'UN VILLAGE FRANCAIS' : SAINT ANDIOL
-
'Un village français’ ; c’était le titre d’une série télévisée qui, ces dernières années, a voulu retracer en plusieurs épisodes l’ambiance et le courage de certaines personnes à comprendre la situation tragique de la France des années 1940-1942 et à s’engager dans la Résistance à l’occupant nazi.
S’il y a un village qui peut illustrer le mieux, dans notre région provençale, l’esprit de la Résistance, c’est celui de Saint Andiol.
Il y a quelques jours, notre équipe de prêtres et religieuses de Martigues a visité sous la conduite du Père Michel Isoard, qui est natif de ce village et qui nous en a fait connaître quelques aspects. En particulier, celui de l’église Saint Vincent dans sa construction en forme de forteresse, et les fonds baptismaux où lui-même est né à la vie chrétienne en 1963.
Mais sur ces mêmes fonds baptismaux a été célébré également le baptême d’un enfant illustre de notre pays, la France et de ce village (sans doute en 1899), celui de Jean Moulin. Celui-ci s’est courageusement opposé aux exactions des troupes d’occupation en tant que préfet d’Eure-et-Loir en 1940, puis en tant que délégué du Général de Gaulle pour coordonner les mouvements de résistance en France occupée. Parachuté de nuit dans les environs de ce village qu’il connaissait bien, par l’aviation britannique, il réussira sa mission. Mais dénoncé et trahi, il sera arrêté et torturé par la Gestapo à Lyon et il y perdit la vie sans livrer aucun renseignement, alors qu’il les connaissait tous. Ses cendres entreront au Panthéon en 1964 avec un discours fameux de André Malraux, en présence du Général de Gaulle, du gouvernement Debré et des associations de résistants.
Mais un autre résistant a fini ses jours à Saint Andiol, d’une manière moins tragique. C’est l’abbé Singulé qui avait organisé un réseau quand il était curé des paroisses de Meyrargues et Venelles. Il avait eu le courage, lui qui parlait allemand, langue proche de son origine alsacienne, d’aller arracher des mains des Allemands 12 jeunes otages de Meyrargues emprisonnés aux Baumettes à Marseille en instance d’être exécutés. Une plaque rappelle cet exploit dans l’église de Meyrargues et une autre à Venelles. Engagé comme aumônier militaire dans la 2ème D.B. du Général Leclerc, il accompagnera les soldats jusque dans le nid d’aigle d’Hitler à Berchtesgaden, en Autriche. Revenu à la vie civile, il fut nommé, à sa demande, à la paroisse de Saint Andiol où il mourut suite à sa faible constitution et aux dangers traversés. Il est inhumé dans le cimetière du village.
En notre époque d’incertitude, il est bon de raviver le souvenir de ces deux héros qui ne se sont pas connus mais qui ont combattu le même ennemi, le fanatisme et l’oppression, en faisant passer les intérêts des autres avant leur propre intérêt et y laissant leur vie. On peut dire que c’est un exemple christique.
Et désormais, c’est notre ami, le Père Sathiya qui depuis Plan d’Orgon où il réside, dessert aussi cette paroisse de ce secteur pastoral. Nous lui souhaitons ‘’bonne route’’ alors qu’il fête son 43ème anniversaire ce 7 novembre 2023.
Père Robert Aliger