiplier les exemples, où la porte étroite est devant nous et ne se passe qu’au prix d’une lutte, mais nous donne de rencontrer le Christ de manière nouvelle, d’entrer dans la vie promise, tout comme l’enfant pour naître doit passer par une porte étroite.

 

Aujourd’hui, nous fêtons Saint Genest, patron de l’église de Jonquières. Saint Genest était greffier en Arles, dans la ville impériale. Il a refusé de transcrire sur les tablettes la sentence de mort prononcée contre les chrétiens, et il a fui à la nage, traversant le Rhône. Rattrapé, il fut décapité à Trinquetaille. Nul doute que ce fut pour lui une lutte de ne pas transcrire la sentence de condamnation, puis de traverser le Rhône.

 

Je termine en citant ce poème de Mère Térésa, que vous connaissez certainement, sur la vie. En voici la première phrase, puis la fin :

 

« La vie est beauté, admire la,… la vie est promesse, remplis-la ; La vie est tristesse, dépasse-la ; La vie est un hymne, chante-le ; La vie est un combat, accepte-le ; La vie est une tragédie, lutte avec elle ; La vie est une aventure, ose-la ; La vie est bonheur, mérite-le ; La vie est la vie, défends-la. »

 

 

Benoît Delabre

 

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