UN CHEMIN DE CONVERSION
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La parabole rapportée par Saint Luc est introduite par une phrase qui cible les destinataires d’hier, d’aujourd’hui, de toujours : « à l’adresse des certains qui se flattaient d’être justes et qui méprisaient les autres » Lc 18, verset 9.
Véritable petit chef d’œuvre pour exprimer beaucoup de choses en peu de mots et d’efficacité. Effectivement cette parabole met en scène deux personnages : un pharisien et un publicain qui savent prier. Ils commencent par « Mon Dieu ». C’est la mise en présence, l’appel à la présence. Il faut que la présence de Dieu, évoquée intensément, remplisse tout de suite l’espace où nous allons prier : le lieu de la prière, notre pensée et notre cœur, toutes les minutes de notre rendez-vous. Sinon, nous voulons prier, mais nous serons restés avec nous-mêmes.
Ces deux hommes ont donc bien démarré : Mon Dieu !
Pourquoi la prière du pharisien dérape-t-elle, alors que celle du publicain fonce victorieusement vers Dieu ?
« Je vous le déclare, dit Jésus quand ce publicain rentra chez lui, c’est lui qui était devenu juste et non pas l’autre. »
Le pharisien avait invoqué Dieu, mais il l’occulte tout de suite par son énorme JE. Je fais ceci, je fais cela, je ne suis pas comme celui-ci ou comme celui-là.
Le publicain saisit Dieu avec son humble supplication : « Prends pitié ! »
Nous pouvons, peut-être, nous moquer de ce « ce prends pitié ». Cependant à ce moment là nous ne savons pas voir à quel point c’est une prière dense et exacte dans le droit fil de ce que Jésus nous a révélé. Dieu est miséricorde, avec une pitié d’amour, une compréhension qui va droit au cœur. Cette miséricorde de Dieu n’est pas générale, vague, elle attend notre appel et alors « il prend pitié de nous ».
Dans cette présence à Dieu qu’il a su garder en restant petit, le publicain peut introduire son « je » mais à la dernière place de sa prière. Avant, il glisse un mot : pécheur.
« Prends pitié du pécheur que je suis. »
La prière chrétienne est un rendez-vous d’amour, et donc un toi et moi, mais il faut veiller à ce que le TOI reste premier et immense et notre moi bien dernier, modeste, lucide : le pécheur que je suis.
Ce passage d’Evangile selon Saint Luc, met en évidence deux prières, deux attitudes spirituelles.
Lequel de ces deux hommes sera exaucé ?
Celui qui peut se vanter de multiplier les bonnes œuvres ou celui qui ne parvient pas à sortir de sa situation qui l’enferme ?
Celui qui se croit « juste » ou celui qui ne peut que se reconnaître « pécheur » ?
Celui qui se présente devant Dieu avec l’assurance du pratiquant irréprochable ou celui qui, conscient de sa condition n’a d’autre solution que de mettre sa confiance en Dieu ?
Une invitation est lancée par Jésus à toutes celles et à tous ceux qui écoutent sa Parole, aussi bien il y a 2000 ans que de nos jours au 21éme siècle. Une invitation à un retournement, à une conversion. Ce qui permet à l’homme de se tenir debout devant Dieu n’est pas à chercher en lui-même, mais dans le Seigneur.
Le chrétien n’est pas un être comblé de grâce. Il n’est pas un homme « juste », mais un pécheur « justifié ».
Telle est bien la conversion à laquelle nous appelle cette parabole.
Ainsi Saint Luc en rapportant cette parabole nous invite-t-il, quand nous venons vers Dieu, à ne pas nous écouter prier, à ne pas nous tourner vers nous-mêmes, mais à prendre conscience de notre pauvreté et à nous ouvrir au pardon de Dieu, à son Amour.
Notre prière devient chrétienne en franchissant cette courte distance, du pharisien au publicain.
Il suffit de quelques pas intérieurs !
Encore faut-il vouloir répondre à l’invitation de Jésus, vrai Dieu et vrai homme !