SUR TIK TOK, LE SUCCÈS INATTENDU DU CARÊME CHEZ LES JEUNES
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Le thème du Carême explose cette année sur TikTok, signe d’un certain retour au spirituel chez les plus jeunes.
Cette année, le Carême connaît un véritable engouement sur le réseau social TikTok. Des créateurs de contenus, dont de nombreux catholiques, partagent leur façon de vivre ce temps spirituel, au risque d’entretenir parfois quelques confusions.
« Cette année, le Carême explose sur TikTok », affirme Emi, 21 ans, alias IAM_O.K. Baptisée à 18 ans, cette influenceuse catholique a gagné plus de 60 000 abonnés entre janvier et mars 2025, alors que le Carême allait débuter. Sur cette plateforme où 66 % des utilisateurs ont entre 16 et 34 ans, parler de sa foi ne relève plus de l’exception… Avec le Carême, le phénomène s’amplifie : le hashtag #careme2025 dépasse les 4 000 occurrences, contre 3 000 pour #careme2024.
Dans un contexte inédit où les églises ont vu affluer de nombreux jeunes pour le mercredi des Cendres, le 5 mars dernier, et alors que les demandes de baptême sont en hausse depuis quelques années, un nouvel engouement pour le Carême se manifeste. Cela s’explique en partie parce qu’il a débuté le 5 mars, quelques jours après le Ramadan (1er mars). « On entend beaucoup parler du Ramadan », confirme Tess Chirouda, 27 ans, alias Marie-Tess sur TikTok. « Or, nous aussi on a envie d’appartenir à une communauté », confie l’étudiante à Sciences Po Paris, suivie par 17 000 abonnés.
Ce mouvement s’inscrit aussi dans une quête spirituelle plus large : « On souhaite appartenir à quelque chose de plus grand que nous », ajoute-t-elle. Par ailleurs, les influenceurs chrétiens n’ont pas attendu le Carême pour prendre la parole sur ce réseau social. Le hashtag #TikTokchrétien totalise ainsi plus de 1,3 million de vidéos. Dans cette dynamique, « TikTok n’est ni le point de départ ni la conséquence, mais s’inscrit dans ce phénomène » d’un certain retour au spirituel, analyse la sociologue des religions Isabelle Jonveaux.
Carnets de Carême, plannings de jeûne pour tous niveaux, prières et lectures bibliques quotidiennes… Selon elle, « ce qui ressort particulièrement sur TikTok, c’est l’idée d’une routine ». Shainaofgod, influenceuse catholique aux 116 000 « followers » (abonnés), donne ainsi des conseils sur son compte : « Prie avant toute chose, lis un peu ta bible, petit-déjeune léger, va te préparer (sans artifices). »
Un « chemin intérieur »
Mais TikTok est aussi un terrain propice à la diffusion d’informations erronées et de confusions, amplifiées par la concomitance entre le Carême et le Ramadan. De nombreux commentaires interrogent : « Quand peut-on couper le jeûne ? », « Peut-on boire de l’eau ? », « Peut-on jeûner pendant les règles ? » ou encore « Le maquillage est-il autorisé ? ». Les vidéos courtes et la jeunesse des internautes, qui recherchent des réponses simples et claires, facilitent la transmission de messages « laissant peu de place à la nuance », constate Isabelle Jonveaux.
Face à ces confusions, des vidéos pédagogiques se multiplient. « J’ai rétabli certaines vérités », confie le père Thierry-Louis Lacomblez, prêtre du groupement paroissial de Louvres (Val-d’Oise), créateur d’un compte TikTok aux 8 000 abonnés. « Oui, on peut manger dans la journée, prendre du porc, il n’y a pas de rupture du jeûne, on peut se maquiller ou se faire tatouer ! » Parfois accompagnés de prêtres, des créateurs de contenus décryptent le sens du Carême, ses origines, ses dates, et organisent des « lives » — des vidéos diffusées en direct avec échanges en temps réel — pour répondre aux questions des internautes.
L’évolution des préoccupations autour du bien-être et de l’hygiène de vie influence aussi les contenus liés au Carême. Sur la plateforme, les recettes « spécial Carême » prolifèrent. Là encore, des rappels sont faits : Emi (alias IAM_O.K) explique dans une vidéo, qui totalise 405 000 vues, « qu’un jeûne sans prière n’est pas un jeûne, mais un régime ».
Isabelle Jonveaux déplore « un changement de sens du Carême, avec un côté bien-être et la pratique d’un jeûne non pas envisagé sous le prisme du rapport à Dieu, mais pour son effet sur le corps ». « Une minorité profite du Carême pour surfer sur le buzz », souligne Emi, qui rappelle que le Carême doit rester un « chemin intérieur ».
« Donner des repères »
La plupart des influenceurs sur TikTok souhaitent bien partager leur foi en parlant du Carême. Pour beaucoup d’entre eux, comme Tess Chirouda, ce sont de jeunes convertis. Elle est en catéchuménat depuis un an et demi et témoigne : « Je me sentais seule et ne trouvais pas de réponses sur les réseaux au début de mon parcours. Faire des vidéos, c’est donner des repères aux jeunes qui souhaitent se lancer. » Son objectif ? « Propager l’Évangile. Je ne suis pas là pour donner des leçons, je partage mon parcours. »
Trois catégories de créateurs de contenus sur le Carême se distinguent encore : certains se concentrent exclusivement sur le christianisme, d’autres, comme des influenceuses beauté, abordent le Carême de manière plus indirecte. Enfin, une troisième catégorie, qui ne se considère pas comme influenceur, publie des témoignages spontanés. Beaucoup sont catholiques, quelques-uns sont orthodoxes, et la plupart ne sont ni prêtres ni religieux.
Quant au nombre d’abonnés, il varie. Pour Emi, il ne faut pas négliger l’influence des « petits comptes », avec moins de 5 000 abonnés. « Leur accessibilité est un atout, car ils prennent le temps de répondre ». Elle, avec 160 000 followers, reçoit des dizaines de messages par jour. « Là, j’en ai 86 en attente. » Son père et un prêtre l’aident à répondre, notamment sur les questions théologiques.
Un public très jeune
Le public touché est jeune, souvent peu socialisé religieusement et très mixte, constatent les influenceurs contactés par La Croix. « Ma communauté est constituée autant de catholiques que de personnes éloignées de la religion, de musulmans ou de juifs », confirme Tess Chirouda. L’impact de TikTok est indéniable, offrant une proximité inédite : « Sur TikTok, c’est plus facile de poser ses questions qu’au catéchisme, car l’anonymat joue beaucoup », explique Emi.
Pour Renaud Laby, prêtre au diocèse du Mans, sociologue et théologien, le réseau social joue un rôle dans le processus de conversion – sans que ce dernier se joue toutefois entièrement en ligne. TikTok peut ainsi être un élément déclencheur : « Un certain nombre de mes abonnés ont demandé le baptême, raconte Emi. Ils me remercient : “Tes vidéos m’ont aidé à comprendre le catholicisme.”
La Paroisse de Martigues est aussi sur sur Tik Tok !
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