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MGR DUFOUR : QU'EST-CE QU'UN CURE ?

  • PAROISSE DE MARTIGUES

 Christophe

 

 

Homélie de Mgr Christophe Dufour – Installation du Père Benoît Tissot – Curé de la paroisse Saint-Sauveur –

Dimanche 8 septembre 2013

 

Qu’est-ce qu’un curé ? Le curé est d’abord et avant tout un disciple de Jésus, comme l’évêque, comme les prêtres et les diacres, comme les religieux et religieuses, et comme vous tous, chers amis, frères et sœurs. Mettons-nous donc ensemble à l’écoute de l’Evangile du Christ Jésus, dans cette page de l’évangile de Luc que nous avons proclamée aujourd’hui et qui nous donne trois conditions pour être disciple : préférer le Christ à sa famille et à sa propre vie ; porter sa croix ; renoncer à tous ses biens. Bigre ! Les conditions sont dures. Souvenons-nous du jeune homme riche qui a renoncé à suivre le Christ car il avait de grands biens. « Celui qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple ». « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple ». Qui peut dire qu’il est disciple de Jésus dans ces conditions ?

 

Ces conditions se résument à une seule : se laisser aimer. Et pour se laisser aimer, se donner. Comme dans les noces, comme dans une alliance d’amour. Cet été, les prêtres et les diacres de notre diocèse ont célébré de nombreux mariages d’hommes et de femmes qui se sont engagés dans l’amour devant Dieu pour toujours. Quelle est la première des conditions pour un tel engagement ? C’est que l’homme et la femme se disent l’un à l’autre : « Je te donne tout… ; je renonce à moi-même et je me donne tout entier à toi, je me laisse aimer par toi, je me laisse remplir de ton amour, je fais de la place pour toi en moi ». Comme le disait la petite Thérèse de Lisieux : « Aimer, c’est tout donner, c’est se donner soi-même ».

 

Mais j’entends murmurer cette question : n’est-ce pas renoncer à être soi-même ? Non, renoncer à soi-même n’est pas renoncer à être soi-même. Au contraire, renoncer à soi-même, se donner, c’est devenir totalement soi-même dans l’amour et par l’amour. Ainsi en est-il avec le Christ : devenir son disciple, se laisser aimer par lui, faire de la place pour lui dans notre vie, lui donner la première place, c’est devenir soi-même, c’est le chemin du bonheur qu’il nous promet.

 

Suivre le Christ, c’est se laisser aimer. Telle est la condition pour être disciple de Jésus. Mais nous pouvons en déduire une autre condition : mettre Jésus devant. Etre disciple, c’est suivre le Christ, c’est-à-dire le mettre devant. Non pas derrière, ni sur le côté comme si nous sommes si souvent tentés de le faire dans notre société matérialiste et indifférente à Dieu. Mettre Jésus devant, c’est le mettre en premier dans toutes nos préoccupations. Suivre le Christ, c’est le contempler, c’est le regarder, c’est se mettre à son écoute. Regardez-le, il est lui-même tout entier don, il se donne tout entier, il renonce à lui pour se donner, et ainsi il nous dit qui est Dieu : Dieu est don. Dieu se donne.

 

Quelle est la mission d’un curé ? Il vous aidera à devenir disciple du Christ, il vous apprendra à vous laisser aimer par l’Eternel Amour, il vous invitera à mettre Jésus devant. Voici, comme nous l’a rappelé le concile Vatican II la triple mission du curé.

 

1- Annoncer l’Evangile aux disciples du Christ. Le curé est un éducateur de la foi. Mais il a aussi le désir de susciter de nouveaux disciples. Proposer la foi, rendre crédible le christianisme pour nos contemporains. Témoigner de l’Amour de Dieu que nous contemplons dans le Christ Jésus, manifesté, rendu visible, Amour qui sauve, Amour qui sauve l’humanité entière. Rappelons les deux priorités missionnaires de notre diocèse : les jeunes générations et ceux qui sont blessés par la vie.

 

2- Sanctifier les disciples du Christ. Au cœur de la vie du curé : la prière, la liturgie des heures et les sacrements. Et parmi les sacrements, le curé met au cœur de sa vie et au cœur de la vie de la paroisse l’Eucharistie, et particulièrement l’eucharistie dominicale. Oui je demande au curé de soigner le dimanche, d’en faire le jour saint, le jour consacré au Seigneur.

 

3- Animer la communauté des disciples du Christ. Le curé n’est pas d’abord un administrateur de paroisse ou le gérant d’une entreprise – même si je sais que, par certains aspects, une paroisse ressemble à une entreprise. Mais la mission du curé est en tout premier lieu de faire vivre la communion et l’amour fraternel entre les membres de la paroisse.

 

Je voudrais ici mettre en exergue le témoignage d’Onésime dans la lettre de Paul à Philémon que nous avons proclamée. Cette lettre nous dit tout ce que vient transformer le Christ dans nos relations humaines, et comment les premières communautés chrétiennes ont vécu cette transformation – on pourrait presque dire cette révolution. Onésime est un esclave. Il s’est enfui de chez son maître Philémon, un chrétien, sans doute de la communauté des Colossiens. Or la Providence conduit Onésime chez Paul, et Onésime demande à devenir chrétien. Et Onésime devient chrétien. Paul demande à Philémon de l’accueillir. L’accueillera –t-il comme un esclave ou comme un frère ? Désormais Philémon le maître, et Onésime, l’esclave, seront frères, rassemblés dans le Christ en qui il n’y a plus ni maître ni esclave.

 

Servir la fraternité, telle est la mission du curé.

 

En avant première, je puis vous dire qu’à la suite de Diaconia 2013, nous ferons de ce service de la fraternité l’orientation de notre année pastorale. [...]

 

Seigneur Jésus,
Vois ton Eglise pauvre et fragile,
Donne-lui d’être fervente et fraternelle.
Fais que jamais ne manque le pain de ta parole, de ta miséricorde et de ton pain.
 

AMEN

 

Mgr Christophe Dufour

Archevêque d'Aix et Arles

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