>

SUR LE SYSTÈME ÉCONOMIQUE ET FINANCIER ACTUEL (16)

  • PAROISSE DE MARTIGUES
SUR LE SYSTÈME ÉCONOMIQUE ET FINANCIER ACTUEL (16)

III. Des précisions dans le contexte actuel

 

18. Afin de fournir des orientations concrètes et spécifiques au plan éthique à tous les agents économiques et financiers – qui, de plus en plus, en expriment la demande – nous voudrions donner certaines précisions, pour un discernement qui ouvre la voie à ce qui humanise vraiment l’homme et l’empêche de compromettre sa dignité et le bien commun.

 

 

21. L’expérience des dernières décennies a démontré, d’une part, combien il est naïf de croire en une autosuffisance présumée des marchés dans leur fonction d’allocation des ressources, indépendamment de toute éthique ; d’autre part, elle révèle le besoin urgent d’une bonne régulation qui conjugue en même temps la liberté et la protection de tous les acteurs, et surtout des plus vulnérables, par un système d’interaction saine et correcte. Dans cette ligne, les pouvoirs politiques, économiques et financiers doivent toujours rester distincts et autonomes et, en même temps, viser au-delà de toute confusion nocive, la réalisation d’un bien destiné à tous sans être réservé à quelques privilégiés.

 

Cette régulation est rendue plus nécessaire encore à cause de la conduite immorale de certains acteurs du monde financier, une des raisons majeures de la crise économique récente ; en outre, la dimension supranationale actuelle du système économique aide à contourner plus facilement les règles établies par chaque pays. De plus, l’extrême volatilité et mobilité des capitaux employés dans le monde financier permet à leurs détenteurs d’opérer facilement au-delà de toute norme qui ne soit pas celle d’un bénéfice immédiat, en usant souvent de leur position dominante pour exercer des pressions, même sur le pouvoir politique en place.

 

Il est donc clair que les marchés ont besoin de directives solides et fortes, macro-prudentielles aussi bien que normatives, qui soient uniformes et partagées par le grand nombre. Ces règles doivent aussi être continuellement mises à jour, vu la réalité même des marchés constamment en évolution. Ces orientations doivent garantir un contrôle sérieux de la fiabilité et de la qualité de tous les produits économiques et financiers, en particulier les plus complexes. Lorsque la rapidité des processus d’innovation produit des risques systémiques excessifs, les opérateurs économiques doivent accepter les contraintes et les freins exigés par le bien commun, sans tenter de les contourner ou d’en réduire la portée.

 

Étant donné la globalisation actuelle du système financier, une coordination stable, claire et efficace s’impose entre les différentes autorités nationales de régulation des marchés, avec la possibilité, et parfois aussi la nécessité, de partager en temps opportun les décisions contraignantes, quand le bien commun est en danger. Ces autorités de régulation doivent toujours rester indépendantes et liées aux exigences de l’équité et du bien commun. À cet égard, les difficultés compréhensibles ne devraient pas décourager de la recherche et de la mise en œuvre de tels systèmes de réglementation. Ceux-ci doivent être l’objet d’accords entre les différents pays, mais à portée effective supranationale.

 

Les règles doivent assurer une transparence totale de ce qui est négocié afin d’éliminer toutes les formes de déséquilibre injuste et garantir au mieux l’équilibre des échanges. Cela est d’autant plus vrai que la concentration inégale d’informations et de pouvoir tend à renforcer les entités économiques les plus fortes, créant ainsi des hégémonies capables d’influencer unilatéralement non seulement les marchés, mais aussi les systèmes politiques et réglementaires.

 

Entre autres, là où a lieu une forte dérégulation, il devient évident que les espaces de vide juridique et institutionnel représentent des terrains propices non seulement à « l’aléa moral » et aux malversations, mais aussi à l’émergence d’exubérances irrationnelles des marchés – suivies de bulles spéculatives, puis de brusques et ruineux effondrements – et de crises du système.

@paroissemartig © 2010 -  Hébergé par Overblog