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MEDITATION SUR L'ESPRIT SAINT

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Homélie pour la fête de la Pentecôte

en la paroisse de Martigues (Bouches-du-Rhône), le 27 mai 2012.

 

L’Esprit Saint prend soin de chacun d’entre nous. Il agit dans nos cœurs pour que nous portions du fruit et des fruits en abondance comme le dit saint Paul dans son épître aux Galates : « charité, joie, paix, serviabilité, confiance dans les autres, patience, maîtrise de soi » (Gal 5, 23).

 

Hier soir, nous avons célébré le sacrement de la Confirmation de presque deux cent cinquante adultes dans la cathédrale de Marseille. J’ai eu l’honneur et la joie d’accompagner cinq étudiants et jeunes professionnels qui ont reçu la force de l’Esprit au cours de cette vigile de la Pentecôte, événement marquant pour l’Église de Marseille. L’Esprit souffle où il veut et comme il veut. Nous restons émerveillés devant les parcours étonnants de ces adultes qui ont été attirés vers le Christ par l’action de l’Esprit bien évidemment mais aussi grâce aux médiations des autres chrétiens qui sont souvent devenus leurs parrains et leurs marraines.

 

Le Seigneur n’aime pas les clichés et « chacun va à Dieu par un chemin virginal » (Léon Felipe, poète espagnol).

 

À Jérusalem, l’Esprit Saint descend sous forme de flamme sur les apôtres rassemblés autour de Marie. La Pentecôte apporte à l’Église plénitude et lumière. Les disciples qui s’étaient enfermés par peur des autorités juives proclament avec audace la résurrection du Christ. « Rien n’est impossible à Dieu », avait dit l’ange Gabriel à la Vierge Marie lors de l’Annonciation.

 

L’Esprit peut transformer les personnes médisantes en hommes et femmes de bénédiction. Célébrer la Pentecôte nous entraîne dans une conversion profonde pour passer de la « langue de vipère »  à la louange.

 

L’Esprit Saint nous rend libres alors que nous sommes souvent plongés dans le souci, « pré-occupés », occupés à l’avance. Le chrétien assume des responsabilités avec prudence et sérieux mais il goûte aussi la paix du cœur car il se sait aimé et accompagné par l’Esprit. Je suis frappé par le manque de sourire et de lumière sur nos visages. Quand j’habitais Nice il y a quelques années avant de partir pour Haïti, je priais le chapelet en marchant sur la Promenade des Anglais. Nombreux étaient les touristes riches venus sur la Côte d’Azur pour passer quelques jours dans des hôtels de luxe face au bleu de la Méditerranée. J’avais constaté que les hommes souriaient moins que les femmes. Ils étaient restés par la pensée dans leurs lieux de travail et leurs valises contenaient encore les problèmes quotidiens. Leurs femmes, pour des raisons que j’ignore, semblaient apprécier davantage ces moments privilégiés de détente. En tout cas, le confort ne suffisait pas pour obtenir la liberté et la confiance.

 

L’Esprit Saint est l’Esprit de la joie car il est Amour : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (phrase de Jésus citée dans les Actes des Apôtres). Joie des convertis, joie des pécheurs pardonnés, joie des pauvres comblés de grâce.

 

« N’ayez pas peur ! » Voici le message de Dieu qui traverse la Bible. Le bienheureux pape Jean-Paul II avait choisi cette parole de Jésus aux disciples comme phare pour sa lourde charge pontificale. Le Seigneur connaît les dangers qui menacent les croyants mais il les rassure en leur rappelant sa présence chaque jour jusqu’à la fin du monde. Dieu, Emmanuel, « Dieu avec nous », fait route à nos côtés.

 

L’Esprit Saint nous guide au milieu des tempêtes. Dans un film d’Almodovar, le réalisateur espagnol, un personnage avoue : « J’ai besoin d’un peu d’orientation. » L’Esprit nous guide intérieurement par le désir qu’il éveille en nous et parfois en s’opposant à certains déplacements comme le raconte saint Luc dans les Actes des apôtres au sujet de l’apôtre Paul. Action mystérieuse qui est pourtant accordée à tous ceux qui prient comme le partagent avec émotion les chrétiens qui relisent leur expérience de Dieu.

 

Esprit de patience qui nous fait durer dans les épreuves. Monseigneur Serge Miot, archevêque de Port-au-Prince, décédé au moment du séisme meurtrier en Haïti le 12 janvier 2010, répondait à mes questions sur la possibilité de trouver un terrain pour les frères dominicains dans la capitale : « Il faut la triple vertu : patience, patience, patience ! » Il évoquait aussi les quarante ans passés au désert par le peuple d’Israël avant de parvenir en Terre promise.

 

À nos yeux, Dieu est trop lent. Ah ! Que nous ferions plus vite que lui ! Mais le Seigneur est fidèle. Loin de se décourager et de baisser les bras comme nous le faisons souvent, l’Esprit avance lentement mais sûrement.

 

Esprit qui nous rend confiance dans les autres. La Banque de France aime sa devise « La confiance n’exclut pas le contrôle ». Faire confiance n’exclut pas le suivi des affaires. Au contraire, il convient de s’intéresser à ce que les autres font dans le détail. Marcel Pagnol s’exclamait : « La confiance, c’est comme les allumettes, cela ne sert qu’une fois. » La confiance suscitée par l’Esprit Saint relève de la foi en l’homme.

 

Le père Lataste, devenu bienheureux en cette année 2012, avait découvert avec émerveillement la conversion des détenus dans les prisons de France. Des femmes condamnées à de lourdes peines ouvraient leur cœur à la miséricorde divine. Pour accueillir dans la vie religieuse celles qui recevaient cet appel radical, il fonda la Congrégation de sœurs dominicaines de Béthanie. C’est ainsi que d’anciennes détenues revêtirent l’habit de lumière de saint Dominique. En 2001, lors du Chapitre général de Providence (USA), chaque frère reçut une belle fleur en papier qui exigeait au moins une heure de travail. Ces fleurs blanches et bleues provenaient des détenus de la prison de Norfolk où ils avaient formé une fraternité dominicaine afin de vivre l’idéal de la miséricorde du Christ. « Dieu ne s’intéresse pas à ce que nous avons été mais à ce que nous sommes », enseignait le père Lataste.

 

On reconnaît l’action de l’Esprit à la communion qu’il engendre. Le regretté père Jean Arnaud, ancien directeur de Radio Dialogue à Marseille, aimait à comparer l’Esprit Saint à une couturière qui rapièce les tissus déchirés.

 

L’Esprit trouve son contentement dans la communication et dans la communion. Nous avons à l’invoquer pour dépasser les divisions et les incompréhensions.

 

Esprit de prière, il s’écrie dans nos cœurs « Abba ! Père ! » Le but de la prière est l’acquisition du Saint-Esprit et l’Esprit reçu prie dans nos cœurs.

 

C’est pourquoi maître Eckhart osait affirmer que « nous ne prions pas mais que nous sommes priés ». L’Esprit nous façonne un cœur de fils dans le Fils unique de Dieu pour prier comme lui et en lui : « Abba ! Père ! »

 

Esprit de vérité, il nous fait connaître le mystère insondable du Christ. Il nous ouvre aussi à la vérité des autres. « J’ai besoin de la vérité des autres », écrivait Monseigneur Pierre Claverie, dominicain, évêque d’Oran, assassiné le 1er août 1996 en Algérie.

 

Oui, viens, Esprit Saint, prends soin de nous, sanctifie-nous !

 

Fr. Manuel Rivero O.P.

Couvent des Dominicains de Marseille 

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