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MESSAGE VENANT DU FIN FOND DU SAHARA

  • PAROISSE DE MARTIGUES

  Rault Claude

 Mgr Claude Rault, êvéque du Sahara

Nous célébrons le cinquantième anniversaire de Vatican II ; un certain nombre d’entre nous ont pu, à l’époque, en suivre les développements et les surprises et ils se souviennent de l’immense espérance qu’il avait suscitée aussi bien du côté des chrétiens que du côté des croyants des autres religions.

 

Déjà auparavant, dans l’ombre, des pionniers s’étaient aventurés sur le chemin du « dialogue », même si ce mot a pris davantage de relief après le Concile. Ils ont ouvert le chemin d’une autre approche des non chrétiens que celle d’une annonce de l’Evangile qui ne serait pas respectueuse de l’œuvre de l’Esprit dans les cœurs et dans les religions du monde. La démarche de Jean Paul II à l’occasion de la journée pour la paix à Assise en octobre 1986 était dans le même esprit. Il a bien signifié que l’Eglise n’était pas prête à lâcher cet acquis conciliaire dans un discours aux Cardinaux de la Curie romaine en décembre de la même année. A la suite de ces événements, il faut ajouter son discours à Rabat, la prière remarquée de Benoît XVI dans la mosquée bleue d’Istanbul, et tant d’autres démarches qui s’inscrivent dans cette même ligne.

 

Au cours de ces dernières semaines, comme en de nombreuses autres occasions, il m’a été donné de rendre compte de la vie de notre Eglise diocésaine, avec les particularités qui nous sont familières mais qui ne cessent d’étonner. Dans beaucoup de milieux chrétiens, les questions touchant au dialogue interreligieux reviennent, avec parfois un accent à peine voilé de reproche à l’égard de ceux qui s’y dévouent : pourquoi cet entêtement au dialogue alors que nos partenaires n’en sont que rarement les initiateurs ? Le dialogue ne serait-il pas en contradiction avec notre devoir d’évangéliser ? Est-ce que finalement « nous ne nous faisons pas avoir » ? Devant tant d’objections, ne faut-il pas dialoguer aussi… avec nos propres objecteurs ? Cette démarche est parfois plus difficile qu’avec nombre de nos partenaires musulmans ! Mais ne les renvoyons pas dans les ténèbres extérieures, ce serait contraire à l’esprit même du dialogue.

 

Ne nous décourageons pas : le dialogue avec les autres religions, c’est, pour l’Eglise, une aventure qui n’en est qu’à ses débuts et elle s’inscrit dans l’attitude même de Jésus qui n’a jamais cessé de franchir les frontières du judaïsme pour aller rejoindre l’autre différent. Ce passage de Nostra Aetate, qui est la première déclaration d’un concile qui traite ouvertement de manière générale des relations entre l’Eglise catholique et les autres religions, est tout à fait d’actualité :

 

« Même si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le Concile les exhorte tous à oublier le passé et à s’efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté » (Nostra Aetate n° 3).

 

Le voyage au Liban de notre Pape Benoît XVI, du 14 au 16 septembre, s’est inscrit dans cette ligne. « L’engagement pour un dialogue et pour la réconciliation doit être prioritaire pour toutes les parties impliquées, et il doit être soutenu par la communauté internationale » a-t-il dit. Accompagnons-le sur ce chemin et ne le laissons pas seul dans sa noble et courageuse démarche.

 

 

 

ltsept12_fichiers/cr130.jpg +Claude, votre frère évêque

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