SEMAINE DES PERSONNES AGEES A MARTIGUES : UNE PRIERE POUR QUE DIEU VIENNE VIVRE, JOUR APRES JOUR, NOTRE CHEMIN DE CROIX
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Entre deux lectures de la Bible, il est bon de se plonger parfois dans Paris Match !
Cette semaine, des paroissiens m’ont prêté ce numéro dans lequel Michel Delpech évoque sa vie, sa foi en Dieu et son combat contre la maladie. Il dit ceci : « Ce cancer est une épreuve supplémentaire… Il m’arrive, lorsque je parle à Dieu, de rouspéter, de lui dire que cette épreuve-là n’est pas forcément raccord. J’entends alors Jésus me rappeler que chacun doit faire en fonction de ce qui lui est donné, porter sa croix et le suivre. Personnellement, et malgré tous mes efforts, je ne suis pas encore quelqu’un qui porte allègrement sa croix… »
Peut-être que les mots de ce chanteur résonnent en vous qui allez recevoir le sacrement des malades, peut-être résonnent-ils en chacun de nous car tous nous sommes confrontés à la maladie, touchant notre corps ou celui de nos proches.
Et ce matin, vous qui affrontez la maladie ou les difficultés de la vieillesse, vous demandez à recevoir le sacrement des malades. Qu’est-ce que ce sacrement que vous allez recevoir ? Est-ce que c’est le signe que la mort est proche, que la maladie a gagné mais qu’on fait quand même une petite prière ? Est-ce le signe que Dieu vient réconforter notre esprit, lorsque notre corps ne peut plus nous porter ou lorsque notre corps connaît des difficultés ?
Le sacrement des malades, l’onction des malades, ce n’est pas cela, et c’est bien plus que cela. C’est un sacrement profondément enraciné dans les innombrables guérisons de malades qui jalonnent l'Évangile et même dans toute la Bible, toutes ces guérisons qui sont autant de signes pour les hommes que Dieu les rejoint dans leur maladie. C'est aussi, comme le dit Jésus, un signe des temps messianiques et de l'avènement du Royaume.
Le sacrement des malades manifeste quelque chose de particulier dans le salut de Dieu. Ce salut apporté par le Christ ne s'adresse pas seulement à l'esprit et au cœur, mais intéresse également le corps, comme les prémices de la résurrection des corps.
Le sacrement des malades est la rédemption du corps et la rédemption par le corps.
Toutes nos souffrances, toutes nos maladies, toutes nos infirmités sont portées par le Christ sur la Croix. Sur la Croix, le Christ se fait le plus proche possible de nos souffrances en recevant la souffrance injuste et douloureuse de la Passion et de la mort. C’est par les souffrances du Christ que nous pouvons porter nos souffrances.
Comme l’écrit saint Pierre dans sa Première lettre, « Le Christ lui-même a souffert pour vous et vous a laissé son exemple afin que vous suiviez ses traces (…) Dans son corps, il a porté nos péchés sur le bois de la croix, afin que nous puissions mourir à nos péchés et vivre dans la justice : c'est par ses blessures que vous avez été guéris ».
Le Christ, en souffrant, « prend sur lui nos infirmités et se charge de nos maladies », et la puissance de sa résurrection nous apporte une grâce de réconfort. Cette grâce va parfois jusqu'à nous guérir, comme une ébauche et un signe avant-coureur de la résurrection de notre chair.
Le Christ donne un sens à notre souffrance en unissant à la sienne pour le salut du monde, nous faisons ainsi participer à son offre de rédemption, en « complétant dans notre chair ce qui manque à la passion du Christ pour son corps qui l'église. »
Porter sa croix, ce n’est pas aisé, mais le Christ est là pour nous y aider. Porter sa croix, on ne le fait pas « allègrement », comme le dit Michel Delpech, mais c’est pour autant en la portant que nous vivons avec le Christ ce chemin. Ce chemin est une passion, mais c’est aussi la voie vers la Résurrection.
Comment porter sa croix dans notre vie ?
D’abord en étant entouré, par nos familles, nos amis, des membres des mouvements de santé de l’Eglise… tous ces petits Simon de Cyrène qui aident le souffrant à porter la Croix. Et puis, on peut porter sa Croix en demandant au Christ de la porter avec nous et en nous… par la prière. La prière est la relation intime du croyant avec son Dieu, ce dialogue de l'homme à Dieu et de Dieu à l'homme qui me permet de tout déposer aux pieds du Seigneur et de tout recevoir de lui, qui permet humblement de se situer en face de notre Seigneur et de lui dire qu'avec lui nous pouvons tout et que sans lui nous ne pouvons rien.
Regardez Jésus, le fils de Dieu fait homme, dans sa vie publique, dans sa mission, eh bien Jésus prenait le temps d'abord de prier. C'est réconfortant pour nous de voir que même Jésus a besoin d'entretenir cette relation avec son Père avant la mission. Nous avons tous besoin de l'oxygène de la prière comme le publicain dans l'Évangile qui se présente devant Dieu en lui demandant d'avoir pitié de lui, c'est-à-dire qu’humblement il se situe face à Dieu et reconnaît que sa vie et son salut viennent de Dieu seul.
Ailleurs dans l'évangile Jésus nous apprend, si l’on peut dire, le "contenu" si l'on peut dire, de la prière (quand vous priez dites Notre Père). Ici c’est dans la manière, humble, à genoux, pauvrement, les mains ouvertes pour offrir sa pauvreté et recevoir les richesses de Dieu... Encore que dans la prière la forme et le contenu ne sont jamais trop séparés, car, lorsque l'on dit 'Notre Père', on se met humblement comme un enfant dans les bras de son père.
Peut-être certains d’entre nous sont-ils trop fatigués, trop malades pour trouver la force de prier. Alors, je vous laisse cette prière d'un père jésuite du XXe siècle, une sorte de prière pour ceux qui ne savent pas prier, pour ceux qui n’ont pas la force de prier, une prière pour que Dieu vienne vivre, jour après jour, notre chemin de Croix et le faire advenir jusqu’en sa Résurrection.
« Nous t’en prions, Dieu de grâce et de vie éternelle, augmente et affermis en nous l’espérance, donne-nous cette vertu de ceux qui sont forts, cette force de ceux qui sont confiants, ce courage de ceux qui sont inébranlables. Et c’est ainsi que nous aurons le courage d’affronter les tâches de notre vie, que nous vivrons dans la joyeuse confiance de ne pas travailler en vain, et que nous travaillerons en sachant que toi, sans nous quand nos forces défaillent, tu accomplis la gloire et ton salut, toi, en ta grande sollicitude. Affermis en nous ton espérance. » (Karl Rahner)
Thomas Poussier