PAROISSES DE MARTIGUES ET PORT DE BOUC

Dans le journal d’Etty Hillesum, dont les principaux extraits ont été édités sous le nom de « Une vie bouleversée », on découvre son expérience exceptionnelle, sa soif de vivre, ses combats intérieurs, son souci de rendre compte de ce qu’elle vit.  Cinq séances pour aller à la rencontre d’Etty Hillesum.

Cinq vendredis de 14h30 à 16h

14 et 21 février, 14 et 21 mars, 11 avril

Yves Bridonneau et Cécilia Dutter, écrivains

PROGRAMME LECTURE A DEUX VOIX

Etty Hillesum est éminemment universelle, et récupérable par tous. Tous ceux qui ont écrit sur elle font entrer dans leur famille spirituelle cette jeune femme juive, témoin d’une sensualité assumée et d’un  mysticisme surprenant. Des écrivains chrétiens d’abord, seulement un peu gênés par sa liberté de vie. D’autres la revendiquent comme humaniste, ou découvrent en elle une parfaite vision de la spiritualité judaïque ou bouddhiste. Mais, comme le dit un de ses commentateurs : « elle est au-delà de toute définition dogmatique ».

Tout le monde en a pour son petit panier. C’est une des spécificités des personnages hors normes : leur richesse est telle que chacun peut y puiser son eau personnelle. A sa lecture, chacun glane des pensées différentes suivant la recherche, consciente ou pas, du lecteur. Chacun construit « son Etty », celle qui recoupe son chemin particulier, et le monde spirituel qu’il cherche.

Notre but est de vous présenter cette jeune femme avec ses lignes de forces principales,  qui se révèlent  les plus proches de la vie et de la quête de chacun.

PREMIERE LECTURE : ETTY ET LA SHOAH EN HOLLANDE

Avant d’aller au fond de son cœur, on ne peut échapper à la présentation de ce qu’a été la Shoah en Hollande, qui a fait disparaître en trois ans 90 pour cent des 140 000 juifs vivant en 1939. Etty Hillesum en a été le témoin lucide, lucide avant  beaucoup de monde, jamais désespérée, et active jusqu’au bout. Elle se presse d’écrire  pour en être le témoin : « Je dois me hâter de tout noter, même en désordre, plus tard, je ne pourrai plus croire à la réalité de ce qui s’est passé ». Elle se sent solidaire de son peuple, avec « une âme de mille ans », comme eux.

DEUXIEME LECTURE : CHRONIQUES D’UNE PASSION

On ne peut échapper non plus à la chronique de  ses passions, au long des dix cahiers tous écrits d’un seul jet, sans ratures, et de ses lettres griffonnées sur un coin de table. L’univers de ses « mouvements de l’âme » épouse si fort le nôtre que stopper sa lecture oblige à un effort comme si on arrêtait de penser. Chaque mot, pour elle, « est né d’une nécessité intérieure ».

Sa passion est d’abord celle pour son « maître à penser » Julius Spier, qui nous fait entrer dans le mystère d’un amour à la fois sensuel et mystique, où le terme de « morale » trouve une dimension supérieure. Une de ses amies se souvient de « l’impressionnant décalage entre ses comportements érotiques et ses sublimes conceptions philosophiques, tendances contraires et toujours en conflit ». Elle parle du sentiment de culpabilité « improductif », et pense que « la sensualité vient de beaucoup plus loin que le corps lui-même ».

Cette vie libre, étonnamment moderne, doit être abordée sans tabous, si on veut comprendre comment elle a pu véritablement engendrer une telle paix intérieure, avant son départ. (cinquième lecture)

TROISIEME LECTURE : ETTY HILLESUM ET DIEU

On ne peut échapper alors au cœur du sujet, « ce qu’il y a de plus profond en moi et que, pour plus de commodité, j’appelle Dieu ». Son ami Julius l’éveille à l’agenouillement, la descente en soi, et « aux atomes de divin qui sont en nous », et qu’il faut faire ressurgir. Ce qu’elle découvre n’est pas un concept, mais une Personne, quelqu’un dont il faut défendre la demeure en soi, qu’il faut protéger, et faire naître chez les autres.

Fascinée par l’aura de Julius, elle décide de suivre ce « chemin spirituel » jusqu’au bout, et beaucoup de ses lecteurs ont la sensation immédiate que ce Dieu est Celui qu’ils cherchent depuis longtemps. Cette approche personnelle de la transcendance, du dialogue intime avec Dieu en soi, fait appréhender le sacré par le bon chemin, avant les Eglises, les dogmes et les rites. On a envie de continuer à chercher, une fois la porte ouverte, par elle, la première fois.

QUATRIEME LECTURE :  UN NOUVEAU MONDE

En  moins de deux ans, elle construit son nouveau monde : le refus de la haine, en plein massacre organisé de son peuple ; l’amour des autres, qui pour elle est une autre définition de Dieu et « une prière élémentaire qui nous aide à vivre » ; la nécessité de la prière, qui doit être une gymnastique spirituelle journalière ;  l’acceptation de la souffrance comme force positive ; l’accueil de la mort dans sa vie, pour l’enrichir.

Tout cela, elle décide de le mettre en pratique, avec sans arrêt des questionnements, des contradictions, mais sans qu’elle arrête de marcher.

La mort de Julius  la prive de « celui qui lui a ouvert la voie qui conduit directement à Dieu ». Et c’est avec la foule misérable et dépenaillée d’un camp de transit vers la mort qu’elle va faire vivre ce qu’elle a appris.

CINQUIEME LECTURE : LE SEIGNEUR EST MA CHAMBRE HAUTE

Et là, dans ce camp, Etty va devenir le témoin de la vie malgré tout, car elle sait désormais que « l’artère principale de ma vie s’étend déjà très loin  devant moi, et atteint un autre monde ». Jusqu’au bout elle affirme que la vie est belle, qu’on doit vivre intensément chaque minute, ce qu’elle fait.

Elle a acquis une paix intérieure définitive, trouvant « la clarté, la paix, l’équilibre » dans la présence et l’aide aux autres.

POUR CONCLURE

Le message d’Etty Hillesum n’est pas un chemin vers une religion précise plus qu’une autre. Ce n’est pas non plus une morale. Etty est une semeuse d’idées pour des temps de détresse spirituelle. Celui qui cherche peut venir récolter.

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