LA TRAVERSÉE DE NOS DÉSERTS
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Le désert n’est pas un but en soi,
mais un passage nécessaire.
C’est la Terre Sainte où coulent le lait et le miel qui est l’objet des promesses divines.
Mais l’homme s’est mis ou s’est trouvé dans une telle situation d’éloignement, d’encombrement, d’esclavage, qu’il doit, pour en sortir, le traverser d’abord, terre aride, altérée et sans eau.
Nous pourrions crier à l’injustice ou à la cruauté si Dieu, en face de cela, était resté distant ou muet.
Mais tout au long de la marche de son peuple au désert, Dieu chemine avec lui et ne l’abandonne jamais.
Il y a un mystère divin attaché au désert : c’est que le Christ lui-même, le premier, y est passé !
C’est là qu’il est venu nous chercher et qu’il nous faut le rejoindre.
Au creux de nos tentations, de nos épreuves, de nos doutes, il est présent.
Au milieu de nos déserts, l’amour de Dieu est déjà venu nous habiter.
Le désert est aussi ce temps de grâce qui nous libère et nous purifie.
Il faut passer par le désert, écrit Charles de Foucauld, et y séjourner pour recevoir la grâce de Dieu.
C’est que l’on se vide, qu’on chasse de soi tout ce qui n’est pas Dieu ; qu’on libère la petite maison de notre âme pour ne faire la place qu’à Dieu seul… C’est indispensable, continue-t-il, c’est un temps de grâce…. c’est une période par laquelle toute âme qui veut porter des fruits doit nécessairement passer.
Que de choses, que de pensées, que de projets nous occupent et nous alourdissent, quand vient l’heure de l’épreuve où cela nous est comme arraché, nous sentons bien la dureté de ce dépouillement. Mais comme il est vrai aussi que cela nous libère, nous allège, nous purifie.
S’il ne savait pas cela de certitude absolue, jamais le Christ ne nous aurait proposé de tout quitter pour le suivre, et de prendre avec nous, chaque jour, notre croix, pour nous conformer à lui.
Car au bout de ce chemin, il y a la Terre de la liberté et de la joie.
Frère Pierre-Marie, extrait d'une homélie du 4 mars 1979