MEDITATION SUR LE SALUT
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« Le Père a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu ;
et nous le sommes !
Mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. »
(1 Jn 3, 1-2)
Le salut, être sauvé est souvent équivalent dans nos têtes et nos cœurs à une place au paradis. Voici quelques conséquences théologiques et pratiques de cette pensée.
L'entrée dans le salut se fait par la mort. L'avant le salut est cette vie ici-bas. La cause du salut, si l'on croit à la justice de Dieu, vient de nos actes, et si l'on croit à la miséricorde de Dieu, vient de Dieu.
Dans le premier cas, la vie chrétienne est un mérite, met en œuvre des valeurs et nous engage dans une voie pharisienne qui juge et nous compare aux autres ; dans le deuxième cas, la vie chrétienne est déresponsabilisée puisque l'entrée au paradis est automatique : mes actes n'ont pas de conséquences pour après.
Dans le premier cas, le péché est une faute par rapport à une loi, à des valeurs ; dans le deuxième cas, il n'y a plus de péché. Dans le premier cas, la réconciliation nous purifie ; dans le deuxième, il n'y en a pas besoin. La prière est vécue comme magique (je demande, Dieu donne) ou inutile et ridicule si j'ai fais l'expérience que la magie ne marche pas. Le baptême est l'entrée dans une famille qui croit en Dieu et a des valeurs. L’Eucharistie est un rite, dont on peut très bien se passer, fait pour un petit groupe sympathique qui a besoin de pratiquer. La communion des saints nous permet d'appeler les saints à l'aide en leur demandant d'intercéder pour nous.
Mais cette pensée n'est pas évangélique. En effet, nous sommes déjà ce que nous serons, même si ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Ou, comme le dit saint Paul : « vous êtes ressuscités avec le Christ ! » Déjà, aujourd'hui ! Ici, l'entrée dans le salut est le baptême, passage par la mort pour vivre de vie nouvelle. La cause du salut est le Dieu miséricordieux, dont la justice est de nous faire participer à ce salut par l'adhésion de foi.
La vie chrétienne est une vie dans la grâce du baptême, vécue comme une progression, un développement, une maturation, un accomplissement à la suite du Christ Jésus.
Le péché est la non réponse à l'appel du Christ dans cette maturation, l'arrêt de la marche à la suite du Christ. La réconciliation est le relèvement après la chute, pour la marche. L'Eucharistie est une rencontre du Christ Jésus dans sa Parole, dans l'assemblée, dans le célébrant, dans le Corps et le Sang du Christ. Elle est une nécessité, une action de grâce, une source, le cœur de la vie chrétienne. La prière est un lien à Dieu, une réponse à sa révélation, une reconnaissance de notre pauvreté, une espérance indéfectible en la bonté de Dieu pour ici et maintenant. La communion des saints est la joie de la famille qui est heureuse du bonheur des uns et qui portent le souci des autres, car seuls nous ne pouvons vivre du salut. Joie de la Toussaint !!
Benoît DELABRE, curé