POUR SERVIR ET DONNER SA VIE
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"Le Fils de l’homme lui-même n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie"
Frères et Sœurs,
Les disciples sont en route avec Jésus pour monter à Jérusalem.
« Maître nous voulons que tu fasses pour nous ce que nous allons te demander ».
C’est en ces termes que Jacques et Jean s’adressent à Jésus.
Pour différentes raisons qui justifient leur requête : Avoir tout quitté pour suivre Jésus, témoins de la Transfiguration, etc… ils sollicitent les premières places, ni plus, ni moins.
Et Jésus de leur répondre : « Vous ne savez pas ce que vous demandez ».
C’est ensuite la réaction très vive des « dix autres » qui ont entendu. Ils s’indignent avec autant de vigueur qu’ils se sentent menacés dans leurs propres ambitions par la démarche de leurs deux frères.
C’est ainsi que Jésus leur révèle le chemin paradoxal de la gloire.
Boire à la Coupe qu’il va boire et recevoir le Baptême dans lequel il va être plongé. (verset 38 )
Il est fort possible qu’à travers ces deux images de la coupe et du baptême, St Marc veut nous faire penser à la coupe de la Cène et au Sacrement de l’initiation chrétienne.
Car le salut apporté par le Christ n’est évidemment pas la transformation magique de la vie et des cœurs, elle est dynamique de libération.
Devenir comme lui, le serviteur de ses frères : à l’adresse de tous ses disciples, présents et à venir Jésus énonce une loi qui prend à contrepied de ce qui se passe dans la politique de son temps, une loi qui contredit le désir de domination et la soif de pouvoir.
Et non seulement une loi parmi tant d’autres, mais la constitution même de la communauté des disciples : chacun y est serviteur de tous.
Renversement radical, principe révolutionnaire, qui inaugure un nouveau type de rapports humains : Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. (serviteur = diakonos = diacre)
L’Eglise n’existe que pour servir. Tout homme qui se prépare à devenir prêtre est d’abord institué, puis ordonné diacre.
Le diacre représente un constant appel à toute l’Eglise des Baptisés, hommes et femmes, pour que renonçant aux mirages de la gloire et de la domination, elle se convertisse et soit, elle aussi diaconale ou servante : servante du Seigneur et servante des hommes, ou plus exactement servante du Seigneur pour le service des hommes.
Cet appel à la diaconie s’adresse par le fait même et en particulier, aux Evêques, aux Prêtres, aux diacres, aux religieux, aux religieuses et aussi aux laïques, aux bénévoles qui ont une responsabilité dans les paroisses, toujours affrontés aux menaces sournoises du cléricalisme et de l’arbitraire.
Le diaconat est donc signe, à titre spécial, du mystère du Christ pour le service des hommes. Ce ministère (comme tout ministère ordonné) n’est pas d’abord lié au fonctionnement de l’Eglise, à la « bonne marche » de la communauté chrétienne, mais à son authenticité, à sa structuration, à ce qui la constitue comme Eglise.
Le diaconat ne représente pas une simple qualité morale, une attitude, parmi tant d’autres, un modèle de perfection, loin de là : il appartient à la nature profonde de la communauté de tous les fidèles chrétiens.
Le peuple de Dieu n’est vraiment lui-même que si refusant la tentation toujours renaissante de la domination et de l’attente d’un Messie limité dans le temps, il devient un peuple de serviteurs à la suite du Christ Serviteur.
A cette condition, à cette condition, seulement, il est signe de Jésus-Christ dans le monde.
L’Eglise, que nous constituons, toutes et tous, ne peut trouver son identité par rapport au Christ et son dynamisme parmi les hommes et les femmes, qu’à la condition de répondre à son appel.
C’est la grâce que je nous souhaite, frères et sœurs en Jésus-Christ.