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UN CHEMIN DE CONVERSION

Homélie pour le trentième dimanche du Temps Ordinaire.

Homélie pour le trentième dimanche du Temps Ordinaire.

La parabole rapportée par Saint Luc est introduite par une phrase qui cible les destinataires d’hier, d’aujourd’hui, de toujours : « à l’adresse des certains qui se flattaient d’être justes et qui méprisaient les autres » Lc 18, verset 9.

 

Véritable petit chef d’œuvre pour exprimer beaucoup de choses en peu de mots et d’efficacité. Effectivement cette parabole met en scène deux personnages : un pharisien et un publicain qui savent prier. Ils commencent par « Mon Dieu ». C’est la mise en présence, l’appel à la présence.  Il faut que la présence de Dieu, évoquée intensément, remplisse tout de suite l’espace où nous allons prier : le lieu de la prière, notre pensée et notre cœur, toutes les minutes de notre rendez-vous. Sinon, nous voulons prier, mais nous serons restés avec nous-mêmes.

 

Ces deux hommes ont donc bien démarré : Mon Dieu !

 

Pourquoi la prière du pharisien dérape-t-elle, alors que celle du publicain fonce victorieusement vers Dieu ?

 

« Je vous le déclare, dit Jésus quand ce publicain rentra chez lui, c’est lui qui était devenu juste et non pas l’autre. »

 

Le pharisien avait invoqué Dieu, mais il l’occulte tout de suite par son énorme JE. Je fais ceci, je fais cela, je ne suis pas comme celui-ci ou comme celui-là.

Le publicain saisit Dieu avec son humble supplication : « Prends pitié ! »

 

Nous pouvons, peut-être, nous moquer de ce « ce prends pitié ».  Cependant à ce moment là nous ne savons pas voir à quel point c’est une prière dense et exacte dans le droit fil de ce que Jésus nous a révélé. Dieu est miséricorde, avec une pitié d’amour, une compréhension qui va droit au cœur. Cette miséricorde de Dieu n’est pas générale, vague, elle attend notre appel et alors « il prend pitié de nous ».

 

Dans cette présence à Dieu qu’il a su garder en restant petit, le publicain peut introduire son « je » mais à la dernière place de sa prière. Avant, il glisse un mot : pécheur. 

 

« Prends pitié du pécheur que je suis. »

 

La prière chrétienne est un rendez-vous d’amour, et donc un toi et moi, mais il faut veiller à ce que le TOI reste premier et immense et notre moi bien dernier, modeste, lucide : le pécheur que je suis.

 

Ce passage d’Evangile selon Saint Luc, met en évidence deux prières, deux attitudes spirituelles.

 

Lequel de ces deux hommes sera exaucé ?

 

Celui qui peut se vanter de multiplier les bonnes œuvres ou celui qui ne parvient pas à sortir de sa situation qui l’enferme ?

 

Celui qui se croit « juste » ou celui qui ne peut que se reconnaître « pécheur » ?

 

Celui qui se présente devant Dieu avec l’assurance du pratiquant irréprochable ou celui qui, conscient de sa condition n’a d’autre solution que de mettre sa confiance en Dieu ?

 

Une invitation est lancée par Jésus à toutes celles et à tous ceux qui écoutent sa Parole, aussi bien il y a 2000 ans que de nos jours au 21éme siècle.  Une invitation à un retournement, à une conversion. Ce qui permet à l’homme de se tenir debout devant Dieu n’est pas à chercher en lui-même, mais dans le Seigneur.

 

Le chrétien n’est pas un être comblé de grâce. Il n’est pas un homme « juste », mais un pécheur « justifié ».

 

Telle est bien la conversion à laquelle nous appelle cette parabole.  

 

Ainsi Saint Luc en rapportant cette parabole nous invite-t-il, quand nous venons vers Dieu, à ne pas nous écouter prier, à ne pas nous tourner vers nous-mêmes, mais à prendre conscience de notre pauvreté et à nous ouvrir au pardon de Dieu, à son Amour.

 

Notre prière devient chrétienne en franchissant cette courte distance, du pharisien au publicain.

 

Il suffit de quelques pas intérieurs !

 

Encore faut-il vouloir répondre à l’invitation de Jésus, vrai Dieu et vrai homme !

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