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ET ON FAIT QUOI MAINTENANT ?

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« Et on fait quoi maintenant ? » Cette question est  celle de toute cette semaine dans l’actualité bien sûr, mais aussi dans le temps liturgique et il est bon de nous laisser interpeller par le temps liturgique. Nous sommes, depuis lundi, entrés dans le temps ordinaire. Nous avons quitté le temps de Noël, temps de manifestation de Dieu, de sa présence, de son mystère, de notre mystère aussi.

 

Dieu né, Dieu manifesté, Dieu baptisé. Jésus est le Verbe de Dieu, et, à Noël, le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire. 

 

Et maintenant, on fait quoi ? Eh bien, nous suivons le Christ, qui va  et vient, devant nous. Aller à la suite du Christ, c’est prendre, d’une certaine manière, sa suite. Suivre le Christ, prendre sa suite. 

 

Après le Verbe, vient la parole. Regardons l’Evangile d’aujourd’hui :

Jean vient de parler à ses disciples en leur disant ceci : « Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. » La parole avait préparé la venue du Verbe, durant l’Avent, Jean le Baptiste annonçait le Christ qui devait venir « Voici  celui  qui  vient » et maintenant la parole suit l’œuvre du Verbe : «Voici l’Agneau de Dieu », comme une invitation à suivre  le  Christ,  non  plus seulement  à l’attendre, mais  bien  plus,  le suivre, lui qui sauve le monde. 

 

D’une  certaine  manière,  dans le  temps  ordinaire  qui suit  Noël,  nous sommes dans le temps de la Parole. La Parole, c’est celle des prophètes, et le plus grand d’entre eux est Jean Baptiste. La Parole, c’est toute la Bible, qui recueille l’ensemble de ce que Dieu, par la voix et les talents des hommes, a voulu mettre par écrit de son mystère et de notre Histoire sainte. La Parole, c’est aussi l’Eglise, le Christ continué. Sur la pierre angulaire qu’est le Christ nous avons l’Eglise qui est son porte-parole, et elle est en même temps sa parole pour tous les hommes de notre temps, croyants ou non. L’Eglise parle, invite, comme Jean-Baptiste, à suivre le Christ, le seul sauveur. L’Eglise reprend sans cesse cette invitation de Jésus « Venez et vous verrez ». 

 

Mais que verrons-nous ? Ce que nous verrons, c’est que cette parole, elle est comme le Verbe, elle se fait chair. La Parole se fait chair. Relisons le 1er livre de Samuel : « Samuel grandit. Le Seigneur était avec lui, et il ne laissa  aucune  de  ses  paroles  sans  effets ». On aimerait tant que cela se passe  comme  cela  pour  nous :  que  Dieu  nous  parle  et  que  nous  lui répondions, que nous ne laissions aucune de ces paroles sans effets. Dieu continue de parler ; il a parlé de toute éternité, il n’y a pas de raison pour qu’il s’arrête de parler aux martégaux en 2015 ! Alors demandons à Dieu non pas qu’il nous parle, mais que nous l’entendions (Seigneur, aide moi à t’écouter !). Mais il nous faut pour cela ouvrir le livre de la Parole. Qui parmi  vous  cette semaine  a  pris  un  temps  de  prière avec sa  Bible ?

 

Comme pourrait le dire Jésus  « Si  vous  ne lisez pas  la Parole,  vous n’aurez pas la vie en vous »

Ensuite, après avoir demandé à Dieu qu’il nous parle et qu’on l’écoute, comme  Samuel,  « Seigneur, aide  moi à  mettre  en  pratique ta Parole, aide-moi à te suivre concrètement jour après jour ». 

 

La parole, ce n’est pas que du son, la parole, si on la prend au sérieux, c’est  une  invitation  pressante, brûlante, à s’engager !  Il y a quelques temps, un petit livre faisait fureur « Indignez-vous », mais l’indignation n’a qu’un temps, l’engagement au contraire est dans la durée. « Engagez-vous ! », voilà l’invitation de la Parole, voilà le maître  mot de la foi chrétienne, que nos paroles ne soient pas du vent, mais, qu’avec Dieu, elles prennent chair. 

 

Regardons comment les disciples se mettent en mouvement. Ils écoutent la parole, puis leur corps suit. Il ne suffit pas d’entendre « Voici l’Agneau de Dieu » ou « Venez et voyez », il nous revient de mettre notre corps en mouvement,  que  la parole  engage le  mouvement du  corps  et  qu’elle réalise alors ce que Dieu veut pour nous. Il veut que nous venions et que nous voyions. Venir à sa suite pour, à sa suite, que notre vie prenne chair, qu’elle s’enracine dans la charité, dans ce qui demeure éternellement.

 

Rappelez-vous  ce  que  disait  saint  Pierre  dans  les  Actes  de  Apôtres : « Jésus  de  Nazareth,  Dieu  lui  a  donné  l’onction  d’Esprit  Saint  et  de puissance. Là  où il passait, il faisait le  bien ». Nous aussi, Dieu nous a donné par le baptême l’onction d’Esprit Saint et de puissance et nous aussi, là où nous sommes, nous sommes invités à faire le bien. Que le bien prenne chair dans nos actes, pas seulement la bonne volonté, mais aussi les actes. 

 

C’est une tâche ardue, c’est l’aventure de la sainteté. Sur ce chemin de sainteté, notre plus sûr compagnon, c’est le Christ qui se donne à nous, notamment dans les sacrements. Et voyez comment les sacrements, rien que dans leur célébration nous disent comment vivre à la suite du Christ.

Un sacrement, c’est une parole efficace, une parole qui prend corps, qui réalise ce qu’elle annonce. Bien sûr nous pensons à l’Eucharistie « ceci est mon Corps », et nous recevons vraiment le Corps du Christ, mais cela est valable aussi dans tous les sacrements. 

 

Prenez le mariage, où non seulement sont échangées des paroles, mais aussi des corps. Dans le mariage, le corps des époux dit ce qu’ils ont dit avant. Dans les relations conjugales, comme lors de la célébration, le corps de l’un dit à l’autre : je me donne à toi et je te reçois... et la parole du sacrement prend chair, elle s’accomplie dans l’union des corps. Et non seulement la parole du sacrement prend chair, mais plus encore, elle porte du fruit. Comme nous l’écrit saint Paul « rendons  gloire  à  Dieu dans notre corps ». 

 

L’action est constitutive de la Parole et l’action, la belle action, doit être le cœur de notre vie... y compris si nous sommes diminués par l’âge ou la maladie, parce que la première des actions, elle se passe dans notre cœur, dans la prière. Nous prions ce dimanche pour le corps blessé de l’Eglise, avec une attention particulière aux réfugiés, nous prions pour la fin des divisions des chrétiens, qui déchirent le corps du Christ. Et c’est avec ce corps brisé et broyé que nous nous tournons vers Dieu. Même si la  maladie ou  d’autres  circonstances peuvent diminuer nos capacités, dont notre capacité à prier, il nous reste toujours quelque chose à faire.

 

Donner à l’autre une parole qui apaise, qui soigne, qui relève, qui invite, qui donne un chemin, une vérité, la vie. 

 

Comme le Christ, passons notre vie à faire le bien.

 

Thomas Poussier

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