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QUI S'ELEVE SERA ABAISSE, QUI S'ABAISSE SERA ELEVE

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Homélie du 24 octobre 2010 : 30ème dimanche ordinaire C :

Si35,12-14.16-18 ; Ps33; 2Ti 4,6-8.16-18; Lc 189-14

 

Depuis plusieurs dimanches Jésus, par l’Evangile de Luc, nous enseigne en paraboles.

 

Il peut être intéressant de s’interroger sur ce qu’est une parabole car ce n’est pas un mode d’expression très commun dans notre civilisation occidentale.

 

Lorsque  l’on jette une boule de papier froissé vers une corbeille, elle décrit une course dans l’air qui a une forme de parabole mais cela préoccupe  assez peu le lanceur tout à son désir que son projectible atteigne son but, la corbeille à papier.

 

Il en est de même des paraboles de Jésus qui ont pour but de faire passer un message bien précis, la parabole ne servant que de vecteur, de pense bête pour que ce message reste gravé en nous.

 

Si nous revenons à notre pharisien et à notre publicain le but de Jésus n’est certainement pas d’opposer deux classes de la société.

 

Ce pharisien ne triche pas et a, en fait, beaucoup de qualités, voire de mérites et ce publicain a certainement de vrais défauts  et son attitude de repentance ne peut être réelle que si elle est suivie d’effet.

 

Alors que manque t-il au pharisien que possède le publicain ?

 

La disponibilité de cœur, l’humilité.

 

Mais nos deux personnages ne doivent pas nous faire oublier que la Parole de Dieu qui nous est adressée à travers cette parabole est pour aujourd’hui.

 

Il y a certainement en nous du pharisien  et nous pouvons nous interroger : qui est mon publicain ? 

 

Celui à qui j’attribue une vie mauvaise, celui qui professe une autre religion ou pas de religion, celui que j’évite parce qu’il ne pense ou n’est pas comme moi ?

 

Celui que je fais attendre en pensant que mon temps est plus précieux que le sien ?

 

En fait  tous ceux à qui je laisse entrevoir par mes actes ou paroles, j’ai de la chance de ne pas être comme eux...

 

« Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé » la pointe de notre parabole peut engendrer des mauvaises interprétations (ne dit-on pas «  les catho disent amen à tout »), l’abaissement en forme de servilité ne mène pas forcément au royaume de Dieu.

 

Il suffit d’entendre Paul en prison qui écrit à son  disciple Timothée pour s’en convaincre: « je me suis bien battu, j’ai tenu jusqu’au bout de la course, je suis resté fidèle. Je n’ai plus qu’à recevoir la récompense du vainqueur. » (alors Paul  a-t-il une attitude de pharisien ? non parce qu’il reconnaît sa contingence totale au Christ qui le fera entrer dans le royaume de Dieu. Dieu entend mais suscite aussi des forces pour vaincre).

 

Car la charnière  de notre parabole est  dans cette reconnaissance, avant tout, de la précarité de notre condition humaine.

 

Toutes nos prières, nos pensées, nos actes peuvent être précédés et accompagnés par cette louange auquel le psaume nous a introduit :

 

« Je bénirai le Seigneur en tout temps sa louange sans cesse à mes lèvres ».

 

Le Seigneur regarde, il écoute, il est proche, il sauve, il rachète (psaume alphabétique).

 

Et le texte de Jésus Ben Sirac explicite cette nécessité de reconnaître le don de Dieu, de se mettre en état de pauvreté devant Dieu qui ne fait pas de différence entre les hommes qui se présentent à lui le cœur ouvert et accueillant, personne n’est indigne devant Dieu.

 

J’ai reçu un témoignage très fort de cette attitude juste, ajustée vis-à-vis de Dieu, lors du voyage que nous venons de faire en Syrie.

 

A 80km au nord de Damas, dans un désert de pierres, est un monastère (Deir Mar Moussa) au bout d’une petite route sur le flanc d’une montagne. I faut monter  400 marches  pour l’atteindre et arriver à une terrasse qui surplombe le désert et où l’on vous sert le thé et le pain local.

 

Nous rencontrons le père Paolo Dall’Oglio, jésuite, fondateur et responsable de la communauté, présent sur le lieu depuis 30 ans. Il nous explique en quelques mots sobres comment il a rebâti le monastère en ruine, restauré les fresques de l’église du XIème siècle dans ce pays à majorité musulmane. Il nous dit  surtout comment il y a fondé une communauté œcuménique mixte, tournée vers le dialogue islamo chrétien et l’accueil inconditionnel et dont il vient d’avoir la reconnaissance par Rome.

 

Il nous dit une vie donnée d’un amoureux de l’Islam croyant en Jésus Christ. Il nous dit aussi que sa communauté  comporte une dizaine de personnes dont 3 encore novices, il nous dit surtout en toute simplicité que l’accueil de nombreux jeunes dans  sa communauté a pour le moment suscité plus de vocations matrimoniales que monacales mais que la communauté continue à porter dans la prière ces couples dont les membres ont habité ces lieux pour des périodes plus ou moins longues.

 

Quelques versets supplémentaires de notre psaume qui ne sont pas dans nos lectures de ce jour :

 

05 Je cherche le Seigneur, il me répond : de toutes mes frayeurs, il me délivre.

 

06 Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage.

 

09 Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! Heureux qui trouve en lui son refuge !

 

Pierre Laurent

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