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VISITER, ÊTRE VISITÉ, JOIE ET SALUT

  • PAROISSES DE MARTIGUES ET PORT DE BOUC
Homélie de Patrick Alouin, diacre, pour le quatrième dimanche de l'Avent

Homélie de Patrick Alouin, diacre, pour le quatrième dimanche de l'Avent

 

 

 

Écoutez ici :

 

 

Mes amis, mes frères et sœurs dans le Christ,

 

Cet évangile de La Visitation de Marie à Elisabeth peut nous paraître très simple et très humain à la fois. Pensez donc : 2 femmes, qui plus est 2 cousines, se réjouissent ensemble de leur grossesse, mais quoi de plus normal !

De même qu’il est, et qu’il sera, tout-à-fait normal de se réjouir de la naissance du Seigneur dans 2 jours !

Mais je crois que cet évangile devrait nous parler et nous transformer un peu plus, plus profondément que cela en ce dernier dimanche de l’Avent.

 

Tout d’abord je vous fais remarquer que dans une Visitation, il y a visite, certes, mais il y a surtout 2 personnes : un visitant et un visité. Je ne dis pas visiteur, pour laisser ce terme à un champ plusculturel que cultuel.

Alors je crois qu’en ce jour nous, les femmes comme les hommes, pouvons les regarder, les contempler, et se laisser inspirer autant par Marie que par Elisabeth, avec bien entendu les 2 enfants (et quels enfants !).

Parce que cela n’a rien à voir avec la capacité physiologique d’accueillir un enfant ; c’est d’un autre type d’accueil dont il s’agit !

 

Chronologiquement, avant la Visitation, Marie a accueilli l’annonce de l’ange.

C’était déjà une Visitation dans l’Annonciation : Dieu visitait Marie par son ange, Marie était visitée par Dieu, elle accueillait sa Parole.

Elle a été docile à sa Parole, elle l’a accueillie avec confiance, avec grande foi.

Elle avait son cœur et son corps ouverts à Dieu.

A l’annonce de la grossesse de sa cousine elle a non seulement ressenti une grande joie, mais elle a aussi compris que rien n’est impossible à Dieu, dès lors qu’on le laisse agir en soi.

Vous voyez il y avait également eu un visitant, une visitée, de la joie et du salut par la Foi. 

 

C’est ce que nous rappelle le Psaume aujourd’hui : 

C’est tout-à-fait un chemin de sainteté, c’est-à-dire de salut par la Foi.

Aujourd’hui, c’est Elisabeth qui le proclame à Marie, dans l’évangile : « Bienheureuse es-tu !», et cette proclamation nous questionne sur ce point.

La question en effet qui s’impose à nous me semble être : et nous alors ? à quelques jours de la Nativité, la naissance humaine de Jésus, sommes-nous des « visitants » ou des visités, ou bien des visités et des « visitants » ?

 

Marie la visitante ne parle pas de l’enfant qu’elle porte, le Christ. Non, elle le laisse tout simplement agir en elle et interagir avec Elisabeth, la visitée. Force est de constater que cela a un réel effet.

Marie nous invite ainsi à laisser passer le Christ en nous, non pas forcément d’en parler sans cesse.

D’où la question : faisons-nous vraiment passer le Christ en nous et le propager autour de nous ?

Dans 2 jours nous mettrons le sujet santon Jésus Christ dans la crèche. C’est important bien entendu de compléter la crèche. Mais le plus important ce n’est pas de mettre la main sur le santon, le petit Jésus, car ce serait un peu le « posséder ».

Non ! Le plus important est d’être présent au « trésor » qui vient à notre rencontre nous habiter. En fait nous visiter tout simplement !

Le plus important est à vivre dès à présent, et sera dans la nuit du 24 décembre : c’est réellement accueillir Dieu en Jésus Christ son fils, se laisser visiter, être visité, et le laisser rayonner en nous.

Je suis certain que des Elisabeth et des Jean-Baptiste nous attendent quelque part !

 

Je vous propose ainsi lorsque vous déposerez dans la crèche au milieu de Marie et Joseph, lorsque vous vous déposséderez d’une certaine manière du santon sujet Jésus Christ, de dire un grand OUI à Dieu. Et de le LUI signifier au plus profond de vous, de votre cœur.

Ce ne sera plus un acte de décoration, mais un acte de Foi.

Laissez LE vous visiter, pour votre Salut et votre Joie, donc pour Sa plus grande gloire.

 

Elisabeth a été visitée par Marie. Elle a reconnu en Marie La Mère de Dieu (Théotokos), elle a reconnu la présence de Dieu dans son humble et pauvre cousine Marie, qui venait de faire plus de 100 km avec empressement !

Oui, Jésus vient à nous avec simplicité et fragilité.

Alors nous pouvons en ces périodes festives, comme pendant le reste de l’année d’ailleurs, Lui demander de LE reconnaître, et LE laisser passer en nous, nous « visiter », avec tressaillement de joie dans nos rencontres les plus simples, les plus pauvres, les plus ordinaires. Trouvonsdans nos vies, sa présence !

Nous sommes des Elisabeth et il est des rencontres qui nous transforment à tout jamais, qui nous sauvent sans aucun doute !

Car Dieu est tout en tous, il est là dans notre monde.

L’Esprit Saint nous fait bouger, comme il a fait bouger Marie et Jean-Baptiste !

Finalement, Jésus, par son Esprit, crée des relations, non des structures ou des hiérarchies.

En se laissant visiter par le Christ, nous pouvons devenir des visitants de nos prochains.

Et puisque nous portons le Christ en nous, nous le porterons à l’autre.

Nous lui donnerons assurément de la joie et du salut ! Comme pour Marie avec Elisabeth et Jean !

 

Dans quelques instants, justement après l’annonce, la proclamation de la Parole, nous allons accueillir le Verbe fait chair dans l’Eucharistie.

Tout comme Marie a accueilli le Verbe fait chair après l’Annonciation.

Alors nous pouvons cette fois-ci comme Elisabeth nous étonner. Nous étonner encore et encore de ce que le Seigneur est proche, de ce qu’il fait pour nous lorsque nous le désirons vraiment pour le laisser agir en nous, de le laisser visiter notre corps et notre cœur.

Je me permets de paraphraser, PTC un théologien que j’aime beaucoup : « le Seigneur ne viendra vite que si nous l’attendons beaucoup ».

Bienheureux pourrions-nous être, non par le fait d’avoir pris et porté en nous le Christ, mais par le fait de désirer son corps, d’être visités par le Verbe fait chair. Comme Marie finalement ! 

 

Maintenant permettez-moi de conclure en portant un regard dans cet évangile sur celui qui est sans aucun doute présent dans cette scène de l’Evangile, mais qui n’est pas cité. Le diacre se doit de penser à celui à qui personne ne pense.

Je veux parler de Zacharie, le mari d’Elisabeth, resté muet.

Il a vu, de ses yeux vu, cette visite de Marie à son épouse Elisabeth, et il a compris en cela la Visite de Dieu.

Cela l’a rempli de joie, l’a sauvé, et a permis qu’il nous transmette par sa foi, ce beau cantique : « Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient sauver son peuple ».

 

Visiter, être visité, joie et salut : voilà ce que nous pouvons prier tous ensemble pour aujourd’hui et pour toujours !

AMEN.

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