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MEDITATION SUR L'ASCENSION

  • PAROISSE DE MARTIGUES
  • HOMELIES

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Il y a quelques jours, sur le site Internet de la paroisse, il y avait un petit dessin humoristique pour illustrer la fête de l’Ascension. Sur ce dessin on voit un personnage, sans doute un apôtre, les yeux écarquillés et la tête en l’air. A côté de lui, un ange lui dit : « Pourquoi rester à regarder le ciel ? » Et cet ange lui indique du même coup une pancarte  sur laquelle il est inscrit : « maintenant, au travail ! »

 

Le message du dessinateur est clair : il y a un avant et un après Ascension. Avant, le Christ a partagé la vie des hommes, mangeant et buvant avec eux, marchant sur les chemins de Galilée avec eux, priant avec eux. Bien sûr, l’événement pascal, la mort et la résurrection de Jésus, chamboulent complètement non seulement la vie des disciples, mais aussi leur foi en Dieu. Mais pour autant, depuis la résurrection et jusqu’à l’Ascension de Jésus au ciel, le Christ avait continué à vivre avec eux, leur parlant du Royaume, comme avant, comme avant la Pâque. Puis vient le moment de l’Ascension, que Jésus n’avait pas annoncé, à la différence de la triple annonce de sa passion et de sa résurrection. Face à cet événement inouï, on peut comprendre que les disciples soient un peu perturbés et qu’ils restent avec l’air hagard d’un muge qu’on sortirait de l’étang, les yeux en l’air, en se demandant ce qui vient de se passer.

 

Ce qui vient de se passer, c’est non seulement la fin d’une présence particulière de Dieu sur terre, mais c’est aussi un début. La mission des apôtres commence pleinement. Chargés d’annoncer le Christ par toutes les nations, et de baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, les apôtres sont pleinement investis de leur mission.

 

Que se passe-t-il le jour de l’Ascension ? Le Christ part, et a priori c’est une sorte d’abandon, mais en fait non, car il disait peu de temps avant : « je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Il est avec nous, il reste avec nous, mais d’une autre manière. Si vous me permettez cette image, je pense que le Christ « coupe le cordon ». Vous savez, ce cordon ombilical qui relie le bébé à sa mère, qui fait que pendant la grossesse le bébé peut vivre. Mais une fois né, c’est-à-dire une fois installé dans la vie, il n’a plus besoin du cordon. Alors bien sûr la présence de sa mère, de son père sera nécessaire à l’enfant dans cette vie pour croître et pour vivre, mais plus avec un cordon, il est établi dans sa liberté. Bien sûr nous ne sommes pas coupés de la relation à Dieu, mais nous la vivons d’une autre manière. Notre liberté n’est pas de vivre comme une feuille morte au gré du vent mais de vivre une liaison à Dieu qui nous libère parce qu’elle nous fait devenir nous-mêmes. C’est ce que les disciples vivent le jour de l’Ascension, ils sont établis dans leur mission d’apôtre, le Christ en eux, avec eux, devant eux et à leur côté comme dit saint Patrick.

 

C’est là que l’événement de l’Ascension nous rejoint dans notre vie, dans notre relation au Christ, à Dieu : nous avons reçu la foi de nos parents, de nos grands parents, peut-être parfois aussi d’amis… Recevoir la foi et grandir dans la foi au début cela suppose d’être nourri, aidé, guidé, éduqué, mais ensuite, comme l’oisillon au bord du nid, il faut prendre (ou pas) son envol ! Un chrétien ne peut se passer de faire son acte de foi et de se jeter dans les bras de Dieu… sinon il reste un croyant du bord du canal qui regarde passer les bateaux… Comme le Christ qui monte auprès du Père, le chrétien est appelé à prendre son envol, à faire le saut de la foi et à vivre de cette foi.

 

Que nous soyons au collège, au lycée, à l’âge d’être parents, grands-parents ou arrière-grands-parents, nous sommes tous invités par le Christ à nous lancer, et vivre notre vie à sa suite, à vivre pleinement notre vie. Comme le disait le pape François la semaine passée, il ne faut « pas céder à la tentation d’être des hommes et des chrétiens de façon superficielle, mais à vivre de manière responsable, à tendre toujours vers le haut. »

 

Toujours tendre vers le haut… il n’y a pas d’âge pour cela ! Il n’y a pas d’âge pour sortir du nid, c’est-à-dire s’ouvrir à la vie de Dieu en plénitude… Pas d’âge pour faire tel ou tel saut dans la foi que nous n’avons pas encore fait. Alors bien sûr ce n’est pas évident, nous avons besoin de l’aide de Dieu, nous avons besoin de nous appuyer en confiance sur lui : « Seigneur, viens en aide à mon peu de foi ! Ne me lâche pas dans l’épreuve, conduis-moi, aide-moi à aimer, espérer et croire. »

 

Demandons, et nous recevrons. Aujourd’hui le Christ se donne autrement. Il continue sa mission au ciel, il se tient maintenant pour nous devant la face de Dieu ; il nous aide, par sa présence dans son Eglise, dans ses sacrements… Cette forme de présence de Dieu nous incite à agir, à œuvrer dans le monde pour que le monde voie la lumière du Christ qui brille en son cœur. La grandeur de Dieu se manifeste dans la faiblesse de ses disciples, de ses apôtres… nous sommes une belle bande d’éclopés, de boiteux, mais en nous appuyant sur le Christ nous pouvons trouver la force de parcourir la terre entière pour annoncer la vie que Dieu nous offre !

 

La fête de l’Ascension est une invitation à vivre notre vie à fond, sans rien retenir, car tout ce qui sera gardé pour nous ne nous élèvera pas, ne produira aucun fruit. Nous sommes invités à nous consumer d’amour pour le monde, comme le disait le père Jacques Sevin ; nous sommes invités à aimer, à tout donner, à nous donner nous-mêmes, comme le disait saint Thérèse de Lisieux.

 

Recevons maintenant le Corps de notre Seigneur, ce Corps qui nous est donné pour nous élever vers lui. Accueillons dans notre vie ce Pain venu du ciel, cette présence de Jésus qui descend en nous pour nous rapprocher de notre Père et de nos frères.

 

Thomas Poussier 

 

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