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UN COEUR QUI AIME EST UN COEUR QUI VOIT

  • PAROISSES DE MARTIGUES ET PORT DE BOUC
Homélie de Patrick Alouin pour le cinquième Dimanche du Temps Ordinaire.

 

 

Écoutez :

 

 

 

Mes amis,

 

L’Evangile de ce jour nous relate une guérison, celle d’une belle-mère. De fait dans les 2 premiers chapitres de son Evangile St Marc nous relate de multiples guérisons : celle d’un démoniaque, celles de malades en tous genres, d’un lépreux, d’un paralytique, etc.

 

Oui nous le savons, Jésus guérit, Jésus sauve !

 

Mais on peut se demander comment se produisent toutes ces guérisons, en commençant spécialement par celle de la belle-mère, et puis surtout ce que Jésus nous enseigne aujourd’hui à travers elles.

 

Pour moi, la réponse à la question du comment se trouve tout simplement dans la trame de l’histoire.

 

Ecoutez : on parle de la belle-mère à Jésus, il se rend chez elle, il lui tend la main, elle se lève. C’est vraiment très simple non ?

 

On remarque que l’on ne sait rien de la maladie de la belle-mère, même si l’on peut supposer que sa maladie est relativement sérieuse puisqu’elle ne se levait pas avant la venue de Jésus.

 

Mais alors qu’est-ce qui déclenche le détour de Jésus vers cette femme ?

 

Là aussi la réponse me semble évidente. Elle est dans le texte même : parce qu’on LUI parle d’elle !

 

Cette femme est la belle-mère de son ami Simon, et c’est sans aucun doute par compassion qu’il se rend à son chevet.

 

Oui Jésus intercède pour nous quand nous le lui demandons.

 

La prière d’intercession a porté du fruit : n’hésitons pas à en user, et pourquoi pas à en abuser. À tout moment, tous les jours, quelle que soit la situation. A temps et à contre-temps, au-delà de la P.U, des prières en communautés, des prières individuelles rituelles journalières.

 

Il m’arrive assez souvent de prier pour un inconnu croisé dans la rue…au moment même où je le croise et que sa situation me semble être difficile pour lui. Je demande alors à Dieu de lui donner ce qui est bon pour lui, si tant est qu’il ait besoin d’aide.

 

Peut-être vous aussi.

 

De même je suis sûr que vous avez tous en tête des exemples de guérisons après des prières d’intercession.

 

Des guérisons voire des miracles, reconnues par les plus hautes autorités.

 

Cette prière d’intercession, si petite soit-elle, mais si profonde soit-elle, touchera DIEU.

 

Et Dieu, ainsi touché, touchera la personne selon SON projet pour elle ! Non pas ce que nous voulons, mais ce que LUI veut pour elle !

 

Dans l’Evangile de ce jour, c’est exactement ce qui se passe, au sens propre du terme : Jésus-Christ fils de Dieu touche la main de la belle-mère.

 

Ce geste est efficace, il est performatif, puisqu’elle se lève aussitôt.

 

La main de Jésus touche la main de la belle-mère.

 

Alors oui, la main de Dieu !

 

La main de Dieu c’est le prolongement de son cœur de miséricorde.

 

La main de Dieu c’est l’action de son amour pour nous, comme notre main peut être le prolongement de notre cœur et de notre attention pour notre prochain.

 

Vous vous souvenez : la main de Dieu, et plus précisément le doigt de Dieu, le symbole de la Création dans la peinture de Michel-Ange de la Chapelle Sixtine.

 

C’est une Création de vie, une Création d’Amour, un Projet d’amour de Dieu pour toute l’Humanité.

 

Dans l’Evangile d’aujourd’hui, la main de Jésus est comme son cœur, car c’est son amour qui guérit.

 

Aujourd’hui encore Jésus Fils de Dieu nous guérit parfois de maladies physiques, parfois de maladies spirituelles, parfois de maux de cœur, parfois de maux communautaires.

 

Il nous fait sortir de nos enfermements, de nos préjugés.

 

Oui Dieu guérit comme je le disais au début, mais le projet de Dieu, c’est vraiment de nous guérir afin que, une fois guéris, nous puissions nous-mêmes « tendre notre main » vers nos prochains, « avoir le cœur sur la main » pour servir notre prochain comme la belle-mère une fois guérie part servir.

 

Que notre main soit comme la main de Dieu ! Le prophète Isaïe le disait : « Nous sommes gravés dans la paume des mains de Dieu »

 

Partir servir c’est partir sur un chemin de partage, partage d’amour. D’ailleurs dans une dizaine de jours nous allons partir sur un chemin de partage : le chemin de Carême, chemin de partage, de conversion, c’est-à-dire de guérison pour nous et nos prochains.

 

Une guérison qui va nous l’espérons se propager.

 

Car oui finalement par la guérison de la belle-mère on assiste à une contagion.

 

Mais pas une contagion des maux, des maladies, non ! Mais la contagion du règne de Dieu à travers la grâce du Christ.

 

Dans le départ de la belle-mère pour servir ses prochains, et sans aucun doute par là-même pour témoigner, j’y vois aussi la demande du Christ pour nous d’aller porter ailleurs la Bonne Nouvelle, et de la mettre en pratique. Comme il le fait LUI dans la suite de l’Evangile, et tout au long de son périple en Galilée.

 

A partir des signes qu’il nous donne de sa présence, de sa sagesse, il nous dit d’aller ailleurs, de nous lever, si je puis dire : « Talita Khoum »

 

Non pour fuir ici, mais pour témoigner là-bas. Un là-bas qui peut être aussi très proche, un là-bas qui s’atteint permettez-moi « de proche en proche ».

 

C’est le sens de l’envoi final, je veux dire à la fin de la Messe.

 

J’aime bien clamer au lieu de « Allez dans la paix du Christ », « allez porter l’Evangile du Seigneur ».

 

La maison de la belle-mère c’est celle de Simon, c’est-à-dire la maison de Pierre, c’est-à-dire maintenant la communauté de l’Eglise.

 

Le Christ nous invite d’une certaine manière à tendre la main dans l’Eglise et en dehors de l’Eglise.

 

Enfin, par sa manière d’agir après la guérison de la belle-mère, Jésus nous enseigne un élément essentiel de notre vie de Chrétien : notre relation permanente et directe à Dieu le Père, non pas uniquement notre demande d’intercession pour les autres mais celle où l’on se reconnaît enfants de Dieu par le « Notre Père ». Celle qu’a dû réciter Jésus en se retirant, avant d’aller « ailleurs ».

 

Cette prière c’est la reconnaissance de nos péchés personnels, et de sa puissance pour nous en délivrer.

 

Celle qui fortifie par Lui, avec Lui et en Lui.

 

Celle qui nous fait reconnaître, dans la foi, notre pauvreté en toute humilité.

 

« La science enfle, la charité édifie » dit saint Paul aux Corinthiens.

 

Celle par laquelle le démon voit à coup sûr notre filiation à Dieu. « Il le sait », pour nous comme pour Jésus.

 

Alors osons demander, pour nous tous, à l’Esprit Saint de « voir les malades pour leur tendre la main ».

 

Parce que comme le disait Benoit XVI : un cœur qui aime est un cœur qui voit, les paroles justes nous serons données pour les amener à Jésus. Le Christ les guérira comme il veut LUI pour leur donner la Vie en plénitude.

 

AMEN

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