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IL EST OU LE BONHEUR ?

  • PAROISSE DE MARTIGUES
IL EST OU LE BONHEUR ?
« Il est où l’bonheur, il est où ? » interroge à longueur de couplets Christophe Maé dans une chanson à la mode, énumérant tous ces faux-semblants où l’on tente de paraître heureux pour mieux cacher à soi-même et aux autres qu’on n’a pas encore trouvé le vrai bonheur. « J’ai fait la cour, j’ai fait mon cirque : j’attendais d’être heureux ; j’ai fait des folies, j’ai pris des fous rires : je croyais être heureux ; mais il y a tous ces sièges vides, qui nous rappellent ceux que la vie nous prend… Il est où l’bonheur, il est où ? Il ne fait pas de bruit le bonheur, et c’est souvent après qu’on sait qu’il était là ! »

 

En lisant les lettres des catéchumènes, j’aurais pu ajouter de nombreux couplets à la chanson, tant sont variés, étonnants et parfois douloureux, les chemins sur lesquels on cherche le bonheur !

 

Mais bientôt, dans la nuit de Pâques, ce sont ces mêmes catéchumènes qui nous entraîneront à chanter avec eux la joie immense des témoins du Christ ressuscité : « Il est là, le bonheur, il est là ! » Dans l’Esprit Saint qui nous fait souvenir de toutes choses, chacun sera entraîné à relire sa propre recherche du bonheur à la lumière de la résurrection, comme l’ont fait avant nous les premiers disciples.
 

André s’en souvient encore. Comment pourrait-il oublier ce moment précis où pour la première fois, avec un autre disciple que la Tradition identifie souvent avec le quatrième évangéliste, ils avaient osé se mettre derrière Jésus, le suivant à distance ? Il s’en souvient très bien, car ce jour-là, à cette heure-là, le bonheur était entré, doucement, dans sa vie : c’était environ la dixième heure (Jn 1, 39). Avec son frère Simon et quelques autres de leurs amis, cela faisait longtemps qu’ils cherchaient un sens à leur existence. Non pas qu’ils fussent malheureux, car ils vivaient tranquillement de la pêche, à Bethsaïde, au bord du lac de Tibériade. Mais le bonheur, le vrai bonheur, ils ne l’avaient pas encore trouvé. C’est pour cela qu’ils étaient venus écouter Jean le Baptiste, sur les bords du Jourdain. Et Jean leur avait montré Jésus. Alors, n’écoutant que leur désir, ce soir-là, André et son compagnon avaient engagé leurs pas derrière lui (Jn 1, 37).

 

Et voilà que Jésus s’était retourné ! Lui, le Verbe, qui depuis toujours était tourné vers Dieu (Jn 1, 1), s’était retourné pour les regarder et leur parler. « Que cherchez-vous ? » (Jn 1, 38) leur avait-il demandé. Pris de court et ne sachant comment expliquer en peu de mots tous les méandres de leur recherche du bonheur, ils lui avaient retourné la question : « Maître, où demeures-tu ? » Alors lui, dont la vie jusque-là était passée inaperçue, humble et ordinaire, lui qui n’avait pas de pierre où reposer la tête, lui par qui, cependant, l’heure du salut allait bientôt sonner à l’horloge de l’histoire, leur avait dit simplement : « Venez et vous verrez. »
Et depuis deux mille ans, de génération en génération, chaque disciple se souvient de sa dixième heure, chaque fois unique, celle où le dialogue intérieur fut engagé, lorsque l’Amour a fait les premiers pas pour le conduire peu à peu de la quête du bonheur aux chemins des Béatitudes. Tu cherchais le bonheur ? Il est là, dans l’engagement de ta vie à la suite du Christ, au service des plus pauvres, dans la lutte pour la justice, dans les œuvres de paix et de miséricorde. Le bonheur n’est pas inaccessible, au terme d’une recherche fastidieuse ni au bout de rêves insensés : il est en toi, depuis le commencement, comme un don que Dieu a déposé en ton cœur et qui n’attend pour te combler que l’assentiment de ta liberté.

 

Vis donc les Béatitudes : elles libéreront le bonheur qui est en toi, dans ta capacité d’aimer, de partager, de prendre soin, de résister ! Souviens-toi de ta dixième heure, et cours avec toute l’Église annoncer au monde que c’est bien vrai : il est là, le bonheur, il est là, car Christ est ressuscité !

 

+ Jean-Marc Aveline
Evêque auxiliaire de Marseille


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