MARTIGUES : LE RETABLE D'ISSENHEIM A SAINT GENEST
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Photo de "La Résurrection" du retable d'Issenheim,
dans le choeur de Saint Genest à Martigues
Le retable d'Issenheim
Le retable d’Issenheim, consacré à saint Antoine, est l’œuvre de deux grands maîtres allemands du gothique tardif : le peintre Matthias Grünewald, dont il constitue incontestablement le chef-d’œuvre, pour les panneaux peints (1512-1516) et Niklaus von Hagenau pour la partie sculptée (autour de 1490).
Le retable est constitué d’un ensemble de plusieurs panneaux peints qui s’articulent autour d’une caisse centrale composée de sculptures.
Ce magnifique et monumental polyptyque se trouve aujourd’hui à Colmar, au musée d'Unterlinden dont il est indubitablement la pièce maîtresse et qui lui doit sa renommée internationale. Il est exposé dans la chapelle, où tout a été fait par les responsables du musée pour sa mise en valeur.
Le retable d’Issenheim comporte des scènes d’une intensité dramatique peu commune, et tout à fait exceptionnelle pour son époque. Le fantastique n’en est pas exclu – ce qui rapprocherait Grünewald de Jérôme Bosch – ni un maniérisme qui font de cet artiste un génie isolé et presque inclassable.
L'étonnante modernité de l'œuvre a fasciné de nombreux artistes français et étrangers, au premier rang desquels le peintre japonais Itsuki Yanai, qui a passé plus de vingt ans à copier le tableau original.
La Résurrection
Le Christ écarte les bras, les paumes tournées vers l’extérieur, dans un geste réclamant une forte tension, qu’il accomplit pourtant avec une impression de souveraine légèreté, et par lequel il semble porter de l’intérieur le halo lumineux qui l’entoure — ou bien ce halo matérialise le geste formé par les bras et les mains.
La tête du Christ, au centre de la sphère, irradie d’une lumière dans laquelle elle se fond, de sorte que les traits du visage ne peuvent être distingués nettement, comme si sa substance se répandait dans toute la sphère, dans tout l’espace dessiné par les mains. Cette dissolution de la tête et son expansion jusqu’au confins d’un univers qu’elle embrasse intégralement, apparaît comme une image saisissante de l’éveil. Celui qui n'occupait que l'espace de son corps voit ce dernier transfiguré, retourné comme un gant, dilaté au point de contenir tout l'espace.
La sphère entière, toute sa périphérie, est devenue le coeur du Christ qui embrasse le spectateur. L'artiste a d'ailleurs placé cette sphère de telle sorte que son centre coïncide avec le coeur du Ressuscité. Il a même redoublé l’impression d’éclosion en entourant la sphère d’un liseré par lequel le bleu du linceul se prolonge tout autour du halo de lumière, et se fond dans les ténèbres du ciel nocturne, ces ténèbres qui entourent le monde comme un linceul que le Christ repousse de ses bras, et qu'il transforme en lumière.
L’enveloppe de la mort devient ainsi l'habit de la vie, couleur feu et sang, comme si tout ce que touchait le Ressuscité se trouvait transfiguré par sa victoire sur la mort.
Source : Matthias Grünewald : Le retable d'Issenheim
Vue du retable à Colmar