>

DRIVE MY CAR : LE PRIX DU JURY ŒCUMÉNIQUE À MARTIGUES

  • PAROISSES DE MARTIGUES ET PORT DE BOUC
DRIVE MY CAR : LE PRIX DU JURY ŒCUMÉNIQUE À MARTIGUES

Pour une méditation poétique sur le pouvoir de guérison de l’art et de la parole, grâce à un long voyage vers le pardon et l’acceptation.

Ce film délivre avec force un message universel : comment surmonter les barrières de communication dues aux conventions, classes sociales, nationalités et handicap.

Alors qu'il n'arrive toujours pas à se remettre d'un drame personnel, Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre, accepte de monter Oncle Vania dans un festival, à Hiroshima. Il y fait la connaissance de Misaki, une jeune femme réservée qu'on lui a assignée comme chauffeure. Au fil des trajets, la sincérité croissante de leurs échanges les oblige à faire face à leur passé.

DRIVE MY CAR : LE PRIX DU JURY ŒCUMÉNIQUE À MARTIGUES
DRIVE MY CAR : LE PRIX DU JURY ŒCUMÉNIQUE À MARTIGUES
DRIVE MY CAR : LE PRIX DU JURY ŒCUMÉNIQUE À MARTIGUES
DRIVE MY CAR : LE PRIX DU JURY ŒCUMÉNIQUE À MARTIGUES

Drive My Car », un road-movie intimiste et envoûtant

 

Le Japonais Ryusuke Hamaguchi embarque un metteur en scène et sa chauffeuse dans une Saab rouge et signe un film éblouissant sur le deuil et le pouvoir des mots. Récompensé pour son scénario lors du dernier Festival de Cannes, « Drive My Car » est le lauréat du prix du jury œcuménique.

 

Jeune cinéaste japonais de 42 ans, Ryusuke Hamaguchi a eu le privilège rare d’être primé la même année, à Berlin et Cannes, avec deux films différents. Après Contes du hasard et autres fantaisies, dont l’inspiration très rohmérienne a été couronnée en mars dernier d’un Ours d’argent, Drive My Car, éblouissant road-movie intimiste, est reparti de la Croisette avec le prix du scénario.

 

Cette place modeste au sein d’un palmarès par ailleurs très tape-à-l’œil ne reflète pas la forte impression qu’a laissé aux festivaliers ce film auréolé du prix de la critique internationale, du jury œcuménique et de l’Association française des cinémas d’art et essai. Il partage en cela le même destin que le très beau Burning du Sud-Coréen Lee Chang-dong, encensé par les critiques en 2018 mais injustement ignoré par le jury.

 

La dilatation du temps

 

Les deux films ont en commun d’être adaptés d’une nouvelle de Haruki Murakami, dont l’œuvre prolifique semble être une inépuisable source d’inspiration pour les cinéastes. D’une cinquantaine de pages, tirées du recueil Des hommes sans femmes (Belfond, 2017), le cinéaste, dont on avait découvert le talent à explorer les sentiments dans Asako I et II, déroule sur près de trois heures les tourments d’un homme qui cherche à surmonter la perte de sa femme et à affronter ses démons intérieurs.

 

Dans cette dilatation du temps propre à son cinéma, Ryusuke Hamaguchi fait précéder son histoire d’un prologue de 45 minutes qui revient sur le couple que formait Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre charismatique, et sa femme, Oto, scénariste pour la télévision. Lorsque le film débute, celle-ci, filmée en ombre chinoise, lui raconte une histoire, celle du scénario qu’elle est en train d’écrire dont l’inspiration lui vient la nuit mais qu’elle aura oublié le lendemain. À charge pour son mari de le retranscrire au matin. Les mots circulent ainsi de l’un à l’autre et forment le ciment sur lequel repose leur intimité, les aidant à surmonter un événement traumatique de leur passé.

 

Une mise en scène hypnotique

 

Après sa mort brutale, Yusuke va tenter de se reconstruire et devra pour cela faire face à lui-même. Cette quête, il l’accomplit dans un double mouvement : à travers les mots de Tchekhov dont il répète Oncle Vania en vue d’un festival à Hiroshima et à bord de sa Saab rouge au cours des va-et-vient entre son logement provisoire et le lieu de la répétition.

 

La personnalité énigmatique de Takatsuki, jeune comédien qu’il soupçonne d’avoir eu une aventure avec sa femme juste avant sa mort, va l’inciter à affronter sa propre vérité. Tout comme l’espace clos du véhicule – thème que l’on retrouve dans son précédent film – qui favorise les conversations intimes avec la jeune femme qu’on lui a assignée contre son gré comme chauffeure. Misaki, jeune fille modeste et discrète, porte également en elle le poids d’une enfance douloureuse. Au fil des trajets, une amitié va se nouer entre eux, leur permettant de se confronter ensemble à leur passé pour « continuer à vivre», comme le déclame Sonia à Vania à la fin de la pièce.

 

 

C’est à ce voyage terrestre comme intérieur que nous entraîne Ryusuke Hamaguchi, dans une mise en scène hypnotique qui jamais ne nous fait ressentir l’ennui. Elle laisse se dérouler les questions et les réponses de Yusuke à la manière « d’une chaîne de voix apportant la vérité », explique le réalisateur dans sa note d’intention.

 

Le pouvoir guérisseur des mots et sa faculté à révéler les êtres en est le fil rouge. Ceux d’Oto racontant ses histoires après avoir fait l’amour, ceux prononcés dans toutes les langues, y compris celle des signes, par les acteurs parce que « jouer, c’est vivre » professe Yusuke, ceux encore qui font jaillir la vérité ou au contraire qu’on regrette de ne jamais avoir prononcés.

DRIVE MY CAR : LE PRIX DU JURY ŒCUMÉNIQUE À MARTIGUES
@paroissemartig © 2010 -  Hébergé par Overblog