LES ROSES DE NOËL
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Encore une fois, nous allons passer Noël.
Ce qui devrait captiver notre attention, ce qui devrait appeler notre adoration, ce qui devrait redresser notre espérance, plus que jamais, en ce Noël, au-delà des ruines dont nous sommes les témoins lucides ou révoltés, c’est l’Événement à la fois infime et immense, à la fois atomique et cosmique, dont Noël n’est que l’autre nom, puisqu’aussi bien il n’est d’événement véritable qui ne soit une naissance. Pâques, déjà, dont Noël est le bourgeon. « Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. » (Jn 1, 14.) « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jn 3, 16-17.) Ce salut ne présuppose chez son Auteur aucun courroux, pas davantage qu’il n’exige de victime. Pour collaborer avec lui, ce salut n’a que faire de conquérants : il ne veut que des témoins. Les constructions humaines, même religieuses, sont caduques : l’Événement, lui, est inépuisable. Il est toujours en vie. Il est « la Vie » (Jn 14, 6). Il est « Semence » autant que « Semeur » (Mt 13, 3-8).
La froidure semble s’être abattue sur le monde, sur l’Église, sur l’intime de chacun de nous. Mais ces circonstances « climatiques », si éprouvantes qu’elles soient, ne sont pas une fatalité. Attaché au plus élémentaire de nos vies, l’Événement est robuste et nous communique sa ténacité. Les jardiniers savent que les roses de Noël s’accommodent mal d’une ambiance trop confortable et se portent bien de la neige. À notre être spirituel, à notre vie baptismale aussi, il faut je ne sais quels frimas environnants pour s’épanouir. « Demain » se peut planter, dès aujourd’hui.
Frère François, depuis la solitude cantalienne.
Envoyé par Antoinette Philippi