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CATECHISME, ON DIT QU'ILS NE SAVENT RIEN !

  • PAROISSE DE MARTIGUES

Forum de Mgr Christophe DUFOUR , archevêque d’Aix-en-Provence et Arles, président de la commission épiscopale de la catéchèse et du catéchuménat, paru dans La Croix du 20 septembre 2011

 

La Croix 

 

Le temps de rentrée scolaire est dans les paroisses celui de la rentrée des catéchismes. Et l’on entendra les catéchistes chevronnés se lamenter en disant : « Ils ne savent plus rien ! »

 

La transmission de la foi serait-elle en panne ?

 

Les obstacles ne manquent pas. Transmettre la foi chrétienne dans notre société sécularisée, tel est bien le défi du catéchisme aujourd’hui.

 

Nous vivons une crise de la transmission. Tous les observateurs sont unanimes pour diagnostiquer une rupture dans la chaîne des générations.

 

Le progrès des moyens de communication devrait favoriser la transmission, mais c’est le contraire qui semble se produire.

 

De plus en plus rapides et performants, ces moyens devraient élargir l’espace ; en fait, ils le réduisent en l’éclatant.

 

Ils devraient donner du temps ; en fait, ils le contractent, et nos anciens pourraient dire avec raison : « Vous avez la montre, mais nous avons le temps. »

 

Ils devraient offrir le savoir ; mais en le spécialisant, ils en rendent difficile la synthèse, ils le complexifient et le relativisent ; à chacun sa vérité, dira-t-on !

 

La crise de la transmission fragilise le socle de la foi en la vérité et obscurcit la voie de la sagesse.

 

L’Église n’échappe pas à cette crise générale de la transmission. Mais cette crise n’est pas seulement une crise de la transmission des savoirs.

 

La culture a de profondes racines chrétiennes. Les églises et les croix marquent les paysages, l’art chrétien est omniprésent et le patrimoine religieux est majoritairement hérité du christianisme.

 

Le fait religieux lui-même est aujourd’hui enseigné et le christianisme est inscrit dans les programmes scolaires.

 

Ainsi on ne peut pas dire que les jeunes générations ne savent pas. Elles connaissent mais ne sont pas initiées.

 

Elles ont acquis des savoirs morcelés sur la religion chrétienne, mais n’en ont pas touché le cœur.

 

La crise de la transmission est aussi une crise de l’initiation. Transmettre par héritage ne suffit plus.

 

Le défi est celui de la transmission par initiation.

 

Pour faire face à la crise de la transmission, les évêques ont choisi de revenir au souffle des origines, celui du chemin initiatique proposé aux adultes qui demandent à devenir chrétiens.

 

Nous avons choisi la « pédagogie d’initiation », écrivent-ils dans le texte d’orientation voté à Lourdes et qui a reçu l’approbation du Magistère romain.

 

Cette perspective renouvelle profondément la catéchèse, notamment la manière dont elle transmet le contenu de la foi de l’Église.

 

La connaissance de ce contenu passe par les apprentissages fondamentaux que sont la prière et la lecture priée de l’Écriture, la pratique éclairée de la liturgie et des sacrements, la vie communautaire et la charité fraternelle, dans le « milieu nourricier » de l’Église.

 

C’est certainement ce qui fait la richesse des catéchèses proposées aux jeunes à l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse ; elles s’inscrivent dans un écosystème riche de prière, de liturgie et de charité.

 

En parlant de la transmission de la foi, saint Augustin faisait une distinction éclairante entre la foi que l’on croit et la foi par laquelle on croit. L’une ne va pas sans l’autre.

 

Et dans une conférence sur la catéchèse à Paris en 1983, le cardinal Ratzinger estimait quant à lui qu’un vrai renouveau de la catéchèse passait par le juste rapport entre méthode et contenu, expérience et foi :

 

« Il est clair que foi sans expérience ne peut être que verbiage de formules creuses. Il est inversement tout aussi évident que réduire la foi à l’expérience ne peut que la priver de son noyau. »

 

Quels fruits portera cette recherche d’un renouveau de la pratique de la catéchèse en France dans notre société sécularisée ?

 

Nous faisons nôtre l’acte de foi de Benoît XVI dans l’avion qui le conduisait cet été à Madrid :

 

« On ne peut pas dire tout de suite qu’une grande croissance de l’Église reprendra dès demain. Dieu n’agit pas ainsi. Mais la croissance – une grande croissance – se fait en silence. Nous avons confiance en cette croissance silencieuse. »

 

Saint Augustin faisait une distinction éclairante entre la foi que l’on croit et la foi par laquelle on croit. L’une ne va pas sans l’autre.

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