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NOTRE FEUILLETON DE L'ETE : JESUS, LE DIEU DE MA VIE ! (2)

        Delfieux le-grand-Erg-Oriental

 Le Grand Erg oriental

 

 

Au collège des bons Pères où la discipline était rude et où la bonne morale ne se discutait pas, d’aucuns auraient pu dire qu’il y avait de quoi perdre la foi. Et bien non ! Pour moi et nombre d’autres camarades, c’est exactement le contraire qui se passa. Ces bons Pères croyaient ce qu’ils enseignaient et vivaient ce qu’ils étaient. Six ans de « boîte », avec la messe matinale, les cours de récré, les dissertations du soir et la gym matinale, cela donne l’occasion de vérifier pas mal de choses. Si un homme averti en vaut deux, un enfant qui a bien appris son Jésus-Christ en vaut peut-être quatre ?

 

Je dois dire qu’au-delà de toute une série de modes proposées alentour, d’opinions défendues, de théories mises en avant, j’ai pu vite vérifier qu’il y avait, du côté de l’Evangile, des paroles qui ne passent pas tant elles ont en face du monde un petit air de vie éternelle. Voltaire et Rousseau, Ernest Renan et Auguste Comte, Nietzsche et Marx, Sartre et Camus…ouais ! Fallait bien les lire puisqu’il fallait les apprendre. Mais sérieusement, tout cela ne faisait pas le poids à côté du « sermon sur la montagne ».

 

Qu’est-ce que la vie ? Personne ne le savait. Pourquoi la mort ? Personne ne répondait. A quoi l’amour nous appelle-t-il ? Nul ne se risquait à le préciser. Vers quel ailleurs, la mort nous conduit-elle ? Aucun ne pouvait rien en dire. Alors ? On ne peut pas passer toute sa vie en portant des points d’interrogations de cette taille en bandoulière. Or, sur toutes ces questions, Jésus, Lui, avait dit des choses que personne n’avait encore pu dire, ni, je le voyais bien, ne pourrait dire jamais : « Je suis la vie » - « Tes péchés sont pardonnés » - « Aimez-vous les uns les autres » - « Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais ». L’Evangile était rempli de ces phrases-là. De ces phrases donnant une réponse aussi libératrice que lumineuse à des tas d’énigmes dont tout un traité de philosophie ou un tome de littérature ne levaient même pas un pan de voile. Jésus, Lui, répondait : « Moi, la lumière, je suis venu dans le monde afin que quiconque croie en moi ne demeure pas dans les ténèbres ». Le Christ aurait-il pu, sans être Dieu, répondre ainsi, non seulement par sa parole de vérité, mais encore par sa vie de sainteté, à tant de questions en face de quoi, sans lui, on ne pouvait rien faire ?  

 

Dans ma tête et mon cœur d’adolescent en tout cas, le choix était fait et la cause entendue. Jusqu’à preuve du contraire, il n’y avait pour donner sens à l’homme et au monde que celui-là, comme dit saint Jean, qui ne m’avait encore jamais déçu ni abandonné ; celui dont je voyais bien qu’il était le seul à pouvoir me garder l’âme légère et l’esprit en paix ; celui dont je pouvais dire moi aussi : Je sais en qui j’ai cru. Bref, Celui au nom de qui tout homme peut être sauvé : Jésus !  

 

Si prégnant que puisse être un souvenir d’enfant et si forte que puisse rester une conviction d’adolescent, on peut toujours se demander ce qu’il advient de tout cela en face des vagues déferlantes de l’existence où soufflent les vents, tombe la pluie et dévalent les torrents. Je dois à la vérité de dire qu’en entrant dans l’âge adulte, ma foi en la divinité de Jésus n’a pas diminué. Elle s’est même plutôt affermie. Il y a eu, grâce à Dieu, de quoi l’éprouver et la vérifier.  

 

Vingt-six mois de service militaire dans l’Infanterie de Marine et sous les tropiques de l’hémisphère sud, des années de fac dans le contexte ambiant d’une Eglise en concile et d’une nation portée par le rêve des « Trente glorieuses », un an d’enseignement, cela vous pousse à nombre d’interpellations. Deux ans de vicariat de cathédrale en province et sept années d’aumônerie universitaire en Sorbonne, avec un mai 68 à la clef, cela vous vaut un certain nombre de questions.  

 

Mais quel crédit accorder à un existentialisme finissant, un structuralisme passager, un marxisme essoufflé ou un maoïsme en trompe-l’œil ? La théologie de la mort de Dieu ou de la libération, Marcuse, Althusser et Cullmann, l’aggiornamento fou-fou ou le traditionalisme campant sur des idées fixes, tout cela peut-il remettre en question l’affirmation tranquille d’un Credo ? Du Quartier latin aux camps-mission sur les plages, des routes de Chartres aux pèlerinages en Terre Sainte et à Tamanrasset, de l’écoute des militants athées à la rencontre quotidienne d’une foule d’indifférents, je dois dire qu’une seule vérité surnageait : la joie de vivre en Christ et la tristesse d’un monde coupé de Lui.  

 

Qu’est-ce donc qui pouvait ainsi donner sens à toute chose, y compris au non-sens du mal, de la souffrance et de la mort, sinon ce Maître de vérité, Créateur du monde et Rédempteur de l’homme, véritablement Prince de la Vie ?  

 

Deux ans durant, au désert du Sahara, sur cette montagne de rocailles où ne vivent plus que les étoiles, le soleil et le vent, j’ai eu le temps de le vérifier. Avec la seule compagnie de la Bible et de l’Eucharistie, tout gardait sens et tout était rempli. Sans la Présence Réelle cachée dans ce pain conservé et la Parole vivante contenue dans cette Ecriture Sainte, tout restait hasardeux. Au-delà du faux-semblant de l’activisme et du divertissement, au-delà du scepticisme résigné et stérile, il était clair que le seul passage libérateur dans tous les dédales de l’existence était dans la verticale. Cette porte étroite au bout de la route, correspondant justement à Celui qui avait dit : Je suis la porte et Je suis la route. 

 

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Au bord de l’océan des dunes du Grand Erg oriental

 

 

 

 

 

 

 

Au cours de mes années d’aumônerie universitaire à Paris, j’avais eu l’occasion, ou plus exactement, la chance de guider à sept reprises un groupe de pèlerins à travers le grand Sahara. Celui-ci fait quinze fois la France et s’étend de l’Atlantique à l’Océan Indien, et des Atlas aux steppes du Sahel.  

 

Ghardaïa, Beni-Abbès, Timimoun, El Goléa, Ein Salah, Tamanrasset, au cœur du Hoggar, et aux franges de Djanet, l’envoûtant Tassili. Chacune de ces oasis avait quelque chose d’extrêmement varié et fascinant, sans parler des centaines de kilomètres d’ergs, de regs, de zones dunaires, de montagnes les séparant chacune par des centaines de kilomètres. Le désert de Juda et du Néguev paraissent dérisoires à côté.  

 

Parmi ces diverses oasis, deux avaient particulièrement retenu mon attention : Béni-Abbès et bien sûr Tamanrasset, au-dessus de quoi se dessinait dans le ciel, à près de 3000 mètres d’altitude, le fameux plateau de l’Assekrem. Autant de lieux chers au Père Charles de Foucauld et donc combien parlant à nos cœurs.  

 

Ce qui m’avait particulièrement séduit à Béni-Abbès, c’était la présence de deux petites fraternités de Petites sœurs de Jésus (elles étaient quatre ou cinq) et des Petits frères de l’Evangile (ils étaient deux). C’étaient bien sûr la montagne de l’Assekrem qui me fascinait le plus, mais l’austérité sauvage du lieu et sa beauté sublime me faisaient un peu peur pour commencer une aventure de totale solitude au milieu de cet immense désert.  

 

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Il y avait au bord de l’oasis de Béni-Abbès la petite Fraternité de frère Ermete et frère Carlo Carretto. Au cours de mes précédents pèlerinages, j’avais été conquis par leur joyeuse simplicité de vie. Comme je cherchais ma voie sans idée préconçue, je leur ai demandé s’ils pouvaient m’accueillir pour quelques mois, avant mon envol pour le Hoggar. Ils acceptèrent avec joie. En quelques semaines, j’ai lié une inoubliable amitié avec frère Carlo Carretto.  

 

 Lever à cinq heures sous les étoiles et le froid vif du petit matin (« Le désert est un pays froid où le soleil est chaud. »). Marche nocturne vers l’oratoire de frère Charles pour un long temps d’oraison et de lectio, à même le sol de sable fin, adossé à un des piliers de l’oratoire. Je me disais déjà : Voilà ce qu’il faudra mettre au point dans une vie de demain où qu’elle soit, en compagnie de frères consacrés, aspirant si possible au même idéal.  

 

Carlo Carretto ne fut pas long à comprendre mon désir de grande solitude et, de lui-même, voyant mon besoin de travail manuel (qui fixe l’intelligence et libère l’esprit), me proposa la construction d’un ermitage.  

 

Le sort fut jeté sur le lieu de Baba-Eida, à deux heures de marche de Béni-Abbès, sur une colline rocheuse, entourée de dunes à perte de vue. De belles pierres recouvrant toute la colline, les premiers pans de murs ne furent pas longs à apparaître. Je logeais dans une petite tente individuelle, près d’un puits momentanément abandonné par son propriétaire parti en nomadisme avec ses troupeaux de chèvres, d’ânes et de chameaux. Il réapparaissait de temps en temps pour voir ce que devenait « le marabout » et une belle amitié se noua vite entre nous. La présence d’un prêtre français, bâtisseur de murs en pierres sèches (eux bâtissent leurs petites maisons en briques cuites au soleil), l’amusait et l’intriguait.  

 

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Au bout de deux mois, la petite chapelle était bâtie, recouverte d’un toit, poutres de palmiers, claies de roseaux, branches de palmiers et argile séchée. Les frères Ermete et Carlo vinrent me rejoindre pour la première messe d’inauguration. La chapelle, dressée au sommet de sa colline, reçut le nom de « Notre-Dame des Dunes ». Elle est toujours debout.    

 

 

Je n’oublierai jamais ces trois ou quatre mois passés sous le soleil et les étoiles, à la frange du Grand Erg oriental. J’avais pour compagnon un fennec sauvage (le renard du Petit Prince) qui peu à peu se laissait apprivoiser. Mais un matin : grande émotion ! Le fennec était là, gisant sur le flanc, allongé sur une petite dune. Une vipère des sables l’avait sans doute mordu et mon ami était passé de vie à trépas. Quel mystère que cette mort qui vient un jour faucher toute existence ! Je lui fis de belles funérailles et transformai la petite dune en mausolée. Si l’on en croit Isaïe, un jour viendra où toutes les créatures se retrouveront dans les royaumes d’au-delà. « Ce jour-là, on ne fera plus de mal ni de ravages sur toute ma sainte montagne, car le pays sera rempli de la connaissance de YHWH comme les eaux comblent la mer. » Le désert m’a appris ce que l’apôtre Paul veut dire en proclamant que « toute la création, jusqu’à ce jour, gémit en travail d’enfantement. » (Rm 8,23)  

 

Grande frayeur une autre nuit ! Je dormais du sommeil du juste sous ma petite tente individuelle, la lampe de poche à mes côtés. Soudain un bruit de pas qui s’approche et tourne autour de la guitoune ! Puis une sorte de mugissement rauque. Celui-ci se répète une fois, deux fois, en se rapprochant de plus en plus. Tiré de mon sommeil en pleine nuit, mon sang ne fait qu’un tour. Pas de doute, ce ne peut être qu’un lion affamé, remonté jusque-là par l’oued desséché ! Quitte à mourir, mourons debout, face au danger, et non couché dans un duvet ! Lampe électrique à la main, je bondis au dehors. Et là, dans le faisceau de la torche, que vois-je à moins d’un mètre ? Un chameau égaré portant un énorme goitre sous la gorge. Les « mugissements » entendus n’étaient autres que les hululements rauques de cet animal malade. J’en ai quand même ri de bon cœur après une belle frayeur.  

 

 

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Ainsi mes quatre mois dans la Saoura sont-ils passés, sans autre surprise. Le moindre incident au désert fait vite événement. Les jours se sont succédés au rythme du soleil, le jour, et de la lune, la nuit. Le ciel indique l’heure à coup sûr.    

 

 

Lever au petit matin, une heure avant le jour. Feu de bois avec les brindilles de l’oued desséché pour assurer un bon réveil et un réchauffement salutaire. Montée vers la chapelle, au sommet de la colline, avec les premiers rayons du soleil. Heure rêvée pour l’oraison matinale et la récitation des Laudes.  

 

Petit déjeuner avec du pain grillé sur la braise, confiture et « Vache-qui-rit ». On ferait facilement des péchés de gourmandise au désert ! Toilette rapide à l’eau glacée. Méditation biblique et adoration sous les premiers rayons du soleil. Longue marche dans les dunes, chapelet en main. Le temps passait vite avant l’office du milieu du jour, immédiatement suivi par la messe, la préparation du repas de midi cuit au feu de bois.  

 

J’avais tout le temps pour déguster en silence le « déjeuner ». De même pour une bonne sieste à l’heure du « démon de midi ». Je dois avouer cependant que ce dernier m’a laissé le plus souvent tranquille. Lectio divina et adoration dans la petite chapelle. Venait alors la longue marche de l’après-midi si propre à la réflexion et au recueillement.  

 

Que ferais-je donc après ces mois de désert, une fois revenu vers la capitale ? Ni engagement dans le clergé séculier, ni dans la vie monastique traditionnelle. Cela devenait de plus en plus clair. Je compris de mieux en mieux qu’un type de vie telle celle que menaient les Petits frères, auprès de qui je passais le week-end pour remplir mon sac de provisions, ne serait pas davantage pour moi. Pas assez de vie commune et de liturgie, ni de part à l’évangélisation par le témoignage de la prière partagée et de l’amour fraternel… Il fallait donc réfléchir et prier encore.  

 

Delfieux-puits.jpgMon puits, creusé dans le sable, faisait six mètres de profondeur sur deux mètres de diamètre. Une belle nappe d’eau pure et fraîche en remplissait le fond. Je la puisais à l’aide d’un seau, au bout d’une corde. Un matin, catastrophe ! Le nœud de la corde, autour de l’anse du seau, avait lâché et le seau flottait tout seul sur l’eau du puits. Que faire ? On ne peut vivre longtemps sans eau dans le désert. Un peu imprudemment peut-être, je me laissais glisser au fond du puits, le long de la paroi sablonneuse.  Le seau récupéré fut vite muni d’un nœud impeccable. Mais comment remonter ? Je pensais pouvoir me tailler quelques prises pour les mains et les pieds. Mais le sable était trop friable et ne tenait pas. Moment de panique facile à imaginer. Quelqu’un ne finirait-il pas par passer à proximité ?  

 

Je guettai le moindre bruit. Mais rien ! Au bout d’une heure ou deux, l’écho d’une conversation parvint jusqu’à moi. Je criai de toutes mes forces. Quelques minutes après, je vis apparaître au bord du puits, tous en haut, deux visages incrédules. « Voulez-vous m’aider à remonter de ce puits d’où je ne puis sortir ? » Réponse en italien : « Ne serais-tu pas frère Pierre-Marie ? Si ! Mais, de grâce, sortez-moi de là ! » S’arc-boutant sur la corde, ils parvinrent, non sans effort, à me remonter à la surface.  

 

Congratulations. Tapes sur le dos et éclats de rire. C’étaient deux frères franciscains venus saluer les frères Ermete et Carlo à Beni-Abbès. Ceux-ci les avaient (providentiellement !) incités à aller voir l’ermite français dans sa chapelle de Baba-Eida. Après des années, j’ai revu l’un deux à Paris. Il était devenu évêque. Nous avons bien ri en évoquant le fameux sauvetage !  

 

Une autre fois, une aventure moins dramatique, mais combien éloquente, m’est arrivée que je n’ai plus jamais oubliée.  

 

 Je marchais vers l’ermitage des Petits frères quand j’aperçus, au soir tombant, venant dans ma direction, un pauvre chaamba, avec son âne. On ne pouvait que se croiser. Je marchais pieds nus sur le sable des dunes, mes souliers en bandoulière sur l’épaule. Salutation de circonstance et bénédictions réciproques. Soudain, un profond silence ! Fixant des yeux mes souliers, il me dit : « Tu ne pourrais pas me donner tes souliers puisque tu ne les mets pas ? – Non, cher ami, il n’y a pas que du sable sur la piste et, là-bas, je ne pourrai pas marcher sans souliers sur les rocailles… Et, tu vois, je suis pauvre, moi aussi ! » Il me regarda alors avec un sourire que je ne saurais qualifier et il ajoute simplement : « Oui, tu es pauvre, je le vois. Mais toi, tu as le crayon ! » Et nous avons repris chacun notre chemin…

 

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 Arrivé à Béni-Abbès, je rapportai cette remarque à frère Carlo, en lui disant que je n’avais rien compris. Il éclata de rire et me dit, en vieux baroudeur du Sahara : « Tu as le crayon, cela veut dire que tu sais écrire. Tu peux t’adresser à ta famille, tu as des relations en France, des diplômes, la Sécurité sociale, et tu pourrais toujours t’en sortir, avec le crayon ! » Je n’ai pas oublié cette parole digne d’un sage du désert ; et je me suis dit, ce jour-là, que si j’épousais une forme ou l’autre de vie monastique, il faudrait faire une sérieuse place à l’exercice de la pauvreté. C’est pourquoi il a été décidé un jour que nous ne serions jamais propriétaires de rien.  

 

Le soleil de février commençait à chauffer. Il faisait entre 40 et 45 degrés à Béni-Abbès durant le printemps et l’été où les Petits frères rentrent à Spello, en Italie.    

 

Il me fallait donc envisager la dernière étape de ma vie érémitique saharienne et partir, comme prévu, après ce temps de propédeutique, vers les hauteurs de l’Atakor, dans le Hoggar.  

 

 Et ce fut le départ, en bus brinquebalant, pour trois jours de route, par les oasis de Timimoun, El Goléa et Ein Salah. Comme la piste goudronnée s’arrêtait là, la dernière étape se fit en prenant la ligne empruntée par le petit avion Corsair, jusqu’à Tamanrasset.  

 

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Qu’allais-je donc devenir à l’Assekrem ? Sans le savoir au juste, je percevais bien que c’était pourtant là que je devais aller.  

 

 

 

 

 

 

 

 

Frère Pierre-Marie Delfieux 

"Sources Vives"

Delfieux     

 

 

 

A suivre dimanche prochain....

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