SEMAILLES, CROISSANCE, FRUITS, MISSION
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Homélie du Dimanche 17 juin 2018 Église de la Madeleine . Cliquer ci-dessus pour écouter.
Mardi dernier, un des psaumes qui composaient la prière des Laudes s’intitulait : Action de Grâces pour les bienfaits de Dieu, le voici, en partie :
Tu visites la terre et tu l’abreuves, tu la combles de richesses ;
Les ruisseaux de Dieu regorgent d’eau : tu prépares les moissons.
Ainsi, tu prépares la terre, tu arroses les sillons ;
Tu aplanis le sol, tu le détrempes sous les pluies, tu bénis les semailles.
Tu couronnes une année de bienfaits ; sur ton passage ruisselle l’abondance.
Au désert, les pâturages ruissellent, les collines débordent d’allégresse.
Les herbages se parent de troupeaux et les plaines se couvrent de blé
Tout exulte et chante.
En effet, si Dieu bénit les semailles, il revient à l’homme de les mettre en œuvre et c’est sa responsabilité totale et entière.
Dieu a chargé l’homme et la femme de perpétuer sur cette terre toute semence et de l’aider à croitre, de la protéger.
A l’homme, également, revient le dur labeur qui a lieu avant et après les semailles.. Ceci est du domaine de la Sagesse. Mais au lien de semer dans la chair, il nous faut semer dans l’esprit
La lecture du journal, les informations à la télé disent tellement le contraire. Où es-tu Seigneur, quand on tue partout dans le monde, Où es-tu quand le sida conduit à des morts affreuses, où es-tu quand des immigrés sont à la recherche d’une terre d’accueil, où es-tu quand l’argent devient le maître de tout, où es-tu quand l’individualisme fait disparaître toute vie fraternelle ?
Dans tout cela où est Dieu ? Nous ne le trouvons pas quand nous voulons détecter ses actions, comme si elles étaient des actions d’homme. C’est en cela que réside la différence. Dire nous croyons, ce n’est pas dire : « Nous voyons, nous comprenons tout. Nous sommes le paysan de la parabole : des choses se passent « sans qu’il sache pourquoi. »
En effet la première Parabole fait réfléchir sur le formidable mystère de la vie silencieuse : on jette les grains, la terre semble dormir, mais elle devient verte et blonde. Qui aurait pu se douter, en écoutant Jésus, qu’il allait ensemencer tant de cœurs et tant de terres ?
Qui aurait pensé que cet obscur prédicateur et ses compagnons allaient engendrer l’Eglise, des millions de croyants et des milliers d’actions fraternelles, un énorme travail secret dans les cœurs et sur les mœurs ?
La seconde parabole part de « la plus petite graine » pour arriver jusqu’à « la plus grande plante ». Pour voir cette progression il fallait à Jésus beaucoup d’optimisme !
Ces deux paraboles sont le plus formidable défi de l’Espérance Chrétienne.
Partout où la vie germe, Dieu est là et il agit. Jésus dira : « Je suis venu pour que vous viviez. » Vivre c’est le plus souvent faire, mais aussi dormir : « Qu’il dorme ou se lève, la semence germe » : écolede patience dans la confiance. La patience n’est chrétienne que si elle est confiante. « J’ai fait ce que je devais faire, Seigneur. A toi de jouer. J’ai semé, donne-moi les moissons. »
C’est une invitation à la connaissance et à l’acceptation des lois de croissance : lenteur, mystère, jugement laissé au grand Moissonneur. Lui seul peut déjà calculer, évaluer ce que nous engrangeons quand toute la moisson sera à point.
Quel responsable de paroisse, quels parents n’ont pas rêvé de voir la moisson verdir plus vite ? Et qui n’a pas connu de découragement devant des progrès personnels bien lents, imperceptibles ?
Nous voudrions tellement voir nos espoirs, nos projets devenir réalité.
Laissons dormir la terre. La nuit, le jour, il se passe des choses. Bien entendu, en aucun cas il est question de laisser aller, d’affirmer : nous verrons bien, après tout !
Nous ne sommes pas Dieu, ni pour tout faire lever, ni pour tout mesurer, la seule chose qui nous est demandée, c’est de jeter un peu de grain en terre.
Courageusement, inlassablement, humblement, avec la vraie Foi : celle qui ne voit rien, mais qui espère.