>

QUI CROIT EN MOI, MÊME S'IL MEURT, VIVRA

  • PAROISSE DE MARTIGUES
Homélie pour le cinquième dimanche de Carême.

Homélie pour le cinquième dimanche de Carême.

Sur le chemin qui nous conduit vers Pâques, nous abordons en ce dimanche la 5éme et dernière étape.

 

Il se trouve que dans ce passage d’Evangile qui retient notre attention, Jésus se comporte d’une façon qui nous interpelle, et c’en est troublant. Il sait que son ami Lazare est malade ; mais il ne va pas à lui. On vient le chercher ; il ne bouge pas et manifeste même une certaine désinvolture en déclarant : « Cette maladie ne mène pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu ». Et pourtant il y va de la vie d’un homme et, de fait, Lazare meurt !  Que dit alors Jésus ? Ce qu’il affirme est très déconcertant, pour ne pas dire révoltant.

 

« Lazare est mort, et je me réjouis pour vous de n’avoir pas été là-bas, afin que vous croyiez ». 

 

Qui est donc Jésus pour jouer ainsi avec les sentiments de ses amis les plus proches ?

 

Ne pouvait-il pas épargner à Marthe et à Marie la déchirure de l’irrémédiable séparation à laquelle, aussitôt après, il portera remède ?

 

L’attitude de Jésus est surprenante, elle est dictée par un enjeu considérable, plus important que la mort de Lazare et que le chagrin de ses sœurs.

 

Pour Lui, la Foi est une réalité plus importante que la mort d’un ami.

 

Vers quel approfondissement de notre mystère humain et chrétien le Christ nous achemine-t-il maintenant ?

 

Il est vrai que si l’attitude de Jésus nous déconcerte, c’est que sa conception de la mort n’est pas la même que la nôtre.

 

Certains parmi nous, par leurs comportements, sont déjà des morts.  En revanche nous osons affirmer que, si nous sommes unis au Christ, grâce à notre Baptême (baptisés en Jésus-Christ) alors notre mort n’est plus devant nous, mais derrière nous.  Certes, nous avons à vivre notre condition humaine, qui est, pour des multitudes, et peut-être pour beaucoup d’entre nous, remplie de difficultés de tous ordres (maladies, ruptures familiales, échecs, etc..). Oui, tous, un jour, nous mourrons. Le Christ lui-même est mort supplicié, tout Fils de Dieu qu’il était. Lors des obsèques, sur le cercueil dans lequel repose l’être humain que nous accompagnons, il y a un crucifix qui nous rappelle que le Christ a pris notre condition humaine jusque dans la mort. Non pas pour y rester, mais pour nous rappeler qu’il est ressuscité.

 

C’est la Foi qui nous donne la certitude que notre mort ne pourra pas détruire la Vie que, dès à présent, le Christ fait habiter en nous, par le Don de l’Esprit.

 

La lettre de St Paul que nous venons d’entendre est sans équivoque à ce sujet : « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps par son Esprit qui habite en vous. »    

 

Ce récit nous propose une révélation bouleversante. Il nous montre clairement que l’Evangile est actuel et comment il met notre monde face à ses dérives, ses contradictions. Nous savons, tous et toutes, que notre société veut escamoter la mort et nous connaissons la recherche angoissée des solutions, y compris la réincarnation, pour oublier, voire nier la mort. Ce refus obstiné de la mort que l’on cache à grands frais d’imagination conduit beaucoup de nos contemporains à rechercher un style d’existence qui les divertit de l’échéance fatale. Pour eux, la seule question valable est :

 

Pourquoi la mort qui va briser ma vie ?  Comment échapper à cette mort ?

 

Jésus, Lui, nous demande : quelle vie y-a-t-il, quelle vie as-tu avant la mort ?

 

La vraie vie, nous l’avons vue à l’œuvre en Jésus et en ceux qu’il nous a fait rencontrer sur ce chemin qui nous conduit vers Pâques : la tentation du démon, la Transfiguration, la rencontre de la Samaritaine, l’aveugle né, la résurrection de Lazare.

 

Pour le disciple de Jésus, la véritable existence n’est pas une suite d’années qui se brisent sur la mort. La vraie vie emprunte le chemin inverse : elle est naissance, marche vers le Père, venue à la Lumière.

 

C’est une Pâque !

 

Au plus sombre de la nuit, dans les drames et les échecs humains, nous sommes donc invités à l’Espérance.

 

Nous pouvons conclure notre réflexion de ce jour sur l’interrogation que le Christ fait à Marthe et qui est adressée à chacune et chacun d’entre nous :

 

« Moi, je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais.  Le crois-tu ? » 

@paroissemartig © 2010 -  Hébergé par Overblog