FAITES CE QU'IL VOUS DIRA
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Curieuses noces de Cana, où il n’est pas fait mention de l’épouse et où le marié ne se manifeste qu’au terme du récit interpellé par « le maître du repas ». Par contre c’est vers Jésus lui-même (invité avec ses disciples) et sa Mère (qui était là) que St Jean oriente notre attention. C’est ainsi qu’il nous dissuade d’entreprendre une lecture superficielle ou moralisante et nous invite à nous ouvrir à une lecture « symbolique » au sens le plus fort et le plus riche du terme.
Face à une situation délicate et qui apparaît comme sans issue, l’Evangéliste, relate, face à une agitation autour d’un manque de vin, le surprenant dialogue entre Jésus et Marie :
« Ils n’ont pas de vin. » et Jésus de répondre : « Que me veux-tu femme ? Mon heure n’est pas encore arrivée. »
Etrangement, il ne dit pas à sa Mère : Maman. Ne voyons pas là ni un terme de mépris, ni un manque de respect, encore moins un mouvement d’humeur. Jean, nous présente Marie au début comme à la fin de la vie publique, au moment où le Messie commence ses œuvres. Ainsi la place de Marie est essentielle tout au long de la vie de Jésus.
« Faite tout ce qu’il vous dira. »
Notons bien que chaque épisode de Saint Jean est un appel à croire quelque chose qui constitue une approche de la Foi totale. Jésus vient dans notre vie et si nous croyons, au sens très fort de Saint Jean, notre vie est changée. Nous passons d’une vie bien fade à une vie qui brise les fausses contraintes.
Car au-delà du stupéfiant miracle de l’eau changé en vin, Jésus ne réalise pas un numéro de prestidigitateur, bien sûr que non, il accompli un des premiers signes réalisés tout au long de sa vie publique. C’est bien le commencement des signes. En posant ce premier signe, Jésus commence de dévoiler aux siens son être et sa mission, Cana marque le premier pas dans la foi de ses disciples : et ses disciples crurent en lui.
D’autres miracles, d’autres signes suivront qui poursuivront cette révélation progressive de son identité véritable, de sa mission reçue du Père. Autant de « signes » qui seront pour ses disciples des étapes dans le cheminement de leur foi.
Ce changement de l’eau en vin, au cours d’une noce de village symbolise, tout simplement, le passage de la loi ancienne et l’Alliance nouvelle
L’eau dans la Bible, l’eau dans Saint Jean est jaillissante, purifiante, symbole de vie : l’eau vive.
En aucune manière, l’eau de Cana n’est pas de cet ordre.
« Il y avait là six cuves de pierre pour les ablutions rituelles des juifs. »
En la circonstance, voilà l’eau que Jésus va changer, l’eau-symbole d’une religion formaliste. La vivante religion des Juifs était devenue religion tatillonne. Maladie de toute religion. On finit par croire qu’il suffit, pour plaire à Dieu, de débiter des phrases, de ne pas manquer une ablution, de sauver les apparences.
La religion de Jésus change tout : c’est le vin fou de l’amour. Nous plaisons à Dieu si nos gestes rituels sont les signes et le ressourcement de notre don aux autres, si nous changeons en joie, au moins en apaisement, la peine d’une sœur, d’un frère. Jésus apporte cette possibilité inouïe :
« Maman ! Ainsi que nous venons de l’évoquer au début de notre partage) Maman, dit-il à Marie qu’est-ce que tu attends de moi ? » C’est ici que se réalise la puissance propre à Marie : elle a enfanté à la vie humaine son fils, elle va l’enfanter à sa vie publique.
Avec ses moyens de Mère de Dieu fait homme : la discrétion et la foi.
Quoi de plus discret ? : « ils n’ont pas de vin. »
Et quelle force de Foi : « Faites ce qu’il vous dira. »
Peu de mots, juste ce qu’il faut pour que l’humiliation d’un jeune couple soit changée en joie. Et que nous ayons envie de demander à Marie la grâce de Cana : croire enfin que Jésus change tout.