PAROISSES DE MARTIGUES ET PORT DE BOUC

 

 

 

Écoutez ici :

 

 

Mes amis, mes frères et sœurs dans le Christ,

 

L’évangile d’aujourd’hui est intitulé « Appel des premiers disciples », car il est vrai que dans le dernier verset il est écrit : « ils ramenèrent les barques, et laissant tout, ils le suivirent ». Mais je crois qu’on pourrait aussi dire « Envoi des premiers disciples en mission ».

Alors je voudrais partager avec vous les fruits de ma méditation sur la manière utilisée par Jésus pour appeler Pierre et ses compagnons à devenir disciples-missionnaires.

Dieu restant toujours le même, je suis certain que nous trouverons ou retrouverons des similitudes et des transpositions aisées avec nous-mêmes dans nos vies, environ 2000 ans après cet événement.

 

En premier lieu Jésus vient enseigner la foule. Il va vers cette foule, qui intentionnellement s’est amassée au bord de l’eau, pour écouter sa Parole.

Comme nous aujourd’hui nous sommes venus pour écouter sa Parole. Et sans aucun doute comme nous le faisons tous dans nos vies respectives en dehors des messes dominicales.

Et puis Jésus voit Pierre et ses compagnons un peu à l’écart affairés à laver leurs outils de travail, les filets, près de leur second outil de travail, la barque. De fait Jésus s’intéresse à eux, ceux qui ne faisaient pas partie de la foule, de cette communauté rassemblée. Pierre et ses compagnons n’étaient pas là pour écouter sa Parole, ils en étaient déconnectés dans leur monde du travail.

Déconnectés momentanément sans doute, car on peut penser qu’ils avaient été « enseignés » auparavant.

Nous aussi, nous sommes parfois connectés à la messe, et ensuite nous sommes déconnectés.

Alors Jésus les reconnecte, si je puis dire, en leur faisant utiliser justement leur outil de travail. Il vient, oui il vient, dans leur milieu de travail, dans leur milieu de vie, dans leur état de vie.

Oui Jésus vient à tout instant dans nos vies, pour nous reconnecter à Lui, même lorsque nous n’avons pas de travail, lorsque nous n’avons plus de travail, lorsque nous sommes faibles, etc.

Et finalement ils seront utiles à Jésus pour transmettre sa Parole car Pierre et ses compagnons non seulement contribuent, en prêtant leur barque, à l’évangélisation, c’est-à-dire la transmission de la Parole de Dieu à la communauté, mais ils pourront aussi écouter à nouveau cette Parole vivante et en profiter.

C’est aussi cela la surabondance de la Parole.

 

Il est à noter que rien n’est dit sur la nature de l’enseignement, rien n’est dit sur ce qu’enseignait Jésus à ce moment-là, car ce n’est pas je pense le plus important de l’histoire. Peut-être d’ailleurs que Pierre et ses compagnons n’écoutaient pas trop, nous n’en savons rien !

Et nous alors, tendons-nous l’oreille à tout instant, à la messe et ailleurs dans nos vies après la messe ?

Dans nos vies professionnelles, associatives, de retraités, et où sais-je encore ?

Et puis quelle barque mettons-nous à disposition du Seigneur pour transmettre sa Parole ?

Mais également il me vient la question :  quels moyens le Seigneur nous demande-t-il de lui mettre à disposition ?

Je suis sûr qu’il nous demande à chacun une contribution, depuis notre baptême. Nous sommes libres d’accepter ou de refuser, comme à l’époque de Pierre.

Pierre et ses compagnons ont accepté, même après une nuit complète de pêche et en ayant déjà commencé à laver ou ranger leurs outils de travail.

Ils risquaient de les salir à nouveau, mais peu importe, ils voulaient le suivre.

Depuis notre baptême nous sommes prêtres, prophètes et rois.

Prêtres et prophètes en étant connectés à sa Parole, c’est-à-dire en l’accueillant et en la partageant.

Rois en servant nos proches, et Dieu, par Sa Parole.

Finalement comme l’on fait Pierre et ses compagnons, guidés par Jésus.

Oui, Jésus vient nous chercher, et Il nous guide dans cette mission, si tant est que nous soyons à son écoute ! Il vient nous reconnecter même lorsque nous sommes déconnectés !

 

Après avoir enseigné la foule depuis la barque, Jésus demande dans un second temps, à Pierre de l’emmener au large pour pécher. Pierre accepte, et pourtant de toute la nuit il n’avait rien pris dans ses filets.

Jésus met ainsi Pierre encore plus à l’écart, loin de la foule. Il l’isole.

Mais Pierre est isolé avec Jésus, puisque Jésus est aussi dans la barque.

Cet isolement se réalise au lieu même d’où Pierre était revenu bredouille. Et là Pierre reçoit cette pèche surabondante. Cette pèche surabondante est un signe non seulement donné à Pierre, mais aussi à la foule restée sur le rivage, qui voit les filets se remplir.

Pierre, en acceptant de conduire Jésus au large pour y jeter ses filets, lui a fait preuve de confiance, c’est-à-dire de foi. Foi en sa Parole.

Il le dit d’ailleurs : sur ta parole je vais jeter les filets.

Cette confiance était présente en Pierre, même dans les situations d’échec qu’il rencontrait dans sa vie de pécheur professionnel ce jour-là.

Dieu nous aide à traverser les situations difficiles de la vie, il les traverse avec nous. Il nous aide quand nous lui témoignons sans réserve notre confiance, notre foi.

Les difficultés de tous ordres, y compris les maladies physiques ou mentales.

Dieu monte dans notre barque, cette barque qui parfois prend l’eau, à cause de nos difficultés, nos pauvretés, nos faiblesses, nos péchés, etc.

Et Dieu nous aide à sortir de ces situations. Mais remarquez que dans le cas de Pierre, ce n’est pas Jésus qui a lancé, tendu et remonté les filets, c’est bien Pierre et ses compagnons de l’autre barque qui ont agi.

Il en est de même pour nous je crois.

Osons, agissons, sinon rien ne se passe !

Quand il est trop tard ou semble être trop tard pour les réussites humaines, il n’est jamais trop tard pour Dieu !

Dieu nous demande souvent aux moments de fatigue ou de découragement ce petit geste qui n’a l’air de rien, mais qui déjà nous met en marche vers Lui, vers notre salut. Un peu comme quand on demande à un enfant découragé de faire un petit pas, et encore un petit pas… Graduellement on arrive à faire avec lui des choses formidables. Et ces actions donnent envie à l’enfant de continuer et de recommencer.

Oui la Parole de Dieu est plus forte que les évidences, plus sûre que les doutes, plus impérieuse que le découragement.

Mais alors, comment faire si nous sommes en proie aux doutes ? Comment faire si Dieu n’est plus notre priorité ? Comment savoir ce que Dieu nous demande de faire ?

Laissons déjà sa Lumière éclairer notre condition humaine, surtout quand nous la trouvons défavorable, et acceptons cette parole : n’aie pas peur !

Car Dieu ne va pas essayer d’éblouir notre intelligence, non !

Dieu vient briser les duretés de notre cœur d’abord !

Voyez par exemple dans l’évangile, Jésus n’a pas expliqué à Pierre comment pécher, Jésus ne lui en a pas mis plein la tête et les yeux sur les bonnes techniques de pêche. Jésus n’a pas essayé de convaincre Pierre à retourner au large pour pécher.

Jésus a simplement mis Pierre en confiance, et de fait sa confiance, sa Foi, a grandi.

 

Le Seigneur vient chercher les pauvres, les pécheurs, c’est avec eux qu’il veut toucher les cœurs.

Nous sommes rassemblés dans cette église. Je dirais même dans la nef de l’église.

Vous remarquez que le mot nef signifie aussi un navire, en fait une grande barque.

Eh bien dans cette barque, nous rencontrons le Christ, nous écoutons sa Parole, et nous pouvons y trouver un salut dans notre confiance accrue, notre foi renforcée.

Les grâces sont alors parfois surabondantes, comme la pèche de Pierre dans l’évangile.

Saurons-nous une fois sortis de cette nef, comme Pierre revenu à terre et quittant la barque, répondre à ce très bel appel de Dieu ?

 

Je ne manquerai pas de vous et de nous y inviter dans la proclamation de l’envoi. Je ne dirai pas « Allez dans la paix du Christ » ou « Allez porter l’Evangile du Seigneur », mais je dirai la troisième formule du missel qui prend tout son sens aujourd’hui, pour nous tous disciples-missionnaires tels Paul et ses compagnons il y a plus de 2000 ans : « Allez en Paix, glorifiez le Seigneur par votre Vie ». AMEN.