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REGARDER ENSEMBLE DANS LA MÊME DIRECTION

  • PAROISSES DE MARTIGUES ET PORT DE BOUC
Homélie du Père Michel Isoard lors de la célébration oecuménique au Temple.

Homélie du Père Michel Isoard lors de la célébration oecuménique au Temple.

Vous connaissez certainement la célèbre citation d’Antoine de Saint-Exupéry dans Terre des hommes : « Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction ».

 

Comme chaque année nous nous retrouvons, au cœur de cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, pour ce temps de célébration ensemble : orthodoxes, protestants et catholiques, tous chrétiens.

 

Entre nos Églises, il faut reconnaître que durant longtemps, on s’est regardé « l’un l’autre ». Ce fut d’abord un regard de haine, de suspicion ou d’anathème. Ensuite, grâce au temps et surtout à l’Esprit Saint qui ne se résout jamais à nos divisions, il s’est transformé en regard de bienveillance, de pardon et de fraternité. Plus récemment encore, ce fut même de l’intérêt, de la recherche et de la joie. Mais tout cela, c’est encore se regarder l’un l’autre… C’est Jésus lui-même dans l’Évangile que nous venons d’entendre qui nous invite, et même qui nous ordonne (c’est un impératif !), à porter nos regards ensemble dans la même direction de l’évangélisation et du témoignage : « allez par le monde entier, proclamez l’Évangile à toutes créatures ».

 

Et c’est Paul, dans son dernier voyage, qui nous sert de guide. Comme le prophète Jonas, il est envoyé dans une grande ville, cette fois Rome, pour y proclamer le Dieu de miséricorde, révélé maintenant en Jésus-Christ. Mais lui ne fuit pas sa mission, au contraire, il en appelle à l’empereur pour être conduit, enchaîné, jusqu’à Rome. C’est sur ce chemin que nous le retrouvons, aux alentours de l’île de Crète. Malgré les recommandations de Paul, l’équipage décide de longer cette dernière en dépit du mauvais temps qui s’annonce, et comme prévu ils sont pris dans la tempête.

 

La frêle embarcation de l’Église a elle aussi souvent subi la tempête durant son histoire : vents violents dés les débuts des idées contraires à l’Évangile, orages et menaces des pouvoirs politiques allant jusqu’aux éclairs cinglants des persécutions. Mais malheureusement la tempête a fait rage aussi au sein même de l’embarcation, divisant l’équipage et rendant le voyage ensemble impossible.

 

Comme le firent les matelots qui conduisaient Paul, il nous a fallu ensuite apprendre à jeter par-dessus bord du fret : autant d’idées sur les autres, de conceptions dépassées ou de formules devenues obsolètes qui ont permis à l’expédition de se poursuivre, cahin-caha. Toujours, il aura fallu la conviction des grands prophètes d’hier et d’aujourd’hui pour nous entendre redire par le Seigneur, comme à l’apôtre des nations : « sois sans crainte ». Car il faut, oui il faut que nous portions témoignage, par-delà les flots parfois déchaînés, de Celui qui nous fait vivre et qui est le cœur de notre foi commune ! Et que le souffle de l’Esprit nous pousse et nous porte vers ces îles encore inconnues qui sont pourtant au milieu de nous, de nos villes, de nos rencontres, de nos relations. Que là aussi nous sachions reconnaître et rencontrer tous ceux qui sont prêts à « nous témoigner une humanité peu ordinaire ». Car évangéliser, nous le savons, est un échange : il s’agit de donner, mais aussi de recevoir.

 

Pour cela nous avons la richesse de l’expérience, de la Tradition de nos Églises, mais aussi la diversité des personnes et des groupes investis.

 

Témoignage de nos liturgies qui touchent et rejoignent, parce que nous avons besoin de beauté et de sens.

Témoignage de la Parole de Dieu elle-même, qui ne cesse de se laisser conter et s’adresser à tous.

Témoignage de l’accueil et du partage d’un repas avec celui, celle que l’on reconnaît comme le Christ qui s’invite à nos tables.

Témoignage du dialogue sans cesse relancé qui nous pousse à nous mettre à l’écoute ensemble de la Parole de Dieu.

Témoignage de l’engagement contre toute forme d’injustice et d’atteinte aux personnes : Malte n’est qu’à 170 km de Lampédusa.

Témoignage de la reconnaissance des pierres d’attentes du Christ qui se trouvent aujourd’hui encore dans l’art, et tout particulièrement le cinéma.

 

Tous ces témoignages, et tous les autres que nous vivons chacun, chacune à notre manière, sont autant de petits voyages de Paul vécus à notre niveau, tantôt cabotant le long des côtes, tantôt invités à rejoindre le large. Mais en toutes ces aventures, le Seigneur est là, comme nous l’avons entendu, « agissant avec nous et confirmant la Parole par les signes qui l’accompagnent ».

 

Car déjà l’étape de Malte se termine et il nous faut, avec Saint Paul, aller plus loin.

 

Continuer de regarder, ensemble, dans la même direction, vers tous et celles qui ne connaissent pas encore le Christ et qui, sans le savoir encore, l’accueilleront, en nous accueillant.

 

Père Michel Isoard

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