MEDITATION SUR LE BON PASTEUR
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En ce quatrième dimanche de Pâques nous quittons les récits d’apparitions du ressuscité qui étaient proclamés depuis le jour de Pâques pour réentendre des textes qui vont nous aider à approcher Jésus à la lumière de Pâques.
Il faut garder en mémoire que ce temps liturgique, qui va des cendres à Pentecôte, est une maïeutique (processus) d’engendrement à la vie en Dieu : la gestation du carême, la naissance de Pâques, la configuration au Christ dans l’Esprit dans les 50 jours qui suivent Pâques et dont nous célébrons l’accomplissement à la Pentecôte.
Si nous ne sommes pas des néophytes de l’année, nous le restons tout de même jusqu’au jour où nous connaitrons Notre Seigneur face à face.
Aujourd’hui, nous est proposée l’allégorie du bon pasteur qui appartient aux multiples « Je Suis » prononcés par Jésus que nous trouvons dans tous les Evangiles et particulièrement celui de St Jean : Je Suis le pain de vie, Je Suis la lumière du monde, Je Suis la résurrection et la vie, Je Suis la vraie vigne, Je Suis le Bon Pasteur.
Le bon pasteur c’est la nomination du roi dans l’ancien orient, c’est David berger de Bethléem, c’est Dieu au Sinaï. Jésus, par cette appellation, revendique la place de Dieu,
«le Verbe s’est fait chair » nous dit St Jean. Et les juifs entendent très bien ce message au point qu’ils veulent le lapider pour blasphème.
De nos jours cela est bien moins évident, on risque de s’entendre dire, si Jésus est berger vous les croyants vous êtes des moutons, un troupeau bêlant qui suit aveuglément et sans réfléchir le pasteur, la communauté, les règles de l’Eglise. Pourtant notre texte dit tout autre chose, il nous fait, en 3 verbes, toute une catéchèse :
- écouter, c’est une attitude essentielle dans la relation entre deux êtres et la véritable écoute est signe d’un amour authentique, la prière juive l’a mise dans son introduction « écoute Israël ». Au mont Tabor lors de la transfiguration, Dieu nous dit « celui-ci est mon Fils bien aimé en qui j’ai mis tout mon amour écoutez le ! ».
- connaître, il ne s’agit pas essentiellement d’un acte intellectuel mais d’une connaissance profonde qui passe par le cœur. C’est l’amour qui permet de connaître quelqu’un. Il s’agit d’une intimité totale des cœurs, des esprits, des corps dont le modèle se retrouve dans l’alliance de l’homme et de la femme.
- Suivre, lorsque l’on a écouté et connu alors on peut adhérer de toute sa personne. Suivre, c’est s’attacher librement. C’est devenir un véritable « amen » à l’avènement du royaume de Dieu.
« Tiens bon », dans l’ancienne marine à voile c’était le terme utilisé par celui qui dirigeait la manœuvre pour signifier qu’elle était aboutie. Et bien Jean nous dit que Jésus et son Père d’un seul geste nous « tiennent bon » pour nous amener à la vie éternelle. Nous sommes tenus à deux mains celle de Jésus et celle du Père. La main de Jésus qui sauve Pierre des eaux, qui relève la fille de Jaïre, la main blessée qu’il montre à Thomas, cette main est toujours disponible pour nous et celle du Père vient confirmer cet amour.
Comme l’enfant tenu par la main entre son père et de sa mère, nous écoutons, nous connaissons, nous suivons le chemin mais en gardant toujours en mémoire ce chant bien connu de Didier Rimaud et Georges Berthier « Il est l’agneau et le pasteur, il est le roi le serviteur » qui met en parole et en musique ce que nous dit notre texte de l’Apocalypse : être le Bon Pasteur c’est être aussi agneau et agneau immolé.
Paul et Barnabé dans leur voyage en Asie Mineure (Turquie) à Antioche de Pisidie expérimente cela. Lorsqu’ils arrivent dans la ville, Ils commencent par annoncer la Bonne nouvelle à la communauté juive du lieu, cette première annonce a beaucoup de succès, trop de succès aux regards de personnes qui craignent de perdre leur influence et qui se chargent de retourner l’assemblée, ils sont injuriés et expulsés de la synagogue. Sans se décourager, ils poursuivent alors auprès des païens l’annonce de la Bonne Nouvelle : « Christ est mort et ressuscité », jusqu’à ce que les personnes qui les ont expulsés de la synagogue poursuivent leur action de dénigrement et les fassent chasser de la ville. On pense les avoir réduits au silence mais ils laissent derrière eux une communauté pleine de joie dans l’Esprit Saint.
Deux milles ans après ces 1ers convertis par l’annonce de Paul et Barnabé, nous gardons précieusement cette joie indéfectible dans l’Esprit Saint.
Notre psaume, en 3 verbes, nous donne d’exprimer cette joie : acclamez le Seigneur terre entière, servez le Seigneur dans l’allégresse, reconnaissez que le Seigneur est Dieu.
Pierre Laurent