LA FOI ET LES ŒUVRES DE MISÉRICORDE, DES ARMES CONTRE LA PEUR
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Les futurs baptisés du diocèse d’Aix et Arles étaient rassemblés en la cathédrale d’Aix-en-Provence le dimanche 1er mars pour l’appel décisif. Dans son homélie, Mgr Christophe Dufour, archevêque d’Aix et Arles, les a exhortés à ne pas avoir peur.
Frères et sœurs, avez-vous peur ? Le ministre de la Santé vient d’annoncer que l’épidémie du coronavirus venait de franchir un cap en France et il recommandait d’éviter la poignée de mains. On ne parle que de cela. Moi-même j’ai dû faire des recommandations aux curés : ne pas faire le geste de paix et ne pas donner la communion dans la bouche. Je vous avoue que ces recommandations me coûtent beaucoup. Interdire le geste de paix ! Où allons-nous… ?
Dans une conversation au cours de cette semaine nous interrogions. Les gens ont-ils peur ? Ou bien demeurent-ils inconscients ou insouciants, vaquant à leurs occupations quotidiennes, fatalistes, pas si troublés que cela ? On trouvera bien le remède ou le vaccin, diront-ils. L’intelligence humaine a réponse à tout… L’homme est fort, et il est maître de son destin… Qu’en dites-vous ? Le mot « peur » est peut-être trop fort, mais nous pouvons bien être troublés par ces évènements, et inquiets. Ils nous font prendre conscience de notre fragilité. Qui sommes-nous ? De minuscules petites créatures dans l’univers infini, créatures misérablement exposées au mal, à toutes sortes de malheurs, au péché, à toutes sortes de tentations et d’épreuves.
Et Jésus ? Je m’interroge : avait-il peur ? Dans le récit des tentations que nous avons proclamés en ce premier dimanche de carême, le voilà face au diable en personne. Vous imaginez… Vous auriez le diable en face de vous… Le diable s’attaque au Fils de Dieu. Lui qui est vrai Dieu et vrai homme, voilà que dans sa chair, dans sa nature humaine, il fait l’expérience de la fragilité. Le diable le sait et c’est pourquoi il l’attaque. Et il l’attaque au désert, là où l’homme est désarmé. Le diable l’attaque. Le diviseur qui dès l’origine casse l’alliance entre l’homme et Dieu. Le serpent, le rusé, qui s’insinue dans le cœur humain pour l’incliner vers le mal, vers le péché. Le démon à qui l’évangile donne un nom, Satan, l’Adversaire, l’ennemi de Dieu, celui qui, depuis le péché des origines, dresse l’homme contre Dieu. L’homme aura-t-il le dernier mot contre lui ? Je dis « Non », mais en Jésus, l’envoyé du Père, Dieu vient l’affronter et le vaincre. « Arrière Satan ! »
« Arrière Satan ! » Le Fils de Dieu se dresse comme un rempart face à l’Adversaire, face au mal, face au tentateur, face aux forces du mal qui ne cessent d’attaquer l’humanité. « Arrière Satan ! » C’est l’uppercut final au troisième round du combat de Jésus contre Satan. « Arrière Satan ! » dira encore Jésus lorsque l’apôtre Pierre voudra prendre les armes humaines pour le défendre Jésus et l’empêcher de se livrer. « Veillez et priez pour ne pas tomber dans la tentation » dira encore Jésus aux apôtres endormis au jardin de Gethsémani avant son arrestation. L’ultime combat de Jésus contre le diable sera celui de la Croix. Satan s’est sans doute réjoui de voir Jésus crucifié, il a pensé avoir tué le Fils de Dieu, être vainqueur. En fait il est vaincu. Par la Croix, Dieu a manifesté la toute-puissance de son pardon. La résurrection est à jamais la signature de Dieu dans notre histoire, l’attestation que le mal n’aura jamais le dernier mot, qu’il est à jamais vaincu par la toute-puissance de l’amour infini de Dieu manifesté en Jésus.
Chers amis catéchumènes, vous êtes aujourd’hui appelés au baptême. Vos lettres témoignent du beau chemin qui vous a conduits au Christ. Vous avez choisi de marcher derrière lui et de faire de lui votre boussole, votre GPS. N’ayez pas peur.
Pour conclure, je voudrais vous redire que nous avons deux armes contre la peur : la foi et les œuvres de miséricorde :
- La foi. Dieu nous sauve du péché et de la mort par la puissance de son amour infini. Le baptême nous guérit du mal et dépose en nous la vie même de Dieu, la vie éternelle, la vie qui se déploie dans l’éternité de l’amour de Dieu. Telle est notre foi de chrétien, arme contre la peur.
- Les œuvres de miséricorde. L’acte de foi ouvre à l’amour de Dieu notre cœur et notre esprit, mais le péché ferme la porte à Dieu. Les œuvres de miséricorde la rouvrent. La confession de nos fautes, l’accueil du pardon de Dieu, l’amour du prochain, tous les gestes de charité que nous pourrons offrir autour de nous sont la porte d’entrée de l’amour.
N’ayez pas peur. Ayez confiance et demeurez dans l’amour. Le Seigneur est avec vous dans tous vos combats, il est votre rempart. Priez le Père de vous délivrer du mal. AMEN.