MEDITATION SUR LA FOI
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En ce moment, l’événement sportif qui suscite l’intérêt des Français, mais plus largement des amateurs de tennis dans le monde, c’est le tournoi de Roland-Garros.
Et ce soir, nous célébrons la profession de foi de vos enfants, de vos frères et sœurs, cousins, cousines, j’aimerais m’arrêter sur cet objet magnifique qui sert non seulement à jouer au tennis, mais qui peut nous aider à comprendre ce qu’est la foi.
Je m’explique.
Pour pouvoir renvoyer la balle, pour pouvoir jouer des coups, pour agir sur le terrain, il est nécessaire pour une raquette d’avoir des cordes. Et en même temps les cordes, cela ne suffit pas. Il faut avoir confiance dans le cordage. On ne peut pas imaginer un match de tennis où avant chaque coup le joueur regarde attentivement les cordes pour savoir si elles sont solides, si elles vont renvoyer la balle au bon endroit au bon moment à la bonne vitesse. Une fois qu’un joueur a commencé à jouer avec sa raquette, il n’est pas sans arrêt en train de la regarder, il joue avec. Bien sûr, quand il a une difficulté, pour poser tel ou tel geste, quand il a eu un souci, alors là le joueur regarde son cordage, il le touche, essaie de ressentir – mais ça ne suffit pas forcément – et puis il reprend le cours du jeu.
Vous dans votre vie, vous avez cette foi que vous avez reçue de vos parents, de vos grands-parents, peut-être d’amis aussi, et vous apprenez à vivre avec elle, dans les bons jours comme dans les mauvais jours. Vous avancez avec cette confiance dans le cœur, car sans la confiance il n’est pas possible d’avancer dans la vie. Cette confiance, cette foi en Dieu, est bien sûr un peu soumise à des questions, à des interrogations, parfois même à des doutes. Nous avons entendu à l’instant dans l’Évangile la magnifique profession de foi de saint Pierre face à Jésus... mais saint Pierre va par la suite se poser des questions, il va mettre sa foi de côté.
Mais toujours Jésus sera là pour l’interpeller, pour lui proposer de revenir à cette relation de confiance, qui ne s’est jamais rompue du côté de Dieu, et que Jésus propose à Pierre de retisser patiemment avec lui.
Ce fil de la foi, ce fil de la relation à Dieu, il ne tient pas par lui-même, il a besoin d’être tendu, d’être appuyé, d’être armé sur un cadre... Sinon la foi ne résiste pas, sinon la foi explose lorsqu’il y a un coup trop dur qu’elle reçoit. Ou sinon, la foi, au fur et à mesure des jours, sans que l’on s’en rende compte, parce que l’on n’en prend pas soin, la foi peut se ramollir... et alors le cordage ne joue plus son rôle, le fil s’est distendu peu à peu. Le cadre qui permet de tenir, c’est l’espérance.
Comme le montre cette croix de Camargue, à laquelle nous sommes tant attachés en Provence, l’espérance est notre ancre, secours dans la détresse, dans les tempêtes, dans le deuil, dans la maladie. L’espérance est la force que Dieu nous donne pour tenir bon, même lorsque tout semble ne plus tenir autour de nous. La lumière que vous allez recevoir, comme au jour de votre baptême, c’est l’espérance, l’espérance de retrouver le soleil après la pluie, l’espérance de retrouver toujours la vie après la mort.
Foi, espérance, charité. Sur une raquette, les fils se croisent et se soutiennent. Seul, un fil ne peut renvoyer une balle. Même si le fil de la foi est forte, même si nous avons l’espérance chevillée au corps, s’il nous manque de charité, nous ne sommes rien, comme le dit saint Paul.
La charité, c’est la foi mise en œuvre, c’est l’amour de Dieu, du prochain, et de nous-mêmes mis en acte.
Foi et charité sont inséparables. Et nous en parlions lors de votre retraite profession de foi, lorsqu’on dit « je crois en Dieu », c’est comme si nous disions « j’aime Dieu », « Dieu, je t’aime ». La foi, c’est l’amour que nous portons à Dieu, mais c’est aussi, avant tout, l’amour que Dieu nous porte, à nous, ses enfants bien-aimés (et demain ce sera une grande joie pour nous et pour Dieu de voir naître trois nouveaux enfants de Dieu, Marina, Laurik et Julian). L’amour de Dieu assure le lien entre les chrétiens, nous permet de vivre ensemble cette belle aventure de la foi.
Ensemble, sinon, cela n’a pas de sens. Isolé, un chrétien ne peut tenir; un chrétien isolé est un chrétien en danger. Bien sûr il est nécessaire à chacun de nous, à chacun de vous, de prendre soin chacun de sa foi, de son espérance et de sa charité, c’est une affaire personnelle, mais sans la vie partagée avec les autres, cela n’a pas de sens.
Alors mes chers amis, mes chers frères et sœurs, vous voilà maintenant à quelques instants de professer devant toute l’assemblée votre foi.
Que Dieu vous aide à cela, qu’il vous donne son Esprit Saint et vous permettre de croire qu’il est Chemin, Vérité et Vie. Que Jésus soutienne votre espérance en sa Présence qui illumine. Que l’Esprit Saint vous conduise chaque jour, librement, vers Dieu et vers les autres, afin de porter du fruit, un fruit qui demeure.
Thomas Poussier